Scène de Madonna effondrée à Marseille : des amendes et des peines de prison avec sursis
Le tribunal correctionnel a relaxé mercredi trois prévenus et en condamné quatre autres à des peines allant jusqu’à 2 ans de prison avec sursis, pour l’effondrement mortel de la scène prévue pour un concert de Madonna en 2009 à Marseille. Ils étaient poursuivis pour homicides et blessures involontaires.
En s’effondrant comme un château de cartes, le 16 juillet 2009, sur la pelouse du stade Vélodrome de l’Olympique de Marseille, le toit de la scène du concert de Madonna, prévu trois jours plus tard, avait fait deux morts, Charles Criscenzo, un Français de 52 ans, et Charles Prow, un Anglais de 23 ans. Huit autres ouvriers avaient été blessés, dont l’un s’est suicidé deux ans plus tard.
« Je suis soulagé, libéré », lâche Julien Pascal, l’un des cordistes juchés dans ce gigantesque mikado métallique lors du drame : « J’espère juste que ça va mettre un peu de plomb dans la tête des tourneurs, on est encore trop souvent considérés comme des pions ! », explique-t-il à l’AFP après le délibéré.
La rentabilité au détriment de la sécurité
Certes le tribunal correctionnel de Marseille n’a pas été jusqu’à prononcer de la prison ferme, restant en-deçà des réquisitions du parquet, qui avait notamment demandé un an ferme pour Tim Norman, le patron d’ESG, l’entreprise anglaise propriétaire de la scène et chargée de son montage, finalement condamné à deux ans avec sursis et 15 000 euros d’amende.
Mais la présidente du tribunal, Marie-Pierre Attali, a été claire : « Le fonctionnement des entreprises a été marqué par la rentabilité au détriment de la sécurité. Si tout avait été mis en oeuvre conformément à la loi, l’accident ne serait pas arrivé, en tout cas il n’y aurait eu aucun blessé. »
Ce jour-là, sur la pelouse du stade Vélodrome, « on était plus dans le montage d’un cirque sur une place de village qu’à celui de la scène d’une tournée mondiale », avait accusé l’un des deux procureurs, Michel Sastre, à l’audience, en octobre.
Deux entreprises condamnées à des amendes
Après quatre mois de délibéré, le tribunal correctionnel de Marseille a prononcé la peine la plus sévère contre Jacqueline Bitton, alias Jackie Lombard, 73 ans, alors présidente de Live Nation France, la filiale française du géant américain de l’organisation de concerts. Elle a écopé de deux ans d’emprisonnement avec sursis, de 20 000 euros d’amende et de deux ans d’interdiction d’exercer sa profession.
Les deux autres prévenus condamnés sont Mathieu Anton, 43 ans, gérant de Tours Concept France, l’entreprise chargée d’assister ESG et pour qui travaillaient neuf des dix victimes, et le Britannique Scott Seaton, 50 ans, le chef d’équipe recruté pour ce chantier par ESG : ils ont respectivement écopé de 18 mois et un an de prison, à chaque fois avec sursis. Mathieu Anton devra en outre verser une amende de 10 000 euros.
Les trois prévenus relaxés sont les deux autres cadres d’ESG en cause, Steve Richards et Jeffrey Burke, ainsi que Gérard Billia, alors dirigeant de Mediaco, l’entreprise marseillaise propriétaire de la grue impliquée dans l’accident.
Parmi les entreprises appelées sur le banc des prévenus, Live Nation France et Tours Concept France ont été condamnées à des amendes de respectivement 150 000 et 50 000 euros.
Un dossier très technique
Dans ce dossier très technique, les experts judiciaires avaient affiché une certitude lors du procès : la chute du toit a été la conséquence directe du mauvais placement de l’élingue utilisée par la grue pour hisser l’un des angles du toit, après la panne de deux treuils. Ce câble aurait entraîné la rupture brutale d’une des poutres métalliques puis se serait déchiré, entraînant l’écroulement de l’ensemble de la structure.
Se déclarant « contraint » de faire appel face aux « aberrations juridiques » de ce verdict, Eric Morain, l’avocat de Jacqueline Bitton, a dénoncé « la mort sociale » infligée à sa cliente en lui interdisant de travailler pendant deux ans. Et de rappeler au passage que c’est elle qui est supposée organiser le prochain concert de Céline Dion en France.
Madonna, 50 ans à l’époque de l’accident, n’avait pas répondu à la convocation du juge d’instruction, expliquant ne pas avoir été impliquée dans le volet technique du montage de la scène et n’avoir jamais demandé de la monter plus rapidement. Elle avait présenté ses condoléances aux familles des victimes. Le concert avait été annulé.
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