"Que ce concert ravive des sentiments positifs !" : la soprano star Pretty Yende s'apprête à faire la réouverture du Théâtre des Champs-Elysées
Après un dernier passage – écourté par la pandémie – en mars 2020 à l’Opéra Bastille dans Manon, Pretty Yende revient à Paris le 19 mai pour célébrer la réouverture du Théâtre des Champs-Elysées. La jeune soprano sud-africaine découverte dans La Traviata à Garnier en 2019 sera aux côtés du ténor Benjamin Bernheim, pour un récital au répertoire varié et riche, entre souvenirs et nouveautés. Elle enchaînera peu après – dès le 15 juin – sur La Somnambule de Bellini dans la même salle. A la veille de la réouverture, la chanteuse a répondu à nos questions.
Franceinfo Culture : mercredi, vous donnez un récital avec Benjamin Bernheim au Théâtre des Champs-Elysées. Comment avez-vous préparé votre grand retour ce 19 mai, date fatidique ?
Nous avions prévu ce récital avant la pandémie. Quand le coronavirus est arrivé, nous avions déjà planifié toute notre programmation. Et pourtant, le destin a fait que notre représentation du 19 mai, à Benjamin et moi, se fasse le jour où toutes les salles rouvrent à Paris !
La pandémie a mis les artistes dans une grande insécurité. Je me suis posé plein de questions au cours de l’année : pourrais-je chanter à nouveau ? Les salles vont-elles rouvrir ? J’étais troublée, anxieuse, souvent déçue… Mais cette fois-ci, on nous annonce que nous pouvons vraiment sortir et célébrer la musique avec le public parisien ! Je chante en plus d’habitude à l’Opéra de Paris, à Bastille et à Garnier. Mais cette fois-ci c’est au théâtre des Champs-Elysées ! Quel honneur ! (en français, alors que la conversation se déroule en anglais, NDLR).
Aussi, j’ai une très bonne relation avec Benjamin, nous formons un beau couple. Nous étions en duo dans La Traviata à l’opéra Garnier et ensuite pour Manon à Bastille. C’est un bonheur de chanter à nouveau avec lui et faire ce récital ensemble est une belle manière de remonter sur scène.
Comment avez-vous vécu la pandémie ? Avez-vous pu continuer à chanter ?
Pretty Yende : Quand la pandémie a été annoncée, j’étais ici, à Paris, en mars. Nous étions en train de jouer Manon de Massenet à l’Opéra Bastille. Nous avons dû arrêter les représentations qui venaient à peine de commencer et j’ai pu rentrer chez moi, auprès de ma famille, avant que l’Europe ne soit confinée. Financièrement, cette année a été difficile mais j’étais au moins entourée de mes proches qui se sont vraiment bien occupés de moi. Je suis quand même restée cinq mois à la maison sans chanter. C’était dur parce que la musique représente une grande partie de ma vie, de mon identité. Mon âme était affamée, elle se sentait piégée parce que je ne pouvais plus m’exprimer sur scène.
Mais j’ai eu beaucoup de chance ensuite car j’ai pu revenir dès le mois de septembre pour chanter au Wiener Staatsoper (l’Opéra national de Vienne). Je suis aussi allée à Barcelone en décembre pour interpréter La Traviata. Donc finalement, je fais partie de ces rares personnes qui ont pu un peu travailler pendant la pandémie.
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué ?
Ce qui m’a le plus manqué, c’est mon public, bien sûr ! Il me manque tellement. Son étreinte me manque. Être sur scène, avec les émotions que procurent la musique et la magie de ces moments si spéciaux me manque. Ces instants de partage entre les artistes et leurs publics sont uniques et précieux. J’ai vraiment hâte de remonter sur scène pour les retrouver.
Pour le récital du 19 mai, vous avez choisi des airs de « Roméo et Juliette » de Gounod et de « La Traviata » de Verdi, de grandes émotions en perspective…
Oui, nous avons voulu rassembler le plus beau répertoire possible pour créer les plus belles émotions. Nous voulions que ce concert incroyable ravive ces sentiments positifs qui ont manqué depuis un an. Quand Benjamin m’a proposé ce répertoire, je lui ai dit : bien sûr, pourquoi pas ? Il y aura de l’émotion mais aussi des souvenirs. J’interpréterai des morceaux de La Traviata que j’ai chantés à mon dernier passage à Paris. D’autres choix se sont imposés comme des airs du répertoire de Manon, que nous n’avons pas pu suffisamment présenter. Je voulais aussi que ce récital apporte de la nouveauté.
Je vais chanter pour la première fois L’air de Marguerite de Faust. J’ai fait ce choix parce que j’ai envie d’explorer et d’étendre mon répertoire. Nous avons donc fait un mélange de toutes ces beaux airs qui, nous le savons, ont tant manqué au public.
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