Malgré la réussite du concert-test de Barcelone, les chercheurs incitent à la prudence

Les résultats rassurants du premier concert-test européen, réalisé à Barcelone en décembre, sont difficilement extrapolables pour la réouverture de ce secteur culturel, en raison des « conditions strictes » dans lesquelles il a été réalisé, préviennent les chercheurs dans une étude publiée vendredi 28 mai. Les conclusions de l’étude du Lancet tombent la veille du concert-test français, qui se déroulera samedi 29 mai à l’AccorHotels Arena de Paris avec le groupe Indochine. 

A Barcelone, près de 500 spectateurs avaient assisté, masqués, à un concert sans distanciation physique et aucun cas positif n’avait été détecté parmi les tests PCR réalisés huit jours plus tard (contre deux dans le groupe témoin), avaient annoncé les chercheurs début janvier.

Un contexte local particulier

L’article présenté dans la revue britannique The Lancet Infectious Diseases est la version publiée et revue par d’autres scientifiques indépendants de ces premiers résultats. « Notre étude apporte de premières données montrant que des événements musicaux en intérieur peuvent se tenir sans augmenter le risque de transmission du Sars-CoV-2 lorsque des mesures de précaution sont prises, mais (…) (elle) ne signifie pas nécessairement que tous les grands rassemblements soient sûrs », avertit le docteur Josep Maria Llibre, de l’hôpital Germans Trias i Pujol de Badalone.

Il invite notamment à analyser les conclusions en fonction de la situation épidémique en Espagne à ce moment-là, marquée par un niveau de circulation du virus relativement faible. « Les paramètres de la pandémie changent en permanence. Les grandes campagnes de vaccination, les variations du taux d’incidence à un endroit donné et l’émergence de variants plus transmissibles du Sars-CoV-2 sont autant d’éléments qui peuvent avoir un impact » sur les résultats, ajoute-t-il, invitant à réaliser « davantage d’études » testant « différents scénarios et mesures qui prennent en compte le contexte local ».

Des « conditions strictes » difficilement reproductibles

Les chercheurs soulignent aussi que ce concert s’est tenu avec des « conditions strictes » (port de masque FFP2, agents de sécurité chargés d’éviter les mouvements de foule, ventilation optimisée), difficilement reproductibles lorsque le secteur de la musique vivante aura repris ses activités. Elles pourraient en particulier représenter « un coût prohibitif » pour certains organisateurs, tandis que « tester des milliers de personnes en quelques heures (…) constitue un défi logistique », reconnaissent-ils.

La même équipe avait réalisé un autre concert-test, de plus grande ampleur, le 27 mars, avec 5 000 spectateurs, et conclu à l’absence de signe de contagion, mais les participants n’avaient cette fois pas été systématiquement testés après.

D’autres pays ont mené des expériences semblables, pour tester les risques de contamination pendant un concert encadré par un protocole strict, notamment aux Pays-Bas début mars (1 300 personnes) et au Royaume-Uni le 2 mai (5 000 personnes sans masque). Le premier test de ce type aura lieu samedi 27 mai en France, avec 5 000 spectateurs testés négatifs au préalable et masque obligatoire.

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