Les rappeurs marseillais de 3e Œil reviennent après vingt ans d'absence
Beaucoup pensaient qu’ils s’étaient dissous : après vingt ans d’absence, 3e Œil, le groupe de rap français mythique des années 1990-2000, fait son grand retour jeudi 20 mai, avec l’ambition d’incarner un pont entre la vieille garde lyriciste et la nouvelle scène du rap. Ils sortent un titre, Soldat, avant un EP en juin.
Janvier 2002 : Jo Popo et Boss One, les deux membres du groupe marseillais 3e Œil, sortent leur deuxième opus Avec le coeur ou rien. Un deuxième album qui, comme le premier sorti en 1999, fait la part belle à des textes engagés sur la jeunesse des quartiers populaires.
Personne ne s’attend à ce que cet album soit le dernier avant une pause de près de vingt ans. Mais si les deux acolytes ont fait quelques apparitions remarquées sur différentes scènes de France durant cette longue pause, ils n’avaient plus rien sorti de nouveau. Au point qu’ils étaient nombreux, dans le monde du rap, à penser que le groupe s’était dissous.
La musique au second plan pendant vingt ans
« La musique était toujours présente dans nos vies mais elle était passée au second plan. On avait envie de se concentrer sur nos vies personnelles, construire une famille. Et ça, ça prend du temps », explique dans un entretien à l’AFP Jo Popo, Mohamed Moibioi de son vrai nom.
« On avait gardé dans un coin de notre tête l’idée de revenir mais ce n’était pas notre priorité », complète Boss One, alias Mohamed M’Sa, qui a repris son travail d’éducateur spécialisé dans des foyers pour mineurs à Marseille.
Pour ce retour, qui se fait d’abord avec la sortie du titre Soldat, avant la parution en juin d’un EP inédit, « tout a été quadrillé, on n’a pas laissé de place au hasard. C’est clairement la continuité de ce qu’on a fait jusqu’à aujourd’hui », détaille Boss One.
Des textes ancrés dans la réalité de Marseille
Un retour aux fondamentaux qui peut se résumer ainsi : des textes engagés ancrés dans la réalité de la deuxième ville de France, aux prises avec des thématiques comme la violence et la pauvreté. Des fondamentaux qui avaient valu aux deux hommes le surnom de « petits frères d’IAM », qui avait un temps été leur producteur.
A l’image de leurs tubes Hymne à la racaille (1999) ou Si triste (2002), devenus des classiques du rap tricolore. « Toucher des sujets qui sont quand même difficiles à mettre dans le rap, ça a toujours été notre marque de fabrique et ça le restera », prévient Jo Popo.
Pour autant, tous deux sont conscients des évolutions du rap, devenu la nouvelle variété, et dans lequel les « lyricistes » sont moins nombreux et commercialement moins populaires que les tenants d’un rap moins écrit, plus festif, et donc, in fine, moins militant.
Un pont entre entre la vieille et la nouvelle garde
« Nous on n’est pas là pour donner des bons ou des mauvais points. Le rap, et notamment le rap marseillais, fait de très bonnes choses. Plus que des grands frères on aimerait être un pont entre la vieille et la nouvelle garde », insiste Jo Popo.
Même s’il reconnaît que l’écriture et les attentes du public ne sont plus les mêmes aujourd’hui : « Les gens ont envie de se libérer, ils n’ont plus envie de parler des problèmes. Nous, on mettait les mains dans le cambouis et on va continuer à le faire parce que la spécificité du rap c’est d’être une musique engagée qui parle des problèmes sociaux. Aujourd’hui, on en parle moins, je trouve ça un peu dommage », poursuit-il.
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