Les lieux culturels rouvriront "de manière progressive avec un respect strict des mesures de précaution", déclare Roselyne Bachelot
« Si la situation épidémique le permet, à la mi-mai, nous sommes en position de rouvrir les lieux de culture« , a déclaré la ministre de la Culture Roselyne Bachelot le 23 avril sur BFMTV. A la question « les musées, théâtres, cinémas en même temps?« , la ministre s’est contentée de répondre: « Nous évaluerons la situation de la façon la plus fine et la plus adaptée« . « Ne m’enfermez pas dans une question à laquelle je ne peux pas répondre« , a-t-elle ajouté.
Une réouverture « de manière progressive » au mois de mai
« Je souhaite que les lieux de culture rouvrent le plus vite possible » et « massivement« , a poursuivi Mme Bachelot. « Mais je suis assez responsable » face à la situation sanitaire, a-t-elle souligné, rappelant qu’il n’y a « pas que la culture en jeu« . La réouverture des lieux de culture « se fera de manière progressive avec un respect strict des mesures de précaution » et suivant des « jauges progressives qui seront adaptées en fonction de la situation sanitaire« , s’est-elle bornée à préciser.
Selon Mme Bachelot, « le ministre en charge du numérique est en train de préparer (une sorte de) pass sanitaire (mais) ce ne sera certainement pas dès le départ de la procédure de réouverture » des lieux de culture.
« C’est un outil, il s’agit d’abord de le préparer techniquement, et de voir son acceptabilité par la population car ça pose des problèmes éthiques« , a-t-elle exposé. Et de lancer: « conditionner l’entrée dans un lieu de culture à un passeport sanitaire, j’avoue que j’ai beaucoup de mal« . Mais « si c’était la condition pour faire fonctionner les lieux de culture, je crois que je transigerais avec mes principes« .
« La territorialisation est un bon concept, (…) on aura des systèmes différenciés » pour la réouverture des lieux de culture, a encore avancé la ministre.
Le maintien des festivals toujours envisagé
Interrogée sur les concerts-tests, Mme Bachelot a parlé de projets « assez compliqués » à organiser et d' »entreprises extrêmement couteuses« . Citant l’exemple du concert-test envisagé à Bercy (le groupe Indochine est volontaire), la ministre a expliqué que la salle avait été donnée « gratuitement » mais que la facture était de « 900 000 euros« . « Ca pourrait (se faire) avant la fin du mois d’avril, (disons) dans les 15 jours« , a-t-elle développé à ce sujet.
Pour les festivals, Mme Bachelot a évoqué les cas du Printemps de Bourges pour les musiques actuelles, et d’Avignon in et off pour le théâtre: « Dans la situation où nous sommes, oui, ils auront lieu, nous travaillons pour qu’ils aient lieu« .
Les réactions du monde de la culture divergent
« Nous sommes prêts, on a travaillé depuis mars avec le ministère de la Culture sur une réouverture progressive », expose à l’AFP le délégué général de la Fédération des cinémas (FNCF), Marc-Olivier Sebbag. « On attend le top que donnera probablement le président de la République. Le 17 mai, ça fera 199 jours que les salles de cinéma sont fermées, alors vous imaginez comme on a envie d’être prêts », ajoute-t-il en riant.
Les réponses sont plus nuancées pour le spectacle vivant. « La première chose, c’est que toutes les bonnes nouvelles sont bonnes à prendre. Symboliquement, on peut ouvrir mi-mai, mais on a besoin de certitudes », commente pour l’AFP le producteur Jean-Marc Dumontet, à la tête de plusieurs théâtres parisiens. « Ca pointe un horizon à partir de mi-mai. Et des incertitudes: on nous demande d’imaginer des spectacles avec des comédiens, avec des démarches progressives, ce n’est pas simple. Oui, on préfère se creuser la tête et jouer. Mais, par la force des choses, c’est flou ».
« Un agenda est nécessaire dans les tout prochains jours »
Le ton se fait plus grave dans les musiques actuelles. Mme Bachelot s’est dite confiante pour la tenue du Printemps de Bourges, fin juin, choisi pour cadre du second volet des Etats généraux des festivals. Un optimisme que ne partage pas le directeur de l’évènement, Boris Vedel. « Ce n’est pas la première fois que quelqu’un dit que le Printemps aura lieu et que malheureusement il est reporté ou annulé », souligne le dirigeant auprès de l’AFP. « Un festival comme le nôtre ne peut pas vivre avec des »oui, mai ». Nous, c’est « on y va ou pa ». Si on nous dit, « à partir de telle date et si et seulement, si »: on ne sera pas kamikaze, on ne veut pas « crasher » l’évènement ». Et d’asséner: « On ne peut pas oublier une réalité de mise en oeuvre d’un festival, qui ne tient pas simplement à celle d’une jauge. L’agenda de reprise d’activités doit être annoncé dans les tout prochains jours, sinon on devra se résoudre à annuler ».
Sans oublier d’autres paramètres: « Il faut des contraintes acceptables, car un festival ce n’est pas une séance de cinéma, on passe des heures sur un site, c’est un lieu de vie. Et si jamais les contraintes sont acceptables pour le Printemps mais pas pour d’autres festivals, le plan de tournée de certains artistes serait cassé et ils pourraient annuler leur venue ».
Le mot « incertitude » revient aussi chez Malika Seguineau, du Prodiss (Syndicat du spectacle musical et de variété). « S’il se confirme une phase de reprise (mi-mai) en assis avec 35% de jauge, pour le modèle privé, c’est compliqué, souligne la responsable auprès de l’AFP. Les déclarations de la ministre sont insuffisantes, le cadre est non-stabilisé ».
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