Le compositeur Friedrich Cerha, figure de proue de l'avant-garde autrichienne de l'après-guerre, est mort à 96 ans
Le compositeur autrichien Friedrich Cerha qui a relancé la création musicale en Autriche après la guerre, est mort mardi 15 février à 96 ans, a annoncé sa famille à l’agence de presse APA.
Né à Vienne le 17 février 1926, ce professeur développe assez vite son propre style, inspiré par le sérialisme, cette succession invariable de sons, puis par l’impressionnisme qui consiste en l’usage pictural des sonorités. Il écrit au début des années 1960 un grand cycle orchestral, Spiegel, devenant une figure d’avant-garde sans cesse à la recherche de nouvelles voies musicales. Avec une silhouette bien identifiée : cheveux mi-longs, lunettes carrées et sourire narquois.
Brillant et novateur
Mais il lui faudra patienter près de vingt ans pour connaître le succès international avec son opéra Baal, d’après Bertolt Brecht, dont la première a lieu au festival de Salzbourg en 1981. Il intègre aussi des sons issus de la musique extra-européenne, abreuvant dès lors de ses compositions l’Opéra de Vienne, la Biennale de Venise, où il sera honoré d’un Lion d’Or en 2006, et des salles européennes prestigieuses jusqu’en 2016.
Disant composer « comme il respire« , il trouvait l’inspiration à l’aube, « lorsqu’il ne dort plus profondément mais n’est pas encore éveillé« , comme il le dira dans l’un de ses derniers entretiens accordés au quotidien Kurier. Père d’une palette de partitions variées, on lui doit aussi l’orchestration des parties manquantes du troisième acte de Lulu, d’Alban Berg, présentée à Paris par Pierre Boulez en 1979.
Longtemps incompris
Egalement chef d’orchestre, il a participé à la fin des années 1950 à la création d’un ensemble, Die Reihe, proposant aux musiciens de son pays de jouer autre chose que le répertoire habituel. Athée dans un pays conservateur et catholique qui se considère comme le temple de la musique classique, déserteur en 1944 pour ne pas servir le régime nazi, il n’a pas toujours été compris jusque dans les années 1970 et a souffert d’être qualifié de « destructeur de la musique traditionnelle autrichienne« .
Le 14 février, la secrétaire d’Etat autrichienne à la Culture, l’écologiste Andrea Mayer, a salué « un parcours et une œuvre » illustrant « de manière lumineuse et évidente » son « courage personnel » pour offrir à la musique un « nouveau départ » après le second conflit mondial. « Grâce à lui, nous avons réalisé à quel point la nouvelle musique avait besoin d’un esprit démocratique comme condition d’épanouissement« , a-t-elle ajouté en référence au difficile travail de mémoire autrichien.
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