La chanteuse italienne Milva, surnommée "la panthère de Goro", est morte à 81 ans
Elle était l’interprète de certains des plus grands succès de la chanson italienne des années 60 et 70. Milva est morte vendredi soir, 23 avril, à l’âge de 81 ans, ont annoncé samedi les médias italiens citant sa famille, sa fille ayant transmis la nouvelle de son décès à l’agence de presse italienne Ansa. L’artiste était souffrante depuis des années.
« Milva a été l’une des interprètes les plus intenses de la chanson italienne. Sa voix a suscité des émotions intenses à des générations entières. Une grande italienne, une artiste partie de sa terre natale qui est montée sur les scènes internationales », a commenté le ministre de la Culture Dario Franceschini.
Une voix, un look, un tempérament volcanique
De son vrai nom Maria Ilva Biolcati, née le 17 juillet 1939 dans le village de Goro en Emilie-Romagne (Nord), Milva était entrée dans le paysage artistique de l’Italie à l’occasion de l’édition de 1961 du festival de la chanson de San Remo, le grand rendez-vous de la chanson transalpine, où elle s’était classée troisième.
Outre ses qualités vocales, le public découvre aussi le tempérament volcanique de celle que l’on surnommait déjà « la panthère de Goro », avec sa fameuse chevelure rousse. Les polémiques, souvent retentissantes, ont accompagné une carrière qui a largement dépassé les frontières italiennes, son talent ayant été reconnu en Amérique latine, en Espagne, en France – où on l’a comparée à Edith Piaf – et surtout en Allemagne, pays dont elle a appris la langue. De Piaf, elle adapta très tôt la chanson Milord (classique cosigné Georges Moustaki et Marguerite Monnot).
Sa rivalité avec Mina, autre icône de la chanson italienne des années 1960 et 1970, a aussi marqué toute une génération d’Italiens même si cette concurrence artistique, montée en épingle par la presse, a été toujours été démentie par Milva elle-même.
Chanteuse rebelle et militante
Pendant cette période, la chanteuse se construit une identité de rebelle, inscrivant à son répertoire des hymnes à la liberté (elle chante très tôt Bella ciao, le chant des partisans antifascistes) et des chansons politiquement engagées, où elle raconte la vie du prolétariat. On lui attribue alors un nouveau surnom, « la Rouge », couleur qui sied aussi bien à ses cheveux qu’à son engagement politique à gauche (dans la vidéo de Bella Ciao ci-dessous, la chanson démarre à 1mn 30sec).
Dans la décennie 1970, sans abandonner sa carrière de chanteuse, Milva se lance dans l’aventure théâtrale. Après des débuts au Piccolo Teatro, créée en 1967 à Milan par Giorgio Strehler, elle joue avec succès en 1973 dans L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht que le même Strehler met en scène en Italie et à travers l’Europe. Ses interprétations du répertoire de Brecht lui ont valu la médaille de l’ordre du mérite de la RFA, où son album Was Ich Denke (« Ce que je pense ») a connu un grand succès à la fin des années 70.
De 1973 à 1980, la diva est en tournée en Europe ainsi qu’au Canada, en Russie et au Japon avec le groupe baptisé « I Milvi ». Sa passion pour la politique l’amène à rencontrer divers auteurs engagés, comme le Grec Mikis Theodorakis, condamné à l’exil par la dictature des colonels, ou l’Italien Franco Battiato, qui a co-écrit pour elle Alexander Platz (1982), l’un de ses titres les plus célèbres (qu’elle a aussi chanté en français).
Milva a enregistré une soixantaine d’albums et travaillé aussi avec les compositeurs de musiques de films Ennio Morricone, Francis Lai et Vangelis. En 1984, elle a aussi été une mémorable interprète du show El Tango d’Astor Piazzolla au théâtre parisien des Bouffes du Nord (extrait ci-dessous).
Mariée en 1961 au réalisateur Maurizio Corgnati, qui fut son pygmalion et dont elle a eu une fille, Martina, en 1963, Milva a aussi partagé la vie du comédien Mario Piave, assassiné dans des circonstances mystérieuses en mai 1979.
« Je me suis abîmé la santé avec des médicaments »
« Je crois avoir bien fait mon métier et avec dignité », confiait Milva en octobre 2010, lors de sa dernière apparition télévisée. « Je me suis abîmé la santé en utilisant des médicaments qui m’ont aidée à moins ressentir le poids de mon travail », expliquait alors l’artiste en annonçant tirer sa révérence après 50 ans de carrière, invoquant de problèmes de santé et de mémoire.
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