Jean-Jacques Milteau sur les chemins de la country dans l'album "Lost Highway"
Avec Lost Highway, l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau, 71 ans, signe le premier album 100% country music de sa longue carrière. Plutôt bluesman, il s’est plongé dans cette musique en travaillant sur la bande-son d’une adaptation du roman Les Raisins de la Colère. « Comme l’action [du roman de John Steinbeck] se passe à la fin des années 1930 entre l’Oklahoma et la Californie, j’ai cherché à savoir ce que les gens pouvaient écouter et quel type de musiques ils pouvaient faire à l’époque dans ce coin-là », raconte à l’AFP le musicien parisien.
« J’ai réécouté pas mal de musique country et je suis tombé sur des trucs superbes que j’avais oubliés », continue Milteau, qui avait tâté au bluegrass, une branche de la musique country, à ses débuts dans les années 1970, avant de choisir le blues comme langage. « À cette époque, il y avait surtout le western swing, puis sont apparus toute une palette de styles comme le bluegrass et le honky tonk. Ces musiques viennent plutôt du Kentucky et des Appalaches mais les gens en route vers la Californie devaient entendre ça à la radio ou dans les dancings. Ils ne m’en voudront pas de les avoir déplacées de 1000 ou 1500 kilomètres vers l’ouest. »
Jean-Jacques Milteau trouve que « ces sonorités, de banjo, de mandoline, de guitare acoustique, de voix cristallines, collaient vraiment avec le sujet ». Ces recherches vont lui donner l’idée d’aller plus loin. Il sollicite Carlton Moody, un authentique chanteur de bluegrass vivant en région parisienne, croisé dans un club.
La country, « c’est le pendant blanc du blues », pour Milteau
De cette rencontre va naître Lost Highway (label Sunset Records), une immersion dans une country music dépouillée, profonde et authentique, loin des clichés pour touristes d’un style pouvant vite basculer dans le clinquant. « C’est une musique populaire, dont il ne faut pas trop gommer les imperfections, il faut laisser les sons exister tels qu’ils sont », explique Milteau, qui pointe les similitudes entre chanteurs country et blues.
« On a l’impression que c’est moins profond que le blues, alors que c’est le pendant blanc du blues. Il y a une vraie ferveur », fait-il remarquer. Les couleurs de ses harmonicas s’intègrent aux intonations de la voix de Carlton Moody et aux sonorités naturelles de la pedal steel et des guitares acoustiques.
Les chansons du disque, des classiques du genre, sont signées de Hank Williams, Johnny Cash ou Dickey Lee. « Ce qui est intéressant, c’est le côté naturel de la sonorité des instruments comme on l’a utilisé dans cet album », souligne Milteau.
« Lost Highway, c’est une idée d’itinérance infinie, assez troublante »
L’harmoniciste a mis au centre de l’album la chanson-titre Lost Highway de Leon Payne, abondamment reprise (Bob Dylan, Jeff Buckley, Tom Petty, Jon Baez…), où itinérance rime avec perdition. « J’aimais bien l’idée de la Lost Highway : on roule et on sait pas ce qu’il y a au bout. On sait même pas s’il y a un bout, c’est une idée d’itinérance infinie, qui est assez troublante », souligne Jean-Jacques Milteau. Ces musiciens « perpétuellement sur les routes dans un pays où les distances sont grandes, (c’)est inhérent aux États-Unis ».
Cette country music, « qui va bien pour les road movies, avec le rythme des essuies-glaces », Milteau en fera défiler les paysages sonores en concert les 1er, 2 et 3 juillet 2021 au club de jazz Sunset, à Paris.
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