Georgio, le rappeur qui a des lettres

C’était un après-midi d’hiver 2017, la nuit tombait bleue sur Paris alors que Georgio, accompagné d’Angelo Foley à la guitare sèche, commençait à rapper « Svetlana et Maïakovski », une chanson sur une prostituée et sa condition. « Je suis un combattant de la poésie et j’aimais l’idée qu’elle puisse s’échapper », expliquait-il lors de sa « Session sur le toit » du Point. Fasciné par Céline et des « enculés qui ont du talent », Georgio semait déjà les références littéraires dans son superbe deuxième album,Héra.

À 28 ans, Georges Édouard Nicolo (au civil) est une des plumes les plus talentueuses de sa génération. Si le rap et la poésie peuvent parfois se fréquenter, personne ne les mêle aussi bien que ce rappeur originaire du 18e arrondissement de Paris, fils d’un compositeur de musique de pubs membre d’un groupe punk et d’une mère chanteuse guadeloupéenne. Dans son quatrième album, Sacré, il continue de citer Romain Gary, Jacques Prévert, Rimbaud, Toni Morrison? Toujours aidé d’Angelo Foley pour les arrangements à la guitare et au piano et de Phazz pour les beats, ses dix-huit nouveaux titres sont d’une écriture imagée saisissante. Il chante et rappe ces scènes où il immortalise les rencontres qui ont compté pour lui, explore ses émotions, contemple ses rêves, déclare son amour à ses parents, parfois rejoint par Kalash Criminel, Zikxo, S.Pri Noir ou Sanka.

C’est un voyage dans l’intime nourri d’influences pop, rock et chanson française, de références visuelles artistiques, de mots touchants, comme : « J’revois les larmes d’une femme après une fausse couche / Quatre jeunes qu’ont pas peur du froid se jeter dans l’eau de source / Un mec bourré au regard éteint qui crie Au secours / Le diable fait danser les anges dans des robes rouges. » Un opus singulier, accompagné d’un livre de photos, de souvenirs, de références musicales et de sessions acoustiques filmées dans des paysages spectaculaires.

Sacré (Panenka)

À écouter aussi :

Laura Cahen, portrait d’une jeune fille en feu

Dans son deuxième album, Laura Cahen affirme sa personnalité artistique et son homosexualité. Produit par Dan Lévy, moitié de feu The Do, la Nancéienne mélange des cordes disco à la guitare électrique et des beats électros.

Une fille (Pias)

The Black Keys : une légende renaît

Qu’ils sont cool ces deux natifs de l’Ohio qui ont rythmé la première moitié de nos années 2000 ! Hommage au Mississippi Hill Country Blues de RL Burnside et Junior Kimbrough qui inspirent Dan Auerbach et Patrick Carney depuis leurs débuts, ce dixième opus est un bijou intemporel dont on est pas près de se lasser.

Delta Kream (le 14 mai chez Nonesuch Records)

Salut Texas !

Trente ans après la sortie de leur premier disque Southside (qui les propulsa en tête des charts du monde entier), les Écossais prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur panache avec ce nouvel album inspiré par de vieux enregistrements exhumés des coffres d’Universal.

Hi, sortie le 28 mai chez Pias.

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