En Espagne, 200 artistes soutiennent Pablo Hasél, un rappeur condamné pour ses propos polémiques
La condamnation à de la prison ferme du rappeur Pablo Hasél, pour apologie du terrorisme et injure à la couronne, a suscité une polémique en Espagne. Le chanteur a reçu le soutien de 200 artistes comme Pedro Almodóvar, Javier Bardem ou Joan Manuel Serrat, et le gouvernement de Madrid a annoncé vouloir alléger les peines pour « excès dans l’exercice de la liberté d’expression ».
Le 28 janvier, la justice a donné dix jours à Pablo Hasél pour se rendre volontairement en prison, ce qu’il refuse de faire. Il a été condamné à une peine de neuf mois de détention pour des tweets attaquant la monarchie et les forces de l’ordre espagnoles, qualifiées de « mercenaires de merde » et accusées de torture et d’assassinats.
Une tribune d’artistes compare l’Espagne à la Turquie ou au Maroc
Des manifestations de soutien ont eu lieu récemment à Madrid et Barcelone tandis que le réalisateur Pedro Almodóvar, l’acteur Javier Bardem et plus de 200 artistes espagnols, ont signé une tribune en faveur du rappeur, intitulée : Sans liberté d’expression, il n’y a pas de démocratie.
« Nous nous sommes unis pour montrer notre soutien à Pablo, exiger sa liberté et pour demander le retrait du code pénal de ce type de délits qui ne font que limiter, non seulement la liberté d’expression, mais aussi la liberté idéologique et artistique », affirme ce manifeste, qui compare l’Espagne « à la Turquie ou au Maroc ».
L’ONG Amnesty International a ajouté sa voix aux critiques, en affirmant que « personne ne devrait être condamné pénalement pour tweeter ou chanter quelque chose de désagréable ou de scandaleux ».
L’exécutif promet une réforme pour libérer la parole artistique
Le gouvernement aussi s’est ému. La peine prononcée contre Pablo Hasél est marquée par « un manque de proportionnalité que l’exécutif avait déjà identifié à la suite de la publication de ce jugement », a reconnu mardi sa porte-parole, Maria Jesus Montero.
Dans un communiqué publié lundi 8 février, le gouvernement, formé par une coalition entre les socialistes de Pedro Sanchez et la gauche radicale, a indiqué qu’il préparait « une réforme » pour que les « excès verbaux commis dans le cadre de manifestations artistiques, culturelles ou intellectuelles » ne relèvent pas du droit pénal. Selon ce communiqué, sanctionner pénalement ces débordements « découragerait la liberté d’expression ».
Le ministère de la justice proposera donc des peines « dissuasives » mais pas d’emprisonnement, et uniquement pour sanctionner les « conduites représentant clairement un risque pour l’ordre public ou l’incitation à des conduites violentes ».
Un autre rappeur, condamné pour injures, en fuite en Belgique
Un autre rappeur espagnol, Valtonyc, s’est exilé en Belgique en mai 2018 après confirmation de sa condamnation en Espagne à trois ans et demi de prison pour « apologie du terrorisme » et du groupe séparatiste basque ETA, « injures à la Couronne » et « menaces » dans ses chansons. Il est visé depuis par un mandat d’arrêt européen, émis par la justice espagnole.
En septembre 2018, un tribunal de Gand avait rejeté l’exécution du mandat estimant que les faits n’étaient pas constitutifs d’un délit en Belgique. La procédure est toujours en cours devant une cour d’appel.
Les condamnations de Valtonyc, Pablo Hasél et d’autres personnalités poursuivies pour des délits similaires ont toujours été vertement critiquées par la gauche radicale de Podemos, partenaire des socialistes de Pedro Sanchez au sein du gouvernement.
L’Espagne a aussi été désavouée en 2018 par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui estimait que la condamnation de deux indépendantistes catalans pour avoir brûlé en 2007 une photographie du couple royal espagnol violait le droit à la liberté d’expression.
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