Dixie Frog, le label français spécialiste du blues, fête ses 35 ans

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le blues, musique américaine par excellence, a plus de succès en Europe qu’outre-Atlantique. Et le label Dixie Frog n’y est sans doute pas étranger. Avec en son sein des têtes d’affiche comme Popa Chubby ou Eric Bibb, qui vendent plus de disques en France qu’aux États-Unis, cette maison de disques fondée en 1986 a fait émerger nombreux artistes de la scène blues internationale.

Au départ tourné vers la musique country, Dixie Frog s’est orienté pur blues au début des années 90, lorsque Philippe Langlois s’est retrouvé seul à la barre, après que son ami co-fondateur Alain Rivet soit parti vers d’autres horizons.

C’est une musique qui me correspondait totalement. C’est la musique que me faisait écouter mon père sur son électrophone.

fondateur du label Dixie Frog

Des valeurs sûres et des jeunes recrues

Le premier artiste blues à signer chez Dixie Frog est Neal Black en 1994. Et puis comme l’explique Philippe Langlois, « un artiste en amenant un autre, un tour manager en présentant d’autres… « , de fil en aiguille, plusieurs bluesmen rejoignent le label. Et la musique afro-américaine trouve un public conséquent en Europe, et une demande plus forte qu’en Amérique.

Popa Chubby et Eric Bibb c’est la lune et le soleil ! Mais ils ont tous les deux un charisme fou, dans des styles différents

fondateur du label Dixie Frog

Les locomotives telles Popa Chubby entraînent dans leur sillon de nouvelles têtes et permettent ainsi la découverte de Fred Chapellier, Rosedale, Watermelon Slim, Big Daddy Wilson, Archie Lee Hooker, Sue Foley… Impossible de les citer tous tant la liste des artistes chez Dixie Frog représente quasiment un who’s who du bluesrock des 20 dernières années.

Un parcours parfois difficile

Mais l’aventure n’a pas toujours été facile. À partir des années 2000, arriver à vivre uniquement de la vente de disques devient quasiment impossible. Philippe Langlois raconte : « C’est vraiment à partir de 2003 qu’a commencé le piratage massif. Et donc tout ce qu’on produisait et qui était le fruit de notre travail se retrouvait gratuitement sur Internet ».

De plus en plus, les artistes vivent essentiellement grâce aux tournées. Et le blues n’est pas exposé au même niveau que la variété, la pop ou le rap. « Le blues, c’est un marché de niche dans le jazz qui est lui-même un marché de niche, explique Philippe Langlois. Et en plus, le blues a un côté prolo, face au jazz qui est élitiste. Le blues, c’est pour les cols bleus ».

Des artistes exceptionnels, on en a au mieux tous les cinq ans

fondateur du label Dixie Frog

Andre Brodzki et François Maincent évoquent des artistes coups de cœur pour 2021, notamment Natalia M.King, une Américaine établie à Arles, et dont « l’album à venir en novembre sera sans aucun doute un des incontournables du genre à la fin de cette année ».

Ainsi que Grant Haua, un bluesman Maori originaire de Nouvelle-Zélande. « Cet artiste est une bénédiction car des talents de ce genre se comptent sur les doigts d’une main. Grant Haua a tout : une gueule, une voix, une technique instrumentale, une facilité mélodique et une histoire singulière à raconter. Il a aussi été notre première signature. Comme un signe du destin. »

Un signe du destin qu’on leur souhaite prometteur pour la suite. Car la musique a encore grandement besoin de labels comme Dixie Frog pour perpétuer la tradition des musiques américaines, tout en nous faisant découvrir  les artistes de demain.

À l’occasion des 35 ans, le label va démarrer au mois de juin une opération autour des vinyles en rééditant des albums parus chez Dixiefrog, dans une collection spéciale, les « Dixiefrog Vintage Series ».

Retrouvez toutes les infos sur le site officiel.

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