"De 15 à 17 ans, j’ai été harcelée moralement et sexuellement": la chanteuse Pomme dénonce l'impunité des auteurs d'abus dans un témoignage choc
A la veille de la cérémonie des Victoires de la Musique, qui se déroule vendredi soir à Paris et où elle est en lice pour la récompense de l’artiste féminine de l’année, la chanteuse, autrice, compositrice et musicienne Claire Pommet, dite Pomme, a publié jeudi 11 février une longue lettre ouverte sur un blog du site Médiapart. L’artiste âgée aujourd’hui de 24 ans y raconte, « entre colère, révolte et lâcher-prise« , ses traumatisants premiers pas dans le monde de la musique lorsqu’elle était adolescente, et qui ont failli avoir raison de sa santé mentale.
« Sexualisée, rabaissée, contrôlée »
« De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement« , écrit Pomme, expliquant avoir été « l’objet« , « sans en avoir conscience à cette époque« , d’un homme de son entourage professionnel âgé alors d’une trentaine d’années, dont elle ne dévoile pas le nom.
Avant de la « briser » en « marchant à pieds joints sur les débris d’une santé mentale détruite« , cet homme l’a manipulée en lui faisant croire qu’elle était « le problème, en la sexualisant, en la rabaissant, en la contrôlant », au point qu’elle ne s’appartenait plus.
Je ne choisissais rien de ma vie (comportements, fréquentations), ni de mon apparence (vêtements, maquillage, épilation), ni de la direction artistique de mon propre projet musical naissant à l’époque. J’ai été manipulée jusqu’à perdre totalement confiance en moi, confiance si fébrile à cet âge-là
dans une lettre ouverte publiée sur Médiapart
Pomme pointe la culture de l’impunité
Au-delà de son histoire personnelle, la jeune artiste, qui triomphe depuis 2019 avec son album Les Failles, entend dénoncer la culture du viol et du harcèlement qui sévit en toute impunité dans l’industrie de la musique. Selon elle, « un nombre effrayant d’hommes artistes, producteurs, musiciens, chanteurs, directeurs de labels, directeurs artistiques… » sont « des harceleurs, des agresseurs, des violeurs« .
Prenez conscience d’une chose : vous les voyez à la télé, vous les entendez à la radio, vous les applaudissez en concert (avant la pandémie). Vous les acclamez. Vous consommez leur musique, je la consomme aussi sûrement, sans le savoir .
dans une lettre ouverte publiée sur Médiapart
Parce que tous ces hommes qui bénéficient de positions de pouvoir sont libres, « exempts de la justice » , insiste Pomme, pointant la complaisance de la société dans son ensemble et de la justice en particulier, qui selon elle les « protège« .
« Je n’ai pas l’intention de la fermer »
Ce n’est pas la première fois que Pomme évoque le sujet. En avril 2019, elle avait signé un manifeste anti-sexisme dans Télérama avec des centaines d’autres femmes du monde de la musique. En septembre dernier, sur son compte Instagram, elle avait soutenu la libération de la parole dans la musique déclenchée par le hashtag #MusicToo, et salué le courage des femmes qui témoignaient.
Si la talentueuse artiste monte résolument au créneau aujourd’hui, c’est parce que sa notoriété offre plus de visibilité à son message. « Que ça fasse plus de bruit aujourd’hui, tant mieux« , écrit-elle. Son but ? « Que la honte et la peur changent de camp » et « que la vérité et la justice se fassent entendre ». « Je n’ai pas l’intention de la fermer« , conclut-elle, implorant : « Et si je collabore, m’associe avec l’un d’eux, s’il vous plaît, dîtes-le moi.«
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