« David avant Bowie », sur Arte, retrace les années galères d’une future star

Un documentaire décortique la jeunesse et les échecs répétés de l’artiste durant onze ans, avant qu’il ne connaisse la gloire.

ARTE – VENDREDI 30 AVRIL À 22 H 30 – DOCUMENTAIRE

Le réalisateur britannique Francis Whately avait déjà fait sensation en 2016 avec un documentaire passionnant consacré aux cinq dernières années de la vie de David Bowie. En s’attaquant cette fois aux années galère de David Robert ­Jones, alias David Bowie (1947-2016), des années 1960 jusqu’au tout début des années 1970, Whately réussit une nouvelle performance.

Entre la voix off au timbre si chic et aisément identifiable de Bowie, les nombreuses images d’archives (sur scène, en loge, mais aussi dans l’intimité familiale, amicale et amoureuse) et la diversité des témoignages recueillis (musiciens, petites amies, amant, cousine, amis d’enfance, pro­ducteurs…), c’est aussi l’adolescence de David Robert Jones qui se dessine et permet de mieux ­comprendre la complexité d’une personnalité hors norme.

Le jeune homme introverti, ambitieux et ouvert à toutes les expériences est finalement devenu ce qu’il voulait, une star mondiale, après avoir multiplié les échecs commerciaux au début de sa carrière. Onze années de galère, neuf groupes différents, des tentatives de mêler mime, danse, poésie et musique aux concerts sans lendemain, tout est décortiqué dans un décor, celui de l’Angleterre des sixties, qui laisse sa chance aux audacieux mais n’a pas de pitié pour les apprentis rock stars. En 1965, avec son groupe, The Lower Third, le jeune Bowie passe une audition à la BBC. Verdict sans appel : le chanteur chante faux, le groupe n’a aucun intérêt.

« Plusieurs personnalités »

« J’ai toujours eu besoin d’affection. Et j’ai passé toute mon adolescence à adopter plusieurs personnalités, à changer de style », avoue l’in­téressé, en évoquant avec retenue ses parents, le manque de tendresse de sa mère, son enfance et son adolescence à Bromley, banlieue sans swing de Londres, où ses parents s’étaient installés alors que David, né à Brixton, avait 6 ans.

A la poursuite de l’amour maternel, Bowie deviendra « différent », selon son ami d’enfance Geoff MacCormack. « A 8-9 ans, ses centres d’intérêt n’étaient pas ceux des autres gosses. Il lisait ­notamment beaucoup… » A 15 ans, il joue du saxophone dans le groupe The Konrads. Suivront les King Bees, les Manish Boys. Autant de groupes oubliés qui forgent le caractère du jeune homme. « J’ai toujours été prétentieux », avoue-t-il sans se faire prier.

Nouveau groupe (The Buzz) en 1966, et voilà David qui quitte enfin Bromley pour le centre-ville londonien qui l’attire tant. En 1967, il déclare : « La musique rock n’a pas le monopole de la pensée rebelle. Je suis complètement ouvert aux influences, aux nouvelles et aux vieilles idées ! » Sa musique se cherche encore, et ses albums sont des bides. Fin janvier 1968, rencontre avec la danseuse classique Hermione Farthingale, « le grand amour de [s]a vie ». En juillet 1969, le succès arrive enfin avec le tube Space Oddity. « En 1970, tout a commencé à avoir du sens », résume-t-il.

David avant Bowie, de Francis Whately (RU, 2018, 90 min). Sur Arte.tv jusqu’au 10 juin.

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