Cordes sensibles : la sélection musicale du « Monde Afrique » #48
Les Maliens Ballaké Sissoko, Samba Touré et Toumani Diabaté usent de leur kora ou de leur guitare pour faire communier les hommes, les continents et les traditions.
Chaque mercredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, les instruments à cordes sont à l’honneur grâce aux nouveaux albums des musiciens Ballaké Sissoko, Samba Touré et Toumani Diabaté, qui s’en servent pour tisser des liens entre le Mali et le monde.
« Djourou », de Ballaké Sissoko (feat. Sona Jobarteh)
« “Djourou” c’est la corde, celle qui me relie aux autres », précise Ballaké Sissoko, 54 ans. C’est aussi le nom de son nouvel opus, qui paraît vendredi 9 avril et dans lequel le célèbre joueur de kora, adepte des conversations musicales – on se souvient du disque Chamber Music, en duo avec le violoncelliste Vincent Segal, mais aussi, plus récemment, de l’album Nocturne, de David Walters –, invite huit artistes à dialoguer avec les 21 cordes de son instrument fétiche : le rappeur Oxmo Puccino, la chanteuse Camille, son compatriote Salif Keïta… et surtout la Gambienne Sona Jobarteh, l’une des rares femmes à jouer de la kora, avec laquelle il s’accorde à la perfection.
« Sambalama », de Samba Touré
Le guitariste Samba Touré, lui, n’utilise que six cordes, mais celles-ci le relient fermement à la commune de Binga, non loin de Tombouctou, où il a grandi et à laquelle il dédie son nouvel album, qui sort vendredi. « Même s’il est devenu dangereux de voyager dans le nord du Mali, c’est ma patrie et ça le sera toujours », affirme le chanteur de 52 ans qui, avec Binga, veut livrer « une communion entre les instruments » (ngoni, calebasse, harmonica…) – de la « pure musique songhaï » néanmoins teintée de blues. Dans le morceau Sambalama, il appelle les Maliens à garder espoir malgré les difficultés que traverse le pays, en proie à la pauvreté et aux violences.
« Mamadou Kanda Keita », de Toumani Diabaté & The London Symphony Orchestra
Retour à la kora avec un autre virtuose, Toumani Diabaté, qui sort le 23 avril l’album Korolen (« ancestral » en mandingue), mêlant d’anciennes mélodies de griots aux arrangements du London Symphony Orchestra – six morceaux enregistrés lors d’un concert au Barbican Centre de Londres, en 2008, sous la baguette de Clark Rundell. « Notre musique est plus ancienne que Bach », aime rappeler le Malien de 55 ans, qui s’est entouré des compositeurs Nico Muhly et Ian Gardiner pour faire dialoguer partitions, interprétations et improvisations, tandis que la kora était pour la première fois utilisée comme instrument soliste dans un orchestre symphonique. Magique.
Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.
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