« Cet album, c'est comme la conception d'un gosse », raconte Lola Dubini
- Comédienne, humoriste, youtubeuse et chanteuse, Lola Dubini s’affiche partout ! Ce vendredi, elle ajoute une corde à son arc en lançant Je te le dis, son premier album.
- Il s’agit d’un disque qu’elle a autoproduit, composé de quatorze titres dont des duos avec Patrick Fiori, Joyce Jonathan et Boulevards des airs.
- « C’est beaucoup de nuits blanches à penser, à avoir mal au ventre. J’étais dans un stress pendant deux ans, ça m’a vraiment mangée », confie-t-elle à 20 Minutes.
Au moment d’arriver à notre lieu de rendez-vous avec Lola Dubini, on nous informe d’entrée de jeu qu’elle aura quelques minutes de retard. « Ça y est, elle se fait désirer et se prend déjà pour une star ? », pourraient penser ses quelques détracteurs. Au risque de décevoir, la raison est en fait bien plus prosaïque : la chanteuse rencontre un souci avec la porte de son appartement. Un problème pour lequel elle s’excuse à maintes reprises lorsqu’elle arrive, fin prête pour l’interview.
Une chose est sûre, Lola Dubini ne joue pas de la célébrité qu’elle a acquise au fil des années, depuis ses premiers pas sur la scène de La France a un incroyable talent sur
M6 jusqu’à son ascension sur
YouTube. Guitare sur le dos, elle vient nous présenter Je te le dis, son premier album disponible à partir de ce vendredi 9 avril.
Comment la conception de l’album s’est-elle faite ?
La conception des chansons se fait depuis quelques années. C’était le temps de me trouver, de me chercher surtout, de mûrir aussi. Je me suis mis à la conception de cet album à mes 25 ans, c’était pour moi un petit peu un cap où je me suis dit que je devenais grande, que j’avais des responsabilités d’adulte. C’est à ce moment-là que j’ai eu un déclic en me disant « je crois que c’est le moment ». Sur les dix inédits, il y a deux chansons que les gens connaissent déjà, Complexe et Plan Cul. Les autres sont toutes neuves de deux ans. Voire, la dernière en date est Apprends-moi qui date d’un mois avant de boucler la setlist de l’album. Je l’aimais trop et je n’ai pas pu résister.
Une fois que les chansons sont écrites, il faut les enregistrer…
Juste après le premier confinement, on est partis en Bourgogne pendant une semaine dans les Côtes de Beaune dans un studio perdu. Cet album, c’est vraiment comme la conception d’un gosse. Je ne sais pas si c’est comparable mais je le vis comme une vraie naissance. Ça s’est fait en cinq jours donc on était crevés, usés. On a commencé par les chansons qui nous semblaient les plus dures pour terminer par les plus faciles et légères, celles que je connaissais le mieux.
C’est un album que vous avez autoproduit. Pourquoi ce choix ?
J’ai toujours été en indépendante, même sur YouTube. J’ai un peu la phobie des contrats et tout ce qui suit, c’est purement administratif parce que je n’aime pas signer des choses et devoir rendre des comptes après. Il y a pas mal de monde qui est sur ce format-là et c’est pour moi le signe d’une génération qui s’émancipe un peu et qui montre qu’on est capable de faire plusieurs choses en s’entourant des bonnes personnes. C’est beaucoup de nuits blanches à penser, à avoir mal au ventre. J’étais dans un stress pendant deux ans, ça m’a vraiment mangée.
Dans Pourquoi on s’aime, vous dites « De le voir partout, ça me rend miro » mais c’est un album qui parle beaucoup d’amour…
C’est la définition même de cet album. Quand je dis ça, c’est qu’on nous renvoie une vision de l’amour très normée sur la manière dont on devrait vivre nos histoires d’amour alors que c’est tellement plein de trucs. L’amour femme-homme, homme-homme, femme-femme, l’amour en trouple, l’amour sans sexe, l’amour de notre famille. Moi par exemple, je m’attendais à rencontrer mon prince charmant sur un destrier blanc. Bon déjà, les chevaux, c’est terminé dans la rue donc c’est un peu mort (rires). Mais c’est surtout que j’ai mis du temps à comprendre que l’amour, c’est plus compliqué que ce l’on pense. Et surtout, tu peux te nourrir de plein de choses, de l’amour du public, des gens sur YouTube.
Est-ce que vous considérez que Dans le mille est votre chanson la plus personnelle ?
Je l’ai écrite en trente minutes je pense. J’avais besoin de l’écrire, ça représente un moment de ma vie assez dur. J’habitais à Issoire avec mes parents et je devais partir pour mes études. Je n’avais pas envie de quitter le cocon familial de mes parents qui m’avaient beaucoup rassurée parce que j’avais vécu du harcèlement scolaire pendant cette période. C’était la fin de mon bac, je devais vivre ma vie d’adulte à Bordeaux. Ça a été une renaissance totale. A Issoire, j’étais la meuf qui a fait Incroyable Talent, j’étais la grosse, j’étais tout ce que tu veux, une représentation que je m’étais faite de moi à cause des autres, et Bordeaux a été mon nouveau souffle. Elle raconte ça cette chanson. Parfois, on est dans un environnement toxique pour soi et on n’arrive pas à dézoomer. Pour moi, la meilleure solution a été de me barrer.
Quand on fait Incroyable Talent, on peut croire que c’est génial parce qu’on passe devant des millions de téléspectateurs mais ça peut être une image qui colle trop à la peau ?
Dès le départ, j’ai été super-flattée, il y avait des affiches de moi dans ma ville, dans mon auto-école quand je passais mon code, il y avait des « Soutenez Lola » donc c’était chanmé. Vraiment. Et en fait, ça s’est très vite dégradé. Après, dès que tu dis un mot, on te regarde plus : « Ohlala, mais depuis qu’elle a fait de la télé… » Les profs aussi : « Les maths, ce n’est vraiment pas votre incroyable talent… » Ce qui fait que tu es en perte de confiance en toi de fou. Au lycée, ça ne se passait pas bien du tout, c’était hyper anxiogène et pendant un temps, j’ai eu besoin d’aide. Quand aujourd’hui je gueule contre un mec qui m’insulte, on me dit « Il fallait t’y attendre, tu exposes ton image. » Je n’ai pas besoin de me faire traiter de salope en fait. Ce n’est pas parce que mon métier, c’est qu’on me prenne parfois en photo, qu’on vienne me voir en spectacle, que je dis « bien sûr, traite-moi de salope, c’est validé puisque je m’expose. » Je pourrais faire de la musique sans être médiatisée parce qu’à la base, c’est ce que je voulais faire, faire des trucs dans toute la France, des petites scènes. Le chemin en a décidé autrement mais si ça n’avait pas été ça, on ne m’aurait pas fait chier. C’est vrai qu’Incroyable Talent, ça avait été dur.
Aujourd’hui, vous n’alimentez plus vraiment votre chaîne YouTube. Comptez-vous la reprendre ?
Oui ! Je ne sais pas encore vraiment ce qu’il y aura dessus mais ce sera plus des coulisses, des choses comme ça. Je m’étais mis beaucoup de contraintes à l’époque parce qu’il y a un genre de truc où tu te mets la pression pour le rendement et le fait d’avoir des vues. Ce n’est plus du tout une pression que j’ai envie d’avoir donc je vais vraiment faire ce que je veux. Je vais laisser aux gens l’opportunité de repartir à zéro, de faire ma connaissance. Je n’ai que 500.000 abonnés, je vais refaire une vidéo dans laquelle je dis que je m’appelle Lola, que j’ai 27 ans, que j’ai produit un album. Et puis on va continuer le voyage ensemble.
Vous avez également un spectacle. Reprendra-t-il quand les salles de spectacle rouvriront ?
L’objectif est de le reprendre, peut-être pas sous la même forme. J’espère vraiment partir en tournée, j’aimerais trop. Je suis en train de travailler sur une forme beaucoup plus hybride qu’avant avec, j’essaye, toutes les chansons de l’album. C’est tout un job à refaire mais j’ai le temps parce que l’Etat ne nous estime pas essentiels donc on travaille dessus, pour le redevenir.
Ça ressemblera plus à un concert classique composé uniquement de chansons en délaissant la partie humoristique ?
Oh non, je pense qu’il y aura toujours des blagues. Je suis très bavarde, donc ce n’est pas possible pour moi. Et j’ai besoin que les gens me comprennent. Pour moi, ce n’est pas possible que je n’explique pas pourquoi j’ai écrit une chanson et son cheminement. C’est pour ça que j’ai fait un spectacle à la base. Et puis moi, je ne peux pas m’empêcher de parler.
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