Avec "Eiskeller", Rover forge la beauté dans la glace
Un album de Rover – celui-ci est le troisième, six ans après Let It Glow – c’est toujours l’assurance de chavirer à un moment donné. Dans l’inflexion de la voix ou ses mélodies imparables, Timothée Régnier n’a plus rien à apprendre depuis longtemps mais son Eiskeller, « cave à glace » en allemand, est né d’un défi a priori insurmontable. Plusieurs mois dans les anciennes Glacières Saint-Gilles à Bruxelles, lieu immense, désaffecté, froid, plein d’une âme glaciale. « Je me suis dit que ce serait intéressant de mettre tous mes instruments dans la même pièce, explique-t-il, ce que je fantasmais depuis longtemps, étant d’habitude toujours en tournée« .
« Cela a pris du temps pour apprivoiser, c’était a priori le pire endroit possible pour faire de la musique !« , s’exclame-t-il avec le recul. C’est toujours lui qui joue de tous les instruments, qui touche de plus en plus à la technique aussi. Confiné volontaire en confinement mondial, Rover a pu creuser chaque texte, chaque structure de mélodie.
« Le temps est un luxe, il nous manque à tous… Moi, je l’ai pris ! »
L’album est superbe, c’est une habitude, les concerts se font attendre, évidemment. Mais l’artiste le prend avec pas mal de philosophie. Il le reconnaît : « Moi, si je pouvais jouer dès ce soir, devant un public masqué et distancié au nombre de 15 personnes, je le ferais, même si je suis déjà dans une nostalgie des Olympia pleins où on sent la sueur« . Quel que soit le costume, quel que soit le lieu, Rover s’adapte et Rover séduit, toujours.
Le nouvel album de Rover, né de la rencontre avec un lieu a priori indomptable | La chronique de Yann Bertrandécouter
Rover, Eiskeller (Cinq7/Wagram). Album disponible.
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