Une plateforme numérique pour Kandinsky
Pilotée par le Centre Pompidou, une plateforme numérique expose le monde intérieur du maître de l’abstraction et son étrange super-pouvoir d’entendre les couleurs.
Deux ans et demi. C’est le temps qu’il aura fallu à Google Arts & Culture et au Centre Pompidou pour imaginer « Dans l’intimité de Kandinsky », une immersion digitale dans l’univers du pionnier de l’abstraction, réalisée à partir du fonds pléthorique du musée, 3 700 œuvres, photos, manuscrits légués par la veuve de l’artiste en 1981. Travail titanesque et résultat époustouflant où l’on plonge dans la vie et l’œuvre de l’artiste, appréhendant son monde à travers ses yeux, mais aussi ses oreilles. C’est d’ailleurs toute la gageure de l’expérimentation interactive inédite proposée, qui invite à découvrir le don de synesthésie de l’artiste. Un super-pouvoir qui lui permettait d’associer couleurs et formes à des sons et des émotions, comme si en même temps qu’il peignait, Kandinsky composait une partition dans sa tête. Associations théorisées dans plusieurs de ses ouvrages et dont deux musiciens, Antoine Bertin et NSDOS, se sont emparés pour traduire l’un de ses chefs-d’œuvre « Jaune, Rouge, Bleu » de 1925, en sons, harmonies et vibrations.
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Ecouter la peinture
Dans « Play a Kandinsky », le « regardeur » peut ainsi cliquer sur des ronds de couleur pour découvrir les instruments associés – l’orgue pour le bleu, le violon pour le rouge, la trompette pour le jaune… –, puis parcourir le tableau en passant d’une composition à une autre, mais aussi partir des émotions que le peintre avait répertoriées pour créer sa propre partition. Alors, gadget ou véritable apport à l’œuvre ? La conservatrice et spécialiste de l’artiste, Angela Lampe, en charge du projet, répond que « ce n’est pas une simple lubie puisque nous nous sommes rigoureusement appuyés sur les écrits de l’artiste, mais il s’agit là d’une interprétation car nous ne sommes pas dans la tête de l’artiste ». Et d’ajouter, « écouter sa peinture est émouvant ». Comme le sont aussi les milliers de photographies issues des archives personnelles des époux Kandinsky, où l’on découvre l’homme derrière la toile, ses débuts en Russie, ses amitiés fécondes avec Sophie Taeuber-Arp ou le compositeur Arnold Schönberg aux côtés duquel il pose en maillot de bain, avant leur brouille, et son atelier à Neuilly-sur-Seine, dernière demeure où le peintre s’installe en 1933 après une vie d’exil. Mais l’intime côtoie aussi le muséal avec la « Pocket Gallery », exposition de poche en réalité augmentée où douze de ses chefs-d’œuvre témoignent de son cheminement dans l’abstraction. L’occasion d’explorer au plus près ses explosions de couleurs jubilatoires, ses ballets de corps célestes, ses lignes serpentines et ses géométries lyriques. En attendant la réouverture des musées, on s’y perd avec délice.
centrepompidou.fr et artsandculture.google.com
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