Tout ce qu’il faut savoir sur Alber Elbaz

C’est une nouvelle qui a pris l’industrie de la mode de court. Alber Elbaz, le créateur qui avait su réveiller la belle endormie Lanvin, s’est éteint à Paris, le 24 avril 2021, des suites du covid-19.

Si depuis sa séparation d’avec la maison Lanvin il s’était fait plus discret, les nombreux témoignages d’affections émanants autant des professionnels de la mode que du grand public montre à quel point il a marqué des générations de créatifs et d’amoureux de la mode.

Retour sur la vie d’un designer qui a su magnifier le corps des femmes de par ses créations.

Alber Elbaz, de Guy Laroche à Lanvin

C’est en 1961 qu’Alber Elbaz naît au Maroc, à Casablanca. D’une famille de cinq enfants, le jeune Albert part pour Tel-Aviv, où il passera toute son enfance.

Même s’il aime dessiner des silhouettes féminines parées de jolis vêtements, Alber Elbaz se voit plutôt médecin. Mais c’est finalement la mode qui va s’imposer à lui et, comme une évidence, il intègre le Shenkar College of Textile Technology and Fashion, une prestigieuse école de stylisme en Israël.

Ambitieux, Alber Elbaz rassemble ses quelques économies et part à New York en 1985 pour découvrir le monde et tenter sa chance. Il va apprendre le métier avec le styliste des stars new-yorkaises, Geoffrey Beene. C’est là qu’il découvre toutes les facettes de ce métier qui le passionne. 

Et en 1997, Ralph Toledano lui propose d’être le nouveau directeur de la création de la maison Guy Laroche. Il accepte et part donc à Paris. 

Chez Guy Laroche, Alber Elbaz s’intéresse à toutes les étapes de la création et ne se contente pas de dessiner. Il ne reste qu’une année chez Guy Laroche, le temps de se faire remarquer et acclamer par les critiques mode. Pierre Bergé lui demande de rejoindre Yves Saint Laurent. Il accepte et prend les commandes de la direction artistique de la collection féminine. Alber Elbaz donne un coup de neuf à la maison et arrive à séduire une clientèle plus jeune.

En 2000, Gucci rachète Yves Saint Laurent et Alber Elbaz préfère partir. Il prend alors une année sabbatique largement méritée, avant de replonger dans le monde de la mode en 2001 avec sa nouvelle aventure, Lanvin. Il y officie en tant que directeur artistique des collections accessoires et prêt-à-porter femme et y apporte sa touche avant-gardiste tout en respectant les codes d’élégance et de sobriété de la marque. 

Le designer des femmes

La question du male-gaze fait depuis quelques temps l’objet d’une conversation dans la mode. Des hommes qui dessinent pour des femmes, ça interroge à l’heure où les questions de genre et de droits des femmes font l’actualité. Mais certains designers ont su comme nulle autre non pas imposer une vision du féminin mais sublimer les formes du corps tout en gardant une oreille attentive sur ce que les femmes avaient envie de porter.

Il y a Azzedine Alaïa bien entendu, Yves Saint Laurent, Gianni Versace mais aussi Alber Elbaz. Et c’est au sein de la maison Lanvin qu’il le montrera le plus, en lançant des tendances qui ont marquées 15 ans de mode.

Comme si les coups d’éclat stylistiques et les ventes de ses collections ne suffisaient pas à prouver son talent, le créateur a été salué par ses pairs et récompensé à de nombreuses reprises. Ainsi, en 2005, il reçoit l’International Fashion Award, décerné par le très prestigieux Conseil des Créateurs de Mode Américain (CFDA).

En 2006, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur, l’année suivante, il reçoit le Design Star Award, puis, en 2010, le prix du Meilleur designer de l’année. La récompense ultime.

Malgré un emploi du temps bien chargé, Alber Elbaz  s’est permis quelques collaborations et activités annexes : en 2010, il conçoit une collection pour H&M, imagine, pour Lanvin et La Poste, deux timbre-poste en l’honneur de la St-Valentin, et  dessine, en 2013, une robe pour Minnie à l’occasion du 20e anniversaire de Disneyland Paris.

En 2015, il se consacre à une autre passion, la photographie, en exposant près de 300 de ses travaux pour Lanvin – présentés sous forme de manifeste sur le lien entre corps et création – à la Maison européenne de la Photographie à Paris.

La nouvelle page d’Alber Elbaz

Fin 2015, à la suite de désaccords stratégiques avec Shaw-Lan Wang, propriétaire de la marque, le styliste-vedette se voit congédié après plus de 14 ans de bons et loyaux services, provoquant les protestations des salariés de la maison  et l’indignation de nombreuses personnalités de la mode.

Par la suite, la maison peinera à trouver un designer qui lui donnera la même place sur la scène internationale que celle conférée par Elbaz prouvant ainsi, que contrairement à ce que la mode aime parfois à faire croire, tout le monde n’est pas remplaçable.

Cinq ans après son départ de Lanvin, le créateur revient sur le devant de la scène avec AZ Factory, une maison de mode aux designs inclusifs qui avait pour volonté de rompre avec la manière traditionnelle dont l’industrie de la mode créé des vêtements et mène son business.

Un nouveau projet qu’il n’aura malheureusement pas le temps de développer. 

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