Qui se cache derrière Chantal Thomass ?

Née à Malakoff d’une mère couturière d’usine et d’un père ingénieur, Chantal Genty, de son vrai nom, grandit dans le quartier bourgeois de Saint-Germain. C’est à cette époque que, s’inspirant des vitrines du secteur, elle crée ses propres patrons, que sa mère reproduit. Dès l’école, trouvant que ses uniformes sont trop désuets, elle les modifie à son goût. Elle se marie avec Bruce Thomass, dont elle est aujourd’hui divorcée, après avoir abandonné l’école à 16 ans et intégré une école de dessin. Un passage remarqué chez Dorothée Bis, puis elle fonde sa propre marque en 1967.

Baptisée « Ter et Bantine », celle-ci bouscule tous les codes de la mode de l’époque. Pour la première fois, la styliste introduit la lingerie dans les défilés de prêt-à-porter, inversant ainsi la place du sous-vêtement : « Le dessous prend le dessus. »

Son style, tout à la fois bohème et sophistiqué, inspiré des cabarets et utilisant des matières étonnantes séduit immédiatement des stars, comme Brigitte Bardot, qui contribue énormément au succès de la marque. En 1975, elle crée sa marque éponyme et donne son premier défilé sous sa griffe l’année suivante. Décryptage.

Des années difficiles

Devenue synonyme de glamour et de séduction, la marque Chantal Thomass, dont le logo en ombre chinoise est tout aussi reconnaissable que son style, n’a pas toujours connu des jours heureux. Car après de graves difficultés financières, la maison doit déposer le bilan en 1985.

« L’avenir de la marque de lingerie Chantal Thomass sera entre de bonnes mains puisque les prochaines collections seront toujours conçues par une grande maison française spécialisée dans la lingerie qu’est la société Chantelle ».

La marque est alors remise à flot par des capitaux japonais du groupe World, qui finit par devenir majoritaire et licencier Chantal Thomass, après un grave conflit interne. La créatrice perd alors l’usage de sa marque qui, en 1996, est mise en liquidation volontaire. Mais grâce à sa ténacité et sa détermination, la styliste a fait de sa marque de lingerie une griffe de luxe reconnue dans le monde entier. 

Un nouveau départ 

Après trois ans de procès, Chantal Thomass récupère enfin sa marque. Elle intègre alors le Groupe Sara Lee, propriétaire à l’époque de la marque culte de collants DIM. En 2011, DIM décide de se séparer de la griffe Chantal Thomass pour la revendre au groupe Chantelle, qui possédait déjà de nombreuses lignes de lingerie et le réseau de boutiques de lingerie Orcanta.

La marque de lingerie apprend alors à se diversifier, avec le lancement d’une ligne de bas et de collants développés par Wolford, une gamme d’accessoires, des parfums, ou encore des lignes de maquillage. Parallèlement à son développement international, puisqu’elle est présente dans une trentaine de pays, la marque Chantal Thomass collabore régulièrement avec des marques très éloignées de l’univers de la mode comme Coca Cola, Barbie pour son cinquantième anniversaire, ou encore Nivea.

La fin d’une ère… et une nouvelle identité 

Après avoir passé plus de 45 ans à révolutionner la lingerie féminine, la créatrice annonce en décembre 2019 qu’elle quitte la direction artistique de sa marque. Pour autant, celle qu’on surnomme « la reine française des froufrous » n’entend pas tirer son chapeau. Dans un communiqué, la styliste a déclaré qu’elle souhaitait « renforcer ses activités créatives, au profit d’une présence encore plus marquée dans de nouveaux univers « .

« Si mes activités, démarrées il y a quarante ans, sont surtout connues pour la lingerie et la mode, en réalité, elles ont toujours été diversifiées ». 

Ces dernières années, Chantal Thomass a oeuvré dans les secteurs du design, de la décoration et de l’hôtellerie. Elle a également signé la direction artistique d’un show pour le Crazy Horse en 2016.

La marque de dessous féminins est maintenant dirigée par un binôme formé par Natacha Jacquier-Laforge, bras droit historique de la fondatrice nommée à la direction créative à son départ et Renaud Cambuzat, directeur artistique image du groupe CL. La griffe s’est dotée depuis d’une nouvelle identité : des formes plus légères, une touche sportive et une nouvelle palette de couleurs. 

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