Pourquoi la Corée du Nord interdit officiellement le port du jean skinny
La Corée du Nord veut en finir avec les tendances venues d’ailleurs. Tout en haut de sa liste de vêtements à bannir figure le jean moulant.
C’est une nouvelle aversion pour le skinny. Mais cette fois, elle ne vient pas des médias, ni des experts de mode qui, depuis son ascension dans les vestiaires il y a plus de vingt ans, prédisent régulièrement sa mort pour des questions esthétiques. Le pantalon moulant est ici dans l’œil du cyclone du régime nord-coréen en raison du «mode de vie capitaliste» qu’il représente. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, Pyongyang l’a officiellement interdit tout comme les tee-shirts de marque, les piercings au nez et aux lèvres, les coupes mulets, les cheveux teints ou hérissés qui ne répondent pas aux quinze coiffures «correctes» listées dans un récent décret.
Veste pimpante, sac à main, bijoux et téléphone portable : une Coréenne typique de la jeunesse favorisée, sur l’avenue Ryomyong.
Dans cette société corsetée, les signes d’émancipation sont discrets mais marquent de réelles mutations. Les femmes s’intéressent à la mode et affichent un style vestimentaire plus audacieux, personnel.
Autre nouveauté : elles acceptent avec plaisir le regard frontal du photographe et s’en amusent, chose impensable il y a quelques années.
Dès qu’elles sont mères, les femmes ne sont plus obligées de pointer à l’usine ou au bureau. Elles peuvent donc développer une économie privée inédite en Corée du Nord.
« Le pays peut s’effondrer »
Pour comprendre cette interdiction prononcée à l’égard du jean moulant né à la fin des années 1990, l’agence Yonhap revient sur un article récemment publié par Rodong Sinmum, le journal officiel du gouvernement nord-coréen. Celui-ci s’inquiète du fait que les jeunes Nord-Coréens adoptent de plus en plus les codes de la mode occidentale. «Nous devons nous méfier du moindre signe du mode de vie capitaliste et lutter pour nous en débarrasser», expliquait la publication. Et de poursuivre : «L’histoire nous enseigne la leçon cruciale qu’un pays peut devenir vulnérable et finalement s’effondrer comme un mur, indépendamment de sa puissance économique et de défense si nous ne nous accrochons pas à notre propre style de vie».
La mesure vient formaliser une règle non écrite qui encadre depuis des années ce que les Nords-Coréens portent dans la vie publique et privée. Pour s’assurer de la bonne application de ces restrictions, le régime peut compter sur la vigilance appuyée de sa «Ligue de la jeunesse patriotique et socialiste». La petite armée de jeunes communistes dirigée par le régime s’est fixée l’objectif de faire de la jeunesse «la relève fiable de demain», en s’assurant notamment que la population ne porte pas des vêtements trop «étrangers». En quelque sorte, une police de la mode qui peut arrêter et réprimander.
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