Petite histoire de la mode punk
L’expression « punk » reste associée aujourd’hui à la période 1976-1980, en particulier avec les Sex Pistols. Que reste-t-il de la mode punk, ce vestiaire anticonformiste et populaire des années 70 ?
Restez informée
Le grand détournement des motifs
Contestataire, le punk bouscule sans complexe les symboles britanniques. Le kilt est ainsi enfilé sur un pantalon et son célèbre tissu à rayures, le tartan, se retrouve en imprimé sur des pièces de coton. L’Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni avec ses 3 croix superposées, trône lui en majesté sur les tee-shirts ou est emprisonné dans des badges. Même le portrait de la reine est épinglé, devenant un motif parmi d’autres et nouveau pied de nez à l’ordre établi.
La résille
Elle avait l’habitude de se montrer en bas et en socquettes. Avec les punks, la résille monte d’un cran. Ce tissu filet dans lequel étaient autrefois emprisonnés les chignons des Espagnoles devient ici le nec plus ultra du négligé. Selon les envies et les humeurs, il se retrouve associé à la maille, dès lors qu’elle est distendue. L’ensemble, sans tenue et impudique, laisse alors apercevoir peau et tétons pour ces messieurs, soutiens-gorge pour ces dames.
Le tee-shirt « manifeste »
Le vêtement se politise et devient un étendard avec Vivienne Westwood. Les tee-shirts, en particulier, offrent de parfaits supports à message. Les « No Future », « Fuck », « Destroy » y prospèrent, associés ou pas à des svastikas ou étoiles rouge communistes. Le « A » d’anarchie n’est pas non plus en reste. Tracés au feutre, ces slogans célèbrent le fait maison, soit ce « do it yourself » si plébiscité par le mouvement en réaction à la société consumériste.
Les Doc Martens
Après-guerre, un soldat allemand blessé, le Dr Klaus Maertens coud à son soulier une semelle à coussin d’air pour faciliter sa guérison. Des années plus tard, il vend son concept de chaussure orthopédique à un fabricant anglais qui, après l’avoir mise à son goût, la commercialise le 1er avril 1960 sous le nom de Dr. Martens 1460. Aux pieds des facteurs et des ouvriers, elle est adoptée par les punks, également adeptes des Creepers pris au rockabilly.
Zips, chaînes, sangles et épingles
Bien loin des hippies et de leur doucereux peace and love, ce courant ne fait pas vraiment dans la dentelle, flirtant plutôt avec les registres des bikers, du bondage et du sadomasochisme. Avec ces voyous (le sens du mot punk), les chaînes de vélo deviennent ceintures, les colliers pour chien des ras-du-cou, les lames de rasoir des pendentifs, les clous et les épingles à nourrice des broches… Même le latex est de la partie. Pour la petite histoire, la boutique tenue par Vivienne Westwood au 430 King’s Road avec son compagnon Malcolm McLaren est rebaptisée Sex en 1974. Une référence au nom du groupe Sex Pistols, managé par ce dernier.
Têtes en l’air
Tout est étudié pour déplaire. Les cheveux décoiffés sont collés pour former au sommet du crâne des crêtes à l’« iroquoise », alors que les tempes sont rasées. Ils sont à l’occasion colorés, évidemment en des teintes voyantes. Vert, bleu… Dame Westwood a, quant à elle, une préférence pour le orange fluo. Ces coiffures sont assorties à un maquillage très appuyé, les yeux cernés de noir. Dernières touches contestataires à souhait : les piercings et les tatouages, aperçus sur le corps comme sur le visage : des têtes de mort bien sûr, mais aussi les fameux trois points en triangle du « mort aux vaches ».
Aujourd’hui, le punk, ça déchire toujours
Le jean déchiré, hier summum de la provocation, est aujourd’hui assimilé. Le cuir perfecto, emprunté par les punks à la scène rock, et percé de clous et de badges, revient aussi en force, comme les tee-shirts à message. L’esprit anticonformiste version Westwood est toujours vivant, animant les défilés de la Britannique de presque 80 printemps. S’il est au service d’autres causes, écologiques, il demeure contestataire.
A lire aussi :
⋙ Photos – Découvrez la nouvelle collection très punk Ikea créée par la styliste Bea Akerlund
⋙ Les punks iraniennes ôtent le voile sur Instagram
⋙ Bijoux : punk, juste ce qu’il faut
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°16 novembre-décembre 2020
Source: Lire L’Article Complet