Les diamants sont-ils vraiment éternels ?

Après la fermeture de la mine d’Argyle, en Australie, et avec la bataille actuelle pour les pierres de taille, le marché minéral est en pleine mutation. Retour sur une transition.

On les savait rares, exceptionnels, et ils semblaient éternels. Rien qu’en 2019, 138.166.286 carats de diamants ont été extraits du sol. Parmi cette production faste se trouvent quelques pierres de taille à couper le souffle, qui ont été depuis raflées par les grands noms de la place Vendôme, à Paris. En tête, Louis Vuitton, avec son mystérieux Sewelô de 1758 carats, et Tiffany & Co., avec un diamant blanc de 80 carats, qui sera serti sur une parure extraordinaire, inspirée d’une archive de 1939, le jour de la réouverture de la boutique new-yorkaise de la 5e Avenue.

Pourtant le monde feutré de la joaillerie est en émoi. En cause, une breaking news tombée en novembre 2020 annonçant la fermeture de la mythique mine d’Argyle, en Australie, qui produisait 80 % des diamants roses dans le monde. Un point de bascule sans précédent, qui a mis en lumière les nouvelles pistes et réflexions du secteur de la joaillerie pour répondre à la demande de leurs clients.

Éthique et traçabilité

«Cette fermeture a eu beaucoup d’écho, car nous n’avons pas vraiment été confrontés à ce cas de figure dans notre ère, précise Mina El Hadraoui, directrice France du Natural Diamond Council, qui supervise 75 % de la production mondiale de diamants. Cependant, il n’y a pas de raison de céder à la panique. L’offre répondra toujours à la demande, que ce soit en extraction ou en seconde main. Mais n’oublions pas non plus que ce qui fait la valeur du diamant, c’est sa rareté. Et qu’on le veuille ou non, il est voué à disparaître.» Face à ces stocks mouvants, les maisons mettent désormais en avant la traçabilité et l’éthique de leurs diamants. Une quête de vérité destinée aussi à la nouvelle génération, qui ne veut plus de pratiques douteuses derrière leurs achats. «Nos clients méritent de savoir d’où proviennent leurs pierres, et nous sommes désormais capables de le faire», confirme Victoria Reynolds, la gemmologue en chef de Tiffany & Co.

Nuancier précieux

Face à la raréfaction des diamants, certaines maisons les associent dans leurs collections de haute joaillerie à des pierres ornementales de couleur, comme l’a fait Chaumet avec l’indigolite, Louis Vuitton avec l’aigue-marine ou Cartier avec la kunzite. Si Victoire de Castellane fut pionnière en la matière, cet arc-en-ciel mêlant gemmes précieuses et semi-précieuses se répand désormais.

«Chez Cartier, ce ne sont pas des pierres de substitution, elles ont leur intérêt propre», précise cependant Pierre Rainero, directeur de la haute joaillerie maison. «Les marchands nous les apportent bien volontiers, car ils savent qu’on leur prête un intérêt croissant. D’ailleurs, aujourd’hui, une très belle aigue-marine avec un caratage important ou une rubellite commencent à atteindre des prix significatifs», ajoute-t-il. Jusqu’au jour où ces dernières disparaîtront aussi de la terre, mais ça, c’est une autre histoire…

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