La révolution punk des Riot Grrrl

Elles étaient punk, elles étaient fun, elles étaient féroces. Et elles ont fait la révolution féministe dans la musique underground. Interview de Marthilde Carton, auteure d’un livre sur les Riot Grrrl.

ELLE. Les Riot Grrrl, c’était qui, c’était quoi ?

MATHILDE CARTON. C’est un mouvement musical, avec des groupes comme Bikini Kill, Bratmobile, Sleater-Kinney, mais aussi un mouvement social. Il y a trente ans, sur un campus américain, des filles ont décidé qu’elles allaient créer leur propre scène artistique parce qu’elles en avaient marre d’entendre : « Toi, t’es une fille, donc tu ne sais pas jouer de guitare »… À partir de là, ces étudiantes s’emparent de leurs stylos, de leurs instruments pour dire leurs rêves et leurs désillusions. Et elles montent sur scène pour raconter ce qu’elles ont dans les tripes.                                                            

ELLE. Même si elles ne connaissent rien à la musique…

M.C. À la fin des années 1970, avec l’émergence du punk, apparaît l’idée que n’importe qui peut faire de la musique. Elles viennent de là. Ce n’est pas grave si tu n’es pas bonne. Plus tu feras, meilleure tu seras. La légitimation par l’expérience.                

ELLE. Elles ne rencontreront pas le succès populaire et paieront le prix de leur intransigeance…

M.C. Elles avaient un message et des méthodes radicales. Elles faisaient des fanzines et ne voulaient pas parler à la presse mainstream. Or, comment faire une révolution si on n’emporte personne dans son sillage ? Cette pureté militante, c’est quelque chose que l’on retrouve dans de nombreux mouvements sociaux, et qui rend difficile de toucher le plus grand nombre.           

ELLE. Leur combat résonne encore aujourd’hui ?

M.C. Le néo-féminisme actuel est en effet très proche de ce qui a été leur combat. Ce qui est étonnant, c’est qu’elles l’ont fait en circuit presque fermé. Aujourd’hui le message passe un peu mieux. Si ces thématiques ont émergé dans le débat public, c’est qu’il y a eu une forme de conscientisation, d’éducation au sujet. En partie grâce à elles. Leur propos a été absorbé et digéré par toute la société.               

« Riot Grrrl. Revolution girl style now », de Mathilde Carton (éd. Le Mot et le Reste).

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