La nouvelle lubie du double masque
Face aux variants du Covid-19, beaucoup plus contagieux, le double masque suscite un emballement soudain aux États-Unis. Bonne ou mauvaise idée ?
L’engouement des Américains pour le double masque aurait tout d’une tendance, si l’enjeu n’était pas de sauver des vies. Joe Biden serait alors l’influenceur en chef. Le président des États-Unis ne quitte plus son masque chirurgical, doublé d’un modèle en tissu noir, sa marque de fabrique. Lors de son investiture en janvier, les visages doublement masqués étaient omniprésents, à commencer par ceux de Kamala Harris et Amanda Gordman. Tom Cruise aussi a cédé aux sirènes de la superposition des couches sur un tournage à Rome, en novembre dernier, ou encore Demi Moore, à Paris, fin janvier.
Pour tous ces adeptes, le port du double masque vise à mieux se protéger. En particulier contre les nouveaux variants du virus, beaucoup plus contagieux, qui ont remis en cause l’efficacité des masques en tissu faits main. Face à ces mutants, les experts scientifiques affirment que les modèles dits de «catégorie 2» ne filtrent plus qu’à 70%. En France, le gouvernement a appelé à ne plus les utiliser, suivant l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publié le 18 janvier 2020. Et recommande de n’utiliser que les FFP2 (les plus protecteurs), les chirurgicaux et les masques en tissu industriels dits «de catégorie 1».
La vice-présidente américaine Kamala Harris porte le double masque lors d’un discours aux National Institutes of Health, à Bethesda. (Maryland, le 26 janvier 2021)
« Du bon sens »
Aux États-Unis, on prône les deux couches. Et il y a une raison à cela : la pénurie des masques FFP2 dont les modèles disponibles sont principalement réservés aux soignants. Ces recommandations ont été données de façon informelle par le docteur Fauci, l’infectiologue-star réputé pour ses expertises apportées aux sept derniers présidents durant leur mandat. Doubler les masques fonctionne comme «une couverture physique qui empêche les gouttelettes et le virus de passer. Si vous ajoutez une autre couche, c’est du bon sens que cela sera plus efficace», a-t-il expliqué sur le plateau de l’émission «Today» le 25 janvier. Quid des autres avis scientifiques sur l’efficacité de la superposition des masques ? Pour l’heure, les propos de l’infectiologue n’ont pas reçu l’aval du Centers for Disease Control and Prevention, l’agence de santé publique américaine, qui attend les résultats d’études avant de se positionner.
En vidéo, les gestes à adopter quand on porte un masque contre le Covid
En attendant que les chiffres parlent sur l’efficacité et les inconvénients (comme les difficultés de respirer face à un port prolongé), le double-masque ne cache pas sa revendication stylistique, consistant à donner une parole mode et personnalisée à l’objet et dédramatiser le port du modèle chirurgical. Et quand ce n’est pas une affaire de mode, c’en est une plus politique qui se cache sous la double couche. On se souvient de l’histoire entre Donald Trump et le masque, une sorte de «je t’aime moi non plus». Revendiquer le port du double masque peut être perçu comme l’affirmation d’un nouveau style, d’une nouvelle politique, et d’une position claire face au camp du précédent locataire de la Maison-Blanche.
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