La musique tarantinesque de La Femme

Il est pop, il est drôle, il annonce le printemps… Voici le troisième album du groupe La Femme, toujours aussi hybride et surprenant.

La Femme s’appelle « reviens ». Cinq ans après leur deuxième album, « Mystère », le groupe pop fait son grand retour avec « Paradigmes », un troisième opus feu d’artifice, d’une inventivité jouissive. Rock sixties, électro-pop, cold wave, musique turque, voix d’opéra, chanson italienne… Les cofondateurs Marlon Magnée et Sacha Got, d’origine basque et amis d’enfance, devenus célèbres en 2013 avec « Psycho Tropical Berlin », mélangent encore une fois tous les styles. Un peu comme s’ils avaient à leur disposition une garde-robe chatoyante où piocher au fil de leur inspiration. « Ou comme si on était des artisans pâtissiers qui rajoutaient ici un peu de crème, là un peu de sucre, explique Marlon Magnée. Tout est dosé avec une précision minutieuse. Chaque morceau passe d’ailleurs par un crash test, comme pour les voitures ou les machines à laver, on les essaie mille fois avant de les lâcher. » Le mot d’ordre de cette musique tarantinesque, qui reste surprenante après plusieurs écoutes ? Peut-être pas « Foutre le bordel », titre punk de l’un des quinze morceaux, mais élargir le cadre, sublimer le quotidien, redonner fun et sens à nos existences rétrécies. « La musique a quelque chose de mystique, assure Marlon. Elle apporte de la profondeur à nos vies, qui paraissent du coup moins insignifiantes. Sinon, on vit, on bouffe, on meurt, et quoi ? » 

Obsessionnels, perfectionnistes, les deux auteurs-compositeurs-musiciens sont aussi des rassembleurs-nés, car La Femme, c’est un groupe à géométrie variable et un vivier de talents féminins. Clara Luciani y a fait ses premières armes, ainsi que Clémence Quélennec (qui chante sous le nom d’Aja) ou Sarah Benabdallah, désormais en duo avec Paupière. « Clara fera toujours partie de la famille », décrète, admiratif, Sacha Got. Une famille qui s’est encore élargie avec une foule colorée de figurants pour les clips de leurs quinze chansons, qui seront réunis plus tard sous forme de film. « Le Sang de mon prochain » explore les codes du film d’horreur, tandis que « Disconnexion » se projette sur un plateau télé vintage, avec un hilarant Michel Foucault interprété par Sacha Got, qui pérore doctement sur « la pensée nihiliste et les philosophes tragiques ». « On a toujours aimé les sketchs des Inconnus ou des Nuls, et on a eu envie de faire les nôtres, explique Marlon Magnée. On est yin et yang, à la fois sérieux et pour l’humour. »                                         

« PARADIGMES » (Disque Pointu/ Pias/ Idol).

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