La folie Vinted : pourquoi tout le monde est accro à cette application ?

Alors que le marché de la seconde main est en pleine expansion, la plateforme de revente en ligne de mode Vinted connaît un succès fracassant… qui ne va pas sans quelques critiques. L’association de consommateurs UFC- Que Choisir annonce ce mardi lancer une action en justice contre la plate-forme. Retour sur cette folie Vinted.

«Tu ne le portes pas ? Vends-le !» Impossible de passer à côté de ce slogan accrocheur, placardé dans le métro, aperçu à la télévision, sur YouTube… Celui de Vinted, plateforme en ligne de vente de vêtements entre particuliers, fondée en 2008 par deux amis, les Lituaniens Milda Mitkute et Justas Janauskas à Vilnius. Le site a vite dépassé la frontière lituanienne.

Vinted est aujourd’hui présent dans douze pays : Royaume-Uni, États-Unis, Autriche, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Pologne, République Tchèque… Et en France depuis 2013, qui, talonnée par l’Allemagne, est son marché le plus florissant. Sur les 30 millions d’utilisateurs en Europe, 12 millions sont français. L’entreprise ne dévoile pas le ratio hommes-femmes, mais précise que ces dernières sont majoritairement présentes sur le site. Des «Vinties», comme elles sont appelées, en moyenne âgées de 18 à 35 ans.

Une application gratuite ?

L’application se dit gratuite, mais reste toutefois une commission à la charge de l’acheteur. «Vinted ne facture pas de frais pour l’inscription et la vente d’articles : les vendeurs reçoivent l’intégralité du montant de leurs ventes. Les acheteurs bénéficient de la protection acheteur qui, sur notre plateforme française, représente 5% du prix d’achat, plus un montant forfaitaire de 0,70 euros», précise Marion Astier, directrice de la création chez Vinted. Une commission dénoncée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir qui assigne la plate-forme de vente de vêtements de seconde main devant la justice, dénonçant une «pratique commerciale trompeuse». Dans le viseur de l’association, des frais automatiques au moment de l’achat, alors qu’ils sont présentés comme optionnels et protégeant les acheteurs.

À quel point cela est-il profitable à Vinted ? La plateforme ne souhaite pas répondre à ce sujet, mais le site de vente revendique une forme insolente confirmée par une levée de fonds record, annoncée ce mercredi 12 mai, de 250 millions d’euros (la précédente, d’un montant de 128 millions d’euros, avait été réalisée en novembre 2019).

La seconde main en plein boom

Une success story qui se poursuit si l’on se fie à l’enthousiasme pour les vêtements de seconde main, dont la consommation devrait dépasser en valeur celle des vêtements neufs d’ici 2028 d’après le rapport de Thred Up. La seconde main affiche des progressions annuelles 20 fois supérieures à celles du neuf, 15 % à 20 % en moyenne, 50 % pour la seule année 2019. En bref, un contexte favorable à l’essor de Vinted, que vient encore appuyer la tendance à l’épure dans le dressing, insufflée par Marie Kondo et sa méthode de rangement par le vide.

En vidéo, l’art du rangement selon Marie Kondo

Moins généraliste que le français Le Bon Coin ou l’historique Ebay, le site a développé son ergonomie pour être très facile à utiliser. Il se veut en outre plus accessible que d’autres plateformes dédiées aux marques de luxe, comme Vestiaire collective ou Vide dressing. Du sac en cuir griffé au petit débardeur en coton, on peut trouver de tout sur Vinted… À ses risques et périls, puisque si la plateforme demande des preuves d’authenticité pour les articles de luxe mis en ligne, la plupart des utilisatrices que nous avons contactées nous ont exprimé leurs réticences à s’offrir ce type d’articles sur Vinted. Plusieurs pointent même des tentatives de hameçonnage, renvoyant vers des mails douteux.

Des discussions ubuesques

Si elle a l’avantage de ratisser large dans la course des plateformes de revente, elle porte en germe tous les inconvénients liés à l’uberisation. Un service après-vente quasi inexistant – on confirme qu’il est très difficile de joindre un représentant – des négociations sans cadre entre particuliers, parfois agressives, souvent insistantes… Mais surtout hilarantes lorsqu’on les regarde à froid, comme le montre ce compte Instagram (bien nommé) qui compile les perles des conversations entre Vinties. Créé en mars dernier, il compte déjà plus de 59.000 abonnés.

https://instagram.com/p/Bv13NX6FUkh

Acheter « seconde main »… au rythme de la « fast fashion »

Vinted reste toutefois pour beaucoup une façon d’économiser de l’argent, que cela passe par la vente de ses vêtements ou des achats peu onéreux. Mais cette manne financière n’est-elle pas systématiquement réinvestie ? C’est aussi ce à quoi pousse le site, avec son porte monnaie virtuel à dépenser auprès d’autres dressings en ligne et ses prix défiant toute concurrence. Un mécanisme qui n’est pas sans rappeler celui de la fast fashion, dont Vinted se veut pourtant l’antithèse.

* Initialement publié le 26 avril 2019, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.

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