Et si les vêtements du futur grossissaient avec nous ?

Dans le secteur de la mode, les algues promettent une avalanche d’innovations. Parmi elles, celle du vêtement «vivant» qui est capable de s’adapter aux variations du corps. Et de se régénèrer comme par miracle.

Imaginez qu’un jean devenu trop serré s’adapte à vos nouvelles formes, qu’un tee-shirt troué se régénère en quelques jours, qu’un pantalon se mette à grandir tout seul pour accompagner la croissance du petit dernier ou que votre robe passée de mode ne finisse plus jamais à la poubelle. Des concepts utopiques ? Voire un peu fous ? Peut-être, mais suffisamment crédibles pour être creusés par les chercheurs.

Un peu partout dans le monde, les études se multiplient sur ces questions et affichent des formules «biotextile» ou «textile vivant» rendant possible un monde où le vêtement se crée tout seul, ou presque. Et où l’habit ne sera plus une source de déchet polluant, car capable de se décomposer en compost ou de se faire choyer longtemps comme un être vivant.

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L’algue qui change tout

Le matériau star qui légitime cette projection n’est autre qu’une algue qui, d’après des chercheurs américains et néerlandais, pourrait permettre de produire des habits durables et «vivants», entre autres. Ses propriétés résistantes et résilientes laisseraient également envisager une utilité à des fins médicales ou d’explorations spatiales.

Plus concrètement, elle prend la forme d’une poudre appelée cellulose bactérienne qui donnerait l’apparence d’un tissu capable de «survivre de manière stable pendant au moins trois jours sans nutriments», détaillent les scientifiques dont l’étude a été publiée dans la revue Advances Materials. Sa durée de vie se prolongerait grâce à la photosynthèse, processus par lequel la plante élabore son propre aliment en absorbant de l’eau, de la lumière produite par le soleil et du gaz carbonique qu’elle rejette en oxygène. Dès lors, place à la magie de la nature : le vêtement aurait toute capacité à se régénérer. Comprendre, à calquer la forme d’un corps qui change, ou encore à combler un trou si celui-ci venait à apparaître.

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Tongs biodégradables

L’algue affiche également des vertus écologiques et pourrait bien être la matière révolutionnaire qu’on attendait pour remplacer le coton (vorace en eau) ou encore le polyester (très polluant) de nos vêtements. Beaucoup croient à une démocratisation prochaine du matériau, à l’instar de Stephen Mayfield, professeur de sciences biologiques à l’UC San Diego qui a fabriqué des tongs biodégradables. D’après lui, l’algue, notamment dans le textile, serait aujourd’hui sur la même lancée que les véhicules électriques il y a dix ans. «Il était clair qu’ils représentaient l’avenir du transport, il fallait juste leur donner du temps», confiait-il à CNN en septembre 2020.

Une veste pour purifier l’air

Roya Aghighi aussi y croit. Cette designer irano-canadienne s’est penchée sur le sujet du vêtement conçu à partir de cellules d’algues avec l’aide de l’Université de British Columbia (UBC). Elle a mis au point un tissu transparent et moucheté visant à purifier l’air qui l’entoure. Tout n’en est encore qu’au stade de prototype ; le sien a pris la forme d’une veste vivante qui utilise la photosynthèse (dont le processus a été expliqué plus haut). Mais la créatrice n’en démord pas : il s’agit là d’une innovation efficace pour réduire l’impact carbone que génère l’industrie du textile, responsable de 10 % des émissions mondiales aujourd’hui. Ne reste plus qu’à convaincre les investisseurs pour rendre le projet accessible au grand public. Et bientot rouler en voiture électrique vêtu d’une combinaison autorégénérante ?

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