En Floride, un établissement censure les décolletés de ses lycéennes sur les photos de classe
La Bartram Trail High School, aux États-Unis, a retouché les clichés de plusieurs élèves portant des hauts échancrés dans son album photo.
Quatre-vingts jeunes filles seraient concernées. Ce dimanche, le « New York Times » racontait dans un article les retouches effectuées par la Bartram Trail High School en Floride, pour cacher les décolletés de ses étudiantes dans l’album photo de l’année. Ainsi, le décolleté de Riley O’Keefe, 15 ans, qui pose tout sourire sur la photo originelle, a été remplacé par un rectangle noir, de la même couleur que son haut. Seules les filles sont concernées par ces retouches. Les garçons, eux, n’ont pas été inquiétés, les photographies de certains d’entre eux posant en maillot de bain moulant ne se sont heurtées à aucune censure.
Yearbook photos of at least 80 female students at Bartram Trail High School in St. Johns County, Fla., were digitally altered to cover more of their chests, according to parents. https://t.co/xH02WUUW9d
Ce samedi, de nombreux élèves et parents ont réclamé des excuses de la part de l’établissement, après la découverte de l’album photo du lycée. Certains d’entre eux demandent aussi la restauration des anciennes photos. Aucun représentant de l’établissement n’a réagi pour le moment. Riley s’est dit d’abord surprise et décontenancée à la vue de sa photo modifiée, puis furieuse. D’autres jeunes filles lui ont confié que ces modifications les avaient faits se sentir sexualisées et exposées. Pour Riley, la Bartram Trail High School doit reconnaître que cet acte « rend les filles honteuses de leur corps ». La mère d’une autre adolescente concernée (Brooke Bartlett, âgée de 15 ans également) estime que « le lycée a fait usage de “body-shaming”. Cela donne à nos enfants l’impression qu’elles devraient se couvrir, qu’elles devraient avoir honte de leur corps. Cela a été humiliant pour beaucoup d’entre elles. »
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Une pétition pour faire changer le code vestimentaire du lycée
Ces retouches photo sont le dernier épisode d’une longue série de mesures strictes prises par l’administration du lycée concernant son code vestimentaire, qui ne s’appliquerait qu’aux filles. La mère de Riley, Stephanie Fabre, et sa belle-mère, Taryn O’Keefe, ont déclaré qu’elles prévoyaient d’assister à une réunion du conseil scolaire pour demander des changements au code vestimentaire, qui interdit aux lycéennes de porter des hauts ou des chemises qui ne couvrent pas « toute l’épaule » ou de venir avec des shorts ou des jupes montant à plus de dix centimètres au-dessus du genou. En mars déjà, plusieurs jeunes filles avaient été convoquées, certaines en plein cours, momentanément sorties de leur classe en raison de leur tenue, sommées de se changer. Le lendemain, certains garçons ont protesté en solidarité avec les filles en portant des robes et des jupes. Aucun d’eux n’a été puni, d’après Riley O’Keefe. Après cet incident, cette dernière a lancé une pétition en ligne pour faire changer le code vestimentaire en vigueur. À ce jour, plus de 5 700 personnes l’ont signée.
Le lycée public, qui compte 2 500 élèves, indique sur son site que les photos de l’album « doivent être conformes au code de conduite des élèves du district scolaire de St. Johns County ou peuvent être modifiées numériquement ».
Christina Langston, une porte-parole du district, a déclaré au St. Augustine Record, un quotidien publié en Floride, qu’un enseignant chargé de la coordination de l’album photo avait fait les modifications. « La procédure de la Bartram Trail High School consistait à ne pas inclure dans l’annuaire des photos qui violeraient le code de conduite des élèves, les modifications numériques étaient donc une solution pour s’assurer que tous les élèves soient inclus dans l’annuaire », a-t-elle aussi expliqué.
Cette affaire fait écho au mouvement survenu en septembre 2020 (porté par le #lundi14septembre) dans plusieurs lycées français. Sermonnées sur leurs tenues, plusieurs lycéennes avaient revendiqué leur droit de s’habiller comme elles le souhaitent, incitant tous les élèves à venir en classe en robe, short, jupe ou mini-haut le 14 septembre. Comme aux États-Unis, elles ont reçu le soutien de certains garçons. Interrogé, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait seulement indiqué que se rendre en classe exigeait de s’habiller de « façon républicaine », une consigne on ne peut plus floue qui avait engendré de nombreuses moqueries sur les réseaux sociaux.
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