Disparu des radars, Alber Elbaz était revenu par la grande porte de la haute couture

L’ancien directeur artistique de Lanvin, qu’il avait quitté de façon tonitruante en 2015, avait lancé une nouvelle marque visant à donner une autre définition de la mode. Elle a été présentée en janvier, à Paris.

Voilà cinq ans que le retour d’Alber Elbaz était régulièrement annoncé. Cette fois, c’était la bonne. La date avait été fixée en janvier, pendant la semaine de la haute couture à Paris, qui s’est tenue du 25 au 28 janvier. Le couturier est revenu avec un label lancé en partenariat avec le groupe de luxe suisse Richemont. Une marque baptisée AZfashion (nom qui comprend la première et dernière lettre du nom d’Alber Elbaz et qui entend repenser le système de A à Z) qu’il présentait comme «axée sur les solutions» et fonctionnant «pour tout le monde».

Son départ de Lanvin en 2015 avait marqué les esprits. Pendant près de quinze ans, il a piloté la griffe française la plus ancienne encore en activité. Pour beaucoup, Alber Elbaz, c’était Lanvin et inversement. Parti de façon tonitruante, le créateur israélo-américain a laissé une maison ayant du mal à renouer avec le succès jusqu’à l’arrivée de Bruno Sialelli en 2019, qui a donné une grammaire stylistique plus radicale, et moins grand soir.

Ces cinq dernières années, Alber Elbaz ne s’est pas totalement effacé de la scène mode. On l’a vu reprendre un départ timide avec Tods en 2019, dévoilant une petite collection d’accessoires. Il a aussi pris la parole à l’occasion de plusieurs conférences données un peu partout dans le monde, donnant alors dans le verbe sans filtre. On l’a entendu déplorer une industrie qui transforme des directeurs artistiques en «créateurs d’images», et dénoncer les relations toxiques entre les PDG et les designers.

Après la présentation du défilé s’ouvre une période difficile : je ressens un vide énorme et le doute ressurgit.

La mode, c’est ça, c’est l’humanité. C’est une paire de ciseaux et des mains qui font des prouesses.

J’aimerais ne présenter que des défilés de femmes, pas des défilés d’habits.

Croquis autoportrait d’Alber Elbaz.

Usine à rêves

De longs réquisitoires à l’encontre du système actuel qui ont nourri un retour réfléchi sur la scène mode. «Nous n’allons pas faire des pré-collections, des collections et des post-collections», confiait le designer au New York Times en 2019 à propos de sa nouvelle griffe. Sa volonté de changer les codes du secteur commence par un vocabulaire repensé : le mot «marque» a été remplacé par «dream factory» (usine à rêves) ou encore «start-up».

Le discours et les contours de la marque ont convaincu le groupe suisse (propriétaire de Chloé) de parier sur elle. «En entendant Alber Elbaz décrire sa vision de la mode et les projets qu’elle lui inspire, je suis à nouveau frappé par sa créativité et sa perspicacité. Son talent et son inventivité, sa sensibilité envers les femmes et leur bien-être seront de grande valeur pour notre groupe et ses maisons», expliquait dans un communiqué Johann Ruppert, le président du conseil d’administration de Richemont.

*Cet article initialement publié le 3 décembre 2020 a été mis à jour.

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