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Défilés automne-hiver 2023-2024 : le premier show glamour et inclusif d’Harris Reed chez Nina Ricci

03/04/2023

L’inclusivité et le body positivism ne sont plus tendance. C’est du moins l’amère constat réalisé par les critiques mode face à l’absence flagrante de mannequins grande taille sur les podiums des dernières saisons. Un retour en arrière déplorable, qui s’accompagne de surcroit de la résurgence ostentatoire d’une maigreur labellisée Y2K reléguant de nouveau les corps jugés non conformes au placard. Mais c’était sans compter Harris Reed, le nouveau directeur artistique de la maison Nina Ricci qui, avec son premier défilé automne-hiver 2023-2024 semble vouloir remettre la diversité (et le glamour !) à l’ordre du jour.

Direction Les Invalides, dans le bâtiment d’architecture classique construit pour l’Expo 1900 qui, encore récemment, faisait office de QG au groupe Air France. Entre les deux rangées de larges baies, la pièce esquisse un catwalk noir et blanc tout en sobriété comme pour ne pas parasiter le défilé haut en couleurs qui attend les invités. Et pour cause, comme le laissait entrevoir la création vitaminée qu’il a imaginé pour l’actrice Florence Pugh lors des derniers Bafta Awards, Harris Reed compte bien distiller les silhouettes grandiloquentes qui ont fait sa réputation au sein de sa nouvelle maison.

Nina Ricci automne-hiver 2023-2024 : une nouvelle ère exubérante

Dès les premiers passages, on comprend rapidement que le couturier ne manque pas à sa promesse, avec une Precious Lee qui ouvre le bal dans une robe plumetis aux volumes exaltés. Jeux de transparence aux drapés subtils, plissés frénétiques et noeuds ostentatoires : le premier thème sous le signe du noir donne le ton d’une collection qui se réclame moins du prêt-à-porter que de la haute couture, faisant preuve d’une execution calibrée et d’une esthétique exacerbée.

Les silhouettes suivantes, portées par un casting tout aussi inclusif, déclinent la grammaire exaltée d’Harris Reed dans une explosion de couleurs tonitruantes et de matières seyantes sur fond de références déjantées aux années 80. Le jaune poussin et le bleu cyan s’affichent ainsi sur des costumes pattes d’eph’ fabuleux tandis que le rose électrique galvanise les volants XXL d’un fourreau noir ou les plumes d’une robe boule extravagantes. La jupe sirène se pare d’un bustier mauve surplombé d’une colombe, le long manteau de cuir se porte ouvert sur un bikini noir à paillettes et la fourrure se travaille en color block, quand elle ne se porte pas en noir et blanc façon diva des grands soirs.

Les accessoires sont tout aussi fous et décadents, avec des plateformes shoes vertigineuses ultra-colorées, des ras de cou floraux androgynes et des chapeaux surdimensionnés à l’ascendance bourgeoise revisitée. Les hommes aussi sont de la partie, avec des mannequins masculins s’affichant dans des outfits délicieusement queer, rappelant le parti-pris d’Harris Reed en faveur d’une mode 100% gender-fluid. Aux antipodes d’une mode cérébrale qui penserait (un peu) trop, le designer fait donc pour ce baptême de feu le choix de la flamboyance et de l’affirmation de soi, redéfinissant sans détour l’identité d’une maison de mode qui ne demandait qu’à exister. C’est aujourd’hui chose faite.

Défilé Nina Ricci automne-hiver 2023-2024

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