Défilés automne-hiver 2023-2024 : le minimalisme urbain de Courrèges
“Est-ce que le ciel est bleu ?” Alors qu’un soleil glacial brille sur la capitale en ce troisième jour de Fashion Week, une voix nous interroge dans la brume artificielle du set Courrèges. Autour de cette scénographie dépouillée, les mannequins s’élancent sur un catwalk quadrangulaire, les yeux rivés sur leur smartphone. Un simulacre de scène de vie ordinaire dont semble s’être inspiré Nicolas Di Felice pour questionner, comme pour célébrer, cette jeune génération ultra-connectée qui ne semble pas (vraiment) se soucier de ce qui l’entoure. Au présent, comme au futur.
Courrèges automne-hiver 2023-2024 : le Space Age façon Gen Z
Manteau oversized façon armure citadine, bonnet vissé sur la tête et capuche de sweat dépassant ostensiblement dans le dos : d’emblée, la première silhouette donne le ton. À grands renforts de vestes biker masculines, de sweats molletonnés structurés, de pantalons bootcut ou encore de cuissardes à petits talons, Nicolas Di Felice joue la carte du confort avec un vestiaire intemporel dont il revoit et corrige les volumes sur un mode volontairement oversize. Les matières sont fluides, y compris le cuir, les coupes amples et la palette chromatique résolument taillée pour la jungle urbaine. On remarque que les manches se portent de manière optionnelle, faisant plus office de détails stylistique que d’une utilité fonctionnelle, comme pour témoigner d’une certaine nonchalance qui se voudrait ostentatoire.
Quant aux robes, jupes et total-looks tout en féminité, ils esquissent une silhouette hivernale à l’aise dans son temps, les frimas hivernaux ne semblant pas rebuter cette jeunesse Courrèges qui n’a pas peur de se dénuder. Découpes ajourées, transparence assumée, nombril sublimé : les pièces galvanisent l’esthétique Y2K ambiante sur un mode plus cérébrale, plus minimale que celui actuellement en vigueur, tout en s’emparant de l’héritage Courrèges avec des formes trapèzes et une omniprésence du vinyle. Totem obsédant, un disque de métal vient signer la plupart des silhouettes, non sans rappeler l’inflexion d’André Courrèges, l’un des fondateurs du Space Age, pour les détails néo-futuristes qu’il intégrait à ses créations. À moins que sous l’impulsion de Nicolas di Felice, cette pièce métallique se fasse le dénominateur commun d’une génération qui, en dépit de son apparente homogénéité, ne cesse de revendiquer son individualité. Dans la rue, comme sur les réseaux.
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