"Cuir vegan" : quelles alternatives au cuir d’origine animale ?
- Quand le cuir animal fait polémique
- C’est quoi le cuir végan ?
- Le faux cuir de Covestro
- Le cuir d’ananas d’Ananas Anam
- Le cuir de raisin de Vegea
- Le cuir de champignon de Bolt Threads
- Le cuir de pomme de Frumat
- Le cuir de lino de Don Yaw Kwaning
- Le cuir d’eucalyptus de Fabian Stadler
- Le cuir végétal de Richard Wool
- Le cuir de liège
Stilettos ou petits talons ? Crocs ou sabots ? Ce n’est pas nouveau : la mode est une source de débats infinis aux enjeux esthétiques, certes incontournables mais cependant peu existentiels.
Mais il y a toutefois une problématique qui, contrairement aux autres, agite pertinemment les consciences : celle du cuir animal.
Quand le cuir animal fait polémique
Et pour cause, écoresponsabilité oblige, la matière rutilante à l’esthétique sulfureuse est accusée à juste titre d’alimenter une industrie injustement fondée sur la souffrance animale.
Car oui, pour rappel, le cuir est issu de la peau de mammifères domestiqués, de certains oiseaux comme l’autruche ou encore de reptiles exotiques, le tout étant pour la grande majorité sauvagement élevé dans des conditions déplorables dans le seul but d’être tué et transformé en sac à main, chaussures et autres bien de seconde nécessité.
Bref, un concept pas hyper enthousiasmant sur l’échelle du respect de l’environnement et des êtres vivants qui le façonnent, d’autant plus que les tanneries et mégisseries qui contribuent à traiter et teindre le futur cuir usent le plus souvent de produits chimiques ultra-toxiques, aussi bien pour ceux qui les manipulent que pour la planète.
Sans parler de ces régions où la plupart des cuirs bon marché sont produits et fabriqués, rejetant autour des usines des déchets qui vont impacter les cours d’eau, les terres agricoles et donc directement les populations environnantes.
Difficile donc, une fois que l’on connaît les backstages de la fabrication de son it-bag en cuir véritable, de l’exhiber avec fierté et nonchalance, quand bien même il nous aurait coûté deux S.M.I.C. et serait marqué du logo d’un grand couturier.
Conscients que les consommateur·rices refuseraient désormais d’associer style et cruauté, certains designers textile et autres start-up de génie s’appliquent désormais à développer des cuirs synthétiques végan et autres alternatives audacieuses au cuir animal mixant économie circulaire, respect de l’environnement et performances techniques.
C’est quoi le cuir végan ?
Ce que l’on appelle communément le cuir végan, c’est cet ensemble de matières synthétiques et/ou d’origine végétale qui ressemblent à s’y méprendre au cuir animal et dont la production se veut absolument durable.
Problème ? Cet oxymore est dénoncé par certains professionnels du cuir végétal qui y voient un habile argument marketing dont s’emparent de nombreuses marques de souliers et du prêt-à-porter. Et pour cause, ces dernières n’hésitent pas à clamer utiliser du cuir végan alors qu’il ne s’agit généralement que de plastique, comme le polyester ou le polyuréthane. Bref, une matière certes « cruelty free » mais pas franchement eco-friendly !
On prendra donc soin de se concentrer sur des matières végétales qui associent respect de l’environnement, économie circulaire et conditions de travail éthiques, à l’image de celles que nous avons décidé de vous présenter juste en-dessous.
Le faux cuir de Covestro
Généralement réalisé à base de revêtement plastique ou de polyuréthane, le cuir synthétique reste une alternative peu séduisante pour les amateurs de mode éthique, ses méthodes de production étant largement nocives pour la santé et l’environnement. C’est ainsi que la société Covestro a choisi de développer sa recherche autour d’Insquin, un nouveau type de polyuréthane dénué de matière toxique.
De plus, sa production requiert 95 % moins d’eau que les cuirs synthétiques habituels tout en affichant une empreinte carbone réduite de 45 %. Une révolution !
Le cuir d’ananas d’Ananas Anam
C’est sans doute le cuir végétal le plus connu. Conçu aux Philippines par la Dre Carmen Hijosa et développé par la société britannique Ananas Anam, experte en maroquinerie, le Piñatex est un faux cuir fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas, ces dernières (habituellement jetées pendant la récolte du fruit exotique) étant ici transformées en un maillage qui, après de multiples étapes de manipulation, se mue en un faux cuir plus vrai que nature.
Plébiscité par l’industrie de la chaussure végane, le Piñatex a aussi su séduire des maisons de luxe comme Chanel, qui a notamment créé un chapeau de marinier entièrement en feutre et Piñatex pour sa collection Métiers d’Art 2018-2019.
Le cuir de raisin de Vegea
Principal concurrent du Piñatex, le cuir de raisin se présente lui aussi comme une alternative 100 % végane au cuir. Développé par la start-up italienne Vegea, il est en effet conçu à partir de résidus de grains et de peaux de raisin issus de la transformation des grappes en vin.
Le but ? Tirer avantage des importantes ressources viticoles du pays transalpin (et accessoirement de ses 14 millions de tonnes de déchets végétaux) pour concevoir une matière ultra-résistante, aux applications et rendu similaire au cuir traditionnel, tout en assurant un produit cruelty-free issu de l’économie circulaire.
Une innovation ingénieuse, saluée du prix Global Change Award du groupe H&M et du prix de l’Innovation 2017 des PETA Fashion Award.
Le cuir de champignon de Bolt Threads
Baptisé Mylo, le « faux cuir » breveté de la société américaine de bio-ingénierie Bolt Threads de San Francisco, Mylo est fabriqué à partir des cellules de mycélium, celles que l’on retrouve notamment dans les champignons.
Cultivé en laboratoire avec des nutriments supplémentaires, il prend une texture spongieuse avant d’être comprimé, teint et tanné afin de lui conférer son fini cuir qui en fait une alternative redoutable au matériau d’origine animale.
D’ailleurs, la papesse de la mode écolo Stella McCartney s’est déjà saisie du Mylo, notamment sur un prototype de son sac Falabella qui a été affiché à l’exposition Fashioned from Nature en 2019. Elle est aujourd’hui la première à l’utiliser dans la fabrication de vêtements.
Le cuir de pomme de Frumat
Imaginé par Alberto Volcan en partenariat avec la start-up italienne Frumat, le cuir de pomme permet de transformer les déchets de pomme fournis par les vergers de la province de Bolzano en un faux cuir à la fois végan et biodégradable.
Une innovation textile prodigieuse, qui a été distinguée du prix de la technologie et de l’innovation aux Green Carpet Fashion Awards 2018 à Milan.
On le retrouve aujourd’hui dans la confection de sneakers dans l’air du temps comme celle de Po-Zu et Caval, ou encore sur les vestes et pantalons de faux cuir du label brésilien Zilver.
Le cuir de lino de Don Yaw Kwaning
Et si le vieux lino des cuisines d’antan était l’avenir du faux cuir ? C’est du moins la conviction du designer Don Yaw Kwaning, dont le projet de fin d’études, présentée lors de l’exposition organisée par la Design Academy Eindhoven à la Dutch Design Week, a révélé ses travaux autour du linoléum, ce matériau ultra-résistant habituellement utilisé pour revêtir les sols de nos intérieurs à moindre coût.
Réalisé à partir d’huile et de résines végétales mélangées, sa version se présente sous la forme d’un cuir végan épais et souple, à la structure similaire à celle d’un nid-d’abeilles et à la texture équivalente à celle d’un cuir animal. Une innovation d’autant plus versatile qu’elle peut être plissée, pliée et teintée afin de créer différentes finitions de couleurs.
Le cuir d’eucalyptus de Fabian Stadler
Soucieux de concevoir des matières respectueuses de l’environnement et de ceux qui la peuplent, l’entrepreneur allemand de 28 ans Fabien Stadler imagine en 2014 un cuir végan réalisé à partir… d’eucalyptus.
Et pour cause, offrant une résistance et une longévité hors du commun, la plante permet de concevoir une alternative éthique aux habituels polyester ou polyuréthane.
C’est ainsi qu’avec des fibres d’eucalyptus qu’ils achètent à des agriculteur·rices travaillant en circuit court, durable, sans pesticides ni OGM, il développe des ceintures en cuir d’eucalyptus et les commercialise sous le nom de Noanifashion (une contraction de l’expression « no animal fashion »).
Le plus ? Une fabrication made in Germany qui assure des conditions de fabrication respectueuses des travailleurs et une empreinte carbone limitée.
Le cuir végétal de Richard Wool
Un éco-cuir qui jouxte des textiles naturels comme le coton et le lin avec des composants tels que le soja et le maïs, le tout agrémenté d’huiles végétales : c’est le cuir végan développé par l’ingénieur américain Richard Wool, qui a reçu en 2014 le World Green Design Award.
Plus résistant que le cuir animal et moins cher à produire, cette alternative écoresponsable serait également imperméable, coupe-vent et biodégradable.
Problème ? Aussi géniale soit-elle, l’innovation textile en question ne serait pas (encore) dotée d’applications commerciales concrètes. À moins que cela ne soit qu’une simple question de temps.
Le cuir de liège
Peu connu du grand public, le cuir de liège réunit pourtant tous les ingrédients du cuir végétal idéal. Issu de l’écorce superficielle du chêne-liège, il est 100 % naturel, doux et léger, imperméable et très résistant.
Biodégradable, recyclable et pouvant être façonné comme le cuir animal, il connaît une popularité croissante auprès des maroquiniers en quête d’une alternative écologique dénuée de souffrance animale.
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