Comment Chiara Ferragni a mis la mode à ses pieds

  • Chiara Ferragni, femme d’affaire à la tête d’un empire
  • Une décennie d’influence
  • La célébrité sous pression de Chiara Ferragni

Du haut de ses 34 ans, Chiara Ferragni a lancé le blog mode le plus influent au monde, a collaboré avec les plus grandes maisons de mode, les magazines de luxe les plus réputé et son mariage ultra médiatisé, en septembre 2018, a généré plus de trafic en ligne que celui du Prince Harry et Megan Markle !

Aujourd’hui, celle qui occupe la troisième place des instagrameurs mode les mieux payées est considérée comme la blogueuse la plus puissante de la planète. Avec 23,4 millions d’abonnés sur Instagram et plus de 22 millions de dollars de salaire annuel, sa vie en fascine (et en énerve) plus d’un. 

Son parcours est retracé dans Unposted, un documentaire exclusif – et pas toujours objectif – d’Amazon Prime Video qui lui est consacré. En avril 2021, Chiara Ferragni rejoint le conseil d’administration de la griffe italienne Tod’s.

Chiara Ferragni, femme d’affaire à la tête d’un empire

« Ceci est le premier blog indépendant créé pour répondre à un besoin individuel de communication et de personnalisation […] il s’appelle la salade blonde parce qu’il réunira tous les ingrédients qui m’ont toujours caractérisé : la mode, la photographie, les voyages et le lifestyle. » écrit-elle sur son blog un jour de 2009.

Chiara Ferragni n’a que 21 ans lorsqu’elle publie sur The Blonde Salad des photos de ses tenues dans les rues de Milan. Et il faut dire que la jeune femme originaire de Crémone, une petite ville au nord de l’Italie est une précurseure. En 2009, Instagram n’existe pas et le blogging vient tout juste de commencer.

2011. Une de ses photos est reprise dans le New York Magazine. Très vite, elle est remarquée par les magazines de mode et les marques du monde entier : ce qui ne devait être qu’un passe temps devient alors un business.

Les griffes se bousculent pour collaborer avec celle qui génère sur son blog un trafic de plus en plus régulier et abondant. Une révolution qui a « complètement changé la conception qu’on avait d’un blog et d’une blogueuse en terme d’influence et de mode », selon la journaliste américaine Moira Forbes, éditrice de Forbes Women

À l’époque, les tout premiers blogs étaient vus d’un mauvais œil. Pourtant en un mois, elle a rassemblé plus de 30 000 visiteurs, alors que peu de gens comprenaient cet écosystème.

Pour preuve, son influence est telle qu’en 2015, un groupe de chercheurs d’Harvard a publié une étude de cas sur la jeune femme. Le prestigieux magazine Forbes l’a également élue meilleure influenceuse de l’année en 2017Dix ans après le lancement, The Blond Salad est devenu un site à part entière avec une partie rédactionnelle et un e-shop. 

Aujourd’hui, un post Instagram lui rapporte plus de 59 000 dollars tandis que sa marque de chaussures et de prêt-à porter, Chiara Ferragni Collection, est distribuée dans de nombreuses capitales de la mode et génère plus de 40 millions d’euros. Une renommée internationale et un métier aux multiples facettes, bien loin du blog amateur des débuts.

Au printemps 2020, elle devient membre du jury dans Making The Cut, l’émission mode d’Amazon, aux côtés de Heidi Klum, Naomi Campbell et Joseph Altuzarra. 

Chiara Ferragni s’est converti en une réelle business woman et son empire ne cesse de s’étendre. Le 8 avril 2021, elle fait son entrée au conseil d’administration de l’italien Tod’s. Résultat : le cours de Bourse de la marque de souliers fait un bond de 14%.

Une décennie d’influence

« Il faut être déterminée pour réaliser ses rêves. » C’est ainsi que débute Unposted, donnant le ton sur le parcours de la styliste italienne. 

L’égérie de Pantene et de la maison de bijoux italienne Pommellato explique d’ailleurs les différentes facettes de son métier : « Je joue un rôle central en tant qu’ambassadrice de marques, consultante en stratégies digitales et pas comme simple influenceuse qui présente ses expériences produits sur les réseaux ».

Si aux début des années 2010 les personnalités établies du monde de la mode assuraient qu’elle ne durerait pas plus de 6 mois, Chiara Ferragni, célèbre aujourd’hui 10 ans d’existence. Une de ses abonnées assure : « Quand j’étais enfant et qu’on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais que je voulais être rédactrice en chef de Vogue comme Anna Wintour. Aujourd’hui, je réponds que j’aimerais faire comme Chiara Ferragni ».

Rien n’est certain si ce n’est une chose comme, le souligne souligne Lorenzo Serafini, directeur artistique de Philosophy Di Lorenzo Serafini dans le documentaire : « Avec Chiara plus que jamais, le public qui se tenait à distance de la mode a pu grâce à elle, s’identifier à un personnage qui les a inspiré, un personnage devenu un modèle pour des millions de filles. »

Chiara a réussi à s’imposer en étant visionnaire, elle a été pionnière quand tout le monde ne comprenait pas l’enjeu et la transformation en cours.

Tout le génie de Chiara Ferragni réside là : elle a compris avant tout le monde comment faire des réseaux sociaux un véritable business. Une idée avant-gardiste, du moins à l’époque, qui va révolutionner l’industrie de la mode et donner une réelle crédibilité au monde de l’influence. »

Chiara a réussi à s’imposer en étant visionnaire, elle a été pionnière quand tout le monde ne comprenait pas l’enjeu et la transformation en cours » déclare Silvia Venturini Fendi, directrice créative de Fendi dans Unposted. 

Et pour cause, la styliste italienne a a évolué en même temps que les réseaux sociaux. La femme d’affaire s’est appropriée toutes les plateformes : en 2004, Flickr était son journal intime, avant que son blog prenne le relais en 2009 et qu’Instagram devienne sa plateforme de prédilection en 2012.

Un parcours qui fait rêver parce qu’il montre qu’une jeune femme étrangère à l’industrie de la mode peut réussir grâce au pouvoir des réseaux sociaux, où la parole est démocratisée. « Chiara  renvoie au monde le message : ‘Si je l’ai fait, tu peux le faire aussi' » assure Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de Dior. 

Dans le documentaire, interviennent également Delphine Arnault (LVMH),  Eva Chen, Silvia Venturini Fendi, Jeremy Scott ou encore Diane Von Furstenberg… « À une époque il y avait beaucoup d’agressivité envers les blogueurs qui arrivaient dans la mode, mais Chiara est restée polie, élégante, aimable et délicieuse », souligne Derek Blasberg, chef d’opérations mode et beauté pour Youtube.

Alberta Ferretti ajoute : « Cette fille est arrivée et elle a fait de cet univers le sien. »

La célébrité sous pression de Chiara Ferragni

« Chiara est sous pression, il suffit de dire une bêtise pour faire l’objet d’un avalanche de critiques. On peut avoir le sentiment d’être un produit marketing, et on a pas le droit de faiblir. Disons qu’il faut être absolument parfaite », remarque Silvia Venturini Fendi soulevant par-la même un problème courant lorsque l’on parle des réseaux sociaux.

Un constat aligné avec les déclarations de Garance Doré qui, lors des BoF Voices 2019, a exprimé avoir souffert d’anxiété et de dépression, raison pour laquelle elle s’est éloignée de l’industrie mode.

Et si derrière les posts Instagram à l’esthétique léchée, il y a une mise en scène calculée, Chiara Ferragni, elle, n’a jamais fait part de ce genre de problèmes, semblant garder la tête froide.

Pourtant la jeune femme attire de nombreuses critiques. Novembre 2018, un post sur le « hair-shaming » – soit ridiculiser quelqu’un pour sa couleur de cheveux – a fait polémique. La jeune étant accusée de comparer la « souffrance » sociale d’être blonde à celle de la discrimination de corps, raciale, religieuse, etc. 

https://www.instagram.com/p/Bpztd8hB78I/

Des critiques, Chiara Ferragni en reçoit depuis le début de son aventure en ligne, mais elles semblent s’être accrues depuis qu’elle est devenue mère pour la première fois en 2018.

On lui reproche notamment ses tenues « provocantes » mais aussi de surexposer ses enfants – Leo, 2 ans, et Vittoria, née le 23 mars 2021 – sur les réseaux sociaux. Sans parler de son mariage sponsorisé, qui lui a valu des torrents de commentaires tantôt moqueurs, tantôt ouvertement haineux.

Pourtant, elle ne partage pas seulement les bons côtés de sa vie : « À la fin de ma grossesse, j’ai eu un problème au placenta. On avait l’impression que Leo ne grandissait pas assez. Sur internet, il y a beaucoup de commentaires négatifs mais je sentais que je devais raconter ce qui me faisait peur. Je voulais savoir ce qu’avait vécu les autres pour me sentir mieux, mais je voulais aussi partager ça pour prouver que ma vie n’est pas toujours parfaite. Mes followers ont pu lire cette histoire et s’en souvenir. Si ça leur arrive un jour ils se rappelleront que j’ai vécu ça et que tout s’est bien passé. C’est le pouvoir du partage ».

À l’heure où notre rapport aux réseaux sociaux et à l’influence sont de plus en plus remis en question, il sera intéressant de voir ce qu’il adviendra de la première influenceuse au monde.

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