Ce que la prise de parole de Bella Hadid sur la Palestine dit du mannequinat
« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ». C’est ce que clamait Bella Hadid dans la foule aux côtés de milliers de New-yorkais sortis dans les rues ce dimanche 16 mai pour demander un cessez-le-feu à Gaza, actuellement en proie aux bombardements d’Israël.
On m’a dit toute ma vie que qui je suis – une femme palestinienne – n’est pas réel. – Bella Hadid
Si nombreux sont aujourd’hui les mannequins à s’engager pour des causes, de l’écologie à #MeToo en passant par Black Lives Matter, la mannequin classée par Models.com dans la liste des Supermodèles s’engage pour une cause qui ne fait pas l’unanimité, portant ainsi la voix de toute une diaspora qui reste difficilement audible.
Bella Hadid : « C’est la Palestine libre jusqu’à ce que la Palestine soit libre !!! »
Lourde actualité que celle qui s’affiche sur tous nos écrans depuis plusieurs jours où, à la suite d’ordres d’expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem Ouest, l’État d’Israël opère une forte répression armée contre les Palestiniens, en particulier ceux situer dans le territoire de Gaza.
Partout s’affichent l’angoisse et l’appréhension des Palestiniens poussant des milliers de personnes à travers le monde à réclamer l’intervention des Nations Unies et la réaction de leurs gouvernements. Mais si tous les yeux sont braqués sur le Moyen-Orient, c’est aussi parce que des personnalités publiques commencent à faire entendre leurs voix pour la Palestine.
C’est notamment le cas de Bella Hadid qui, il y a cinq jours, a commencé à utiliser les réseaux sociaux pour commenter ce qu’il s’y passe.
D’abord, la célèbre modèle a reposté des textes expliquant – à raison – qu’il est impossible de « choisir pour qui les droits de l’homme comptent ». Puis au fil des posts, elle a vite pris la parole, racontant sa propre histoire familiale et affirmant ainsi sa prise de position.
https://www.instagram.com/p/CO6y8kotR8d/
Une attitude qui lui attiré les foudres d’Israël par le biais du community manager du compte Twitter officiel du gouvernement. « Quand les célébrités comme @BellaHadid défendent le rejet des juifs à la mer, ils prônent l’élimination de l’État juif », peut-on lire après que Bella Hadid a montré en live sa participation à la manifestation de New York, chantant « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », une phrase dont les origines et le sens ne sont pas clairement définis. Certains y voient un appel à la violence antisémite, tandis que d’autres évoquent une simple situation géographique.
Sans entrer dans le débat à propos de ce vers, la mannequin s’est contentée d’écrire sur Instagram à propos de cette manifestation : « la façon dont mon cœur se sent… Être autour de tant de Palestiniens beaux, intelligents, respectueux, aimants, gentils et généreux en un seul endroit … c’est tout ! Nous sommes une espèce rare !! ?? C’est la Palestine libre jusqu’à ce que la Palestine soit libre !!! »
« Ne sommes-nous pas autorisés à être Palestiniens sur Instagram ? »
Ce n’est pas la première fois que Bella Hadid prend la parole pour la Palestine comme elle l’a rappelé à ses détracteurs en publiant sur Instagram une photo d’elle prise lors d’une manifestation pour la Palestine il y a quatre ans.
En légende, elle écrit : « Cela a toujours été #freepalestine. TOUJOURS. J’ai beaucoup à dire à ce sujet, mais pour l’instant, lisez et informez-vous. Il ne s’agit pas de religion. Il ne s’agit pas de cracher de la haine sur l’un ou l’autre. Il s’agit de la colonisation israélienne, du nettoyage ethnique, de l’occupation militaire et de l’apartheid du peuple palestinien qui dure depuis des ANNÉES ! »
Cet engagement d’Hadid ne vient pas de nulle part comme le rappelait l’auteur et militant Karim Kattan dans son article « ‘Ne sommes-nous pas autorisés à être Palestiniens sur Instagram ?’ Voir Bella Hadid parler de la Palestine est un plaisir enraciné dans une histoire d’effacement et de déni ».
Publié en juillet 2020, il prenait pour point de départ la suppression d’un post du mannequin qui montrait le passeport de son père, l’homme d’affaires Mohamed Hadid, né à Nazareth en 1948, et dont la famille a fuit en Syrie lors de l’exode palestinien appelé Nakba.
https://www.instagram.com/p/CO5xUKDtSeO/
Karim Kattan explique dans son texte : « Avec Bella Hadid, il y a un corps et une voix palestinienne ; une femme, rien de moins, et l’une des plus visibles et des plus convoitées sur la scène mondiale […] Les Palestiniens – en particulier les femmes – qui ne se conforment pas aux images que l’on attend d’eux provoquent des tollés. Cela explique pourquoi la voix de Bella Hadid, sans aucune excuse et farouchement palestinienne, résonne comme elle le fait ».
Un constat qui fait écho à ce qu’écrit Belle Hadid sur son post rappelant son engagement : « On m’a dit toute ma vie que qui je suis – une femme palestinienne – n’est pas réel. On m’a dit que mon père n’a pas de lieu de naissance s’il est de Palestine. Et je suis ici pour le dire. La Palestine est bien réelle et le peuple palestinien est là pour rester et coexister. Comme ils l’ont toujours fait ».
Les mannequins, des militant.es comme les autres ?
Jamais l’expression « soit-belle et tais-toi » n’a été autant remise en question dans la mode et la société de ces dernières années. C’est aussi en cela que la prise de parole de Bella Hadid est intéressante : elle montre à quel point les mannequins d’aujourd’hui en ont fini avec la mission de simples portants humains. Elles et ils endossent et assument de plus en plus souvent des positions de leader d’opinions.
Car la mannequin d’ascendance palestinienne n’est pas seule. On pense également à sa sœur, Gigi Hadid qui moquait Melania Trump lors des American Music Awards de 2016, à Cara Delevingne qui en 2015 dénonçait le harcèlement sexuel dont elle a été victime depuis ses débuts ou à Cameron Russell qui la même année appelait ses followers à marcher pour le climat.
Il y a aussi Isabelle Caro qui en 2000 posait pour la campagne « No Anorexia », sans oublier les mannequins Bethann Hardison, Iman ou Naomi Campbell qui luttent depuis des décennies pour une industrie de la mode plus diverse à l’instar d’Ashley b. Chew mannequin à l’origine du mouvement Black Models Matter.
« D’objet inanimé qui met en avant les vêtements pour mieux les vendre », comme le rappelait l’exposition Mannequin, le corps de la mode en 2013, les mannequins sont devenus des ambassadrices du changement, mais aussi des symboles de générations entières de femmes pour qui ne pas prendre la parole pour des causes qui leur semble justes est impossible.
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