Cartier révèle les secrets de sa célèbre panthère

Emblème totémique à l’empreinte magnétique, la panthère Cartier poursuit son dialogue fusionnel avec le prestigieux joaillier français, à travers des objets de désir conjuguant design inventif et savoir-faire. Plus d’un siècle après sa première apparition, chronique d’un héritage signature à la vitalité créative inépuisable.

Entre Cartier et la panthère, ce n’est pas une histoire d’amour : c’est une affaire de destin. Celui d’une femme d’abord, Jeanne Toussaint qui, lorsqu’elle reçoit en 1917 un nécessaire offert par Louis Cartier représentant le félin entouré de deux cyprès, décide instinctivement de faire de l’animal sa signature personnelle. Car si la panthère avait déjà esquissé l’empreinte de son pelage en 1914, sous la forme d’une montre Cartier au motif de diamants blancs tacheté d’onyx noirs, c’est sous l’égide visionnaire de Jeanne Toussaint que la panthère deviendra l’emblème de la maison dans sa version la plus figurative. Alors qu’elle devient au début des années 30 la première femme à prendre la tête artistique d’une grande maison de joaillerie, Jeanne Toussaint décide en 1948 de donner corps à son animal fétiche, en imaginant un précieux bijou le représentant en 3 dimensions. Véritable audace créative, il marque le point de départ d’une série infinie de créations félines. Tour à tour sculpturale, naturaliste, abstraite ou graphique, la panthère rythme ainsi l’histoire de la maison tout en révélant à chacune de ses nouvelles expressions toute la force du savoir-faire technique et artistique de la maison française. “La panthère est un thème qui va donner naissance à beaucoup de types de bijoux différents, ça peut être des bagues, des colliers, des broches, des bracelets mais aussi des traitements extrêmement riches et différents, l’interprétation de la panthère allant de sa version la plus naturaliste à une évocation plutôt abstraite.” commente Pierre Rainero, directeur du style, de l’image et du patrimoine de la maison Cartier. Formes, couleurs, postures, jeu de coupes et de volume : chaque nouveau design vise à exacerber, l’essence de ce fauve à l’anatomie puissante, révélant son attitude féroce comme son instinct brut, dans un élan d’abstraction libérée.

L’art et la technique

Dessin, conception mais aussi fabrication, mise en pierre, pavage, serti, tous les actes de la confection du bijou contribuent au même objectif : restituer la personnalité de l’animal avec élégance et vivacité. Un travail d’orfèvre rendue possible par la collaboration entre les studios de création et les ateliers, ces derniers étant les détenteurs d’un précieux savoir-faire, les virtuoses de la panthère. Motif signature de Cartier, la reproduction du pelage de l’animal exige ainsi de rassembler, coordonner, tailler une à une des pierres de tailles irrégulières afin d’obtenir l’aspect ondulant de sa fourrure, les détails de ces muscles, tout en préservant une certaine continuité. Faire que le métal s’efface pour que la vivacité règne. À l’inverse, la représentation sculpturale de la panthère exige de dépasser l’ornemental via un exhaustif travail de modelage. Sculpture en cire moulée, impression 3D mais aussi sertissage au millième de millimètre près : des proportions originelles aux incrustations de pierres, tout est analysé (et exécuté) dans les moindres détails. Joaillier, lapidaire, sertisseur : chaque artisan et ingénieur se doit de travailler de concert pour parvenir à cet équilibre vecteur d’élégance. “Il y a un élément très important dans la représentation de nos animaux, c’est la mobilité. Un bijou, c’est lié au mouvement de la personne qui le porte mais aussi à l’idée qu’il puisse exprimer différentes attitudes, différentes humeurs de la personne qu’il porte.” ajoute Pierre Rainero. Prouesse technique, certaines parties du corps de la panthère sont en effet conçues de sorte à produire un certain mouvement, de façon naturelle ou en fonction des faits et gestes de la personne qui le porte. Tout un art.

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La Duchesse de Windsor, première admiratrice

“C’est une opportunité pour la femme qui va porter le bijou de refléter son humeur du jour, un message. C’est le retour que nous ont fait de nombreuses clientes.” confie-t-il. Et pour cause, elles ont été nombreuses à répondre à cet appel du félin Cartier depuis sa création. La plus mémorable ? La Duchesse de Windsor qui, en 1948, fut la première cliente de la panthère en 3 dimensions au détour d’une commande somptueuse, le félin d’or et d’émail noir étant alors monté sur une broche autour d’une émeraude de 116,74 carats. En 1949, c’est une panthère en platine dotée de tâches en saphir, d’un regard en diamants jaunes et juchée sur un énorme saphir cabochon de plus de 154 carats, qui va être posée en vitrine de la boutique Cartier… et retenir également toute l’attention de la duchesse. Elle ne sera d’ailleurs pas la seule à vouloir s’emparer du pouvoir de la panthère. De l’actrice mexicaine María Felix à l’autrice britannique Daisy Fellowes : au début du XXe siècle, elles sont toute une génération de femmes audacieuses et singulières, souvent effrontées, à y succomber. Aujourd’hui adoubée par des personnalités tout aussi magnétiques comme Mariacarla Boscono, Annabelle Wallis ou Yasmine Sabri, la séductrice panthère persiste et signe dans sa quête d’une puissance raffinée. “Dans toutes les cultures, c’est un animal que l’on juge particulièrement élégant. Un mélange de sauvagerie, de férocité, lié à un aspect esthétique indéniable qui fait que la personne va choisir de le porter et se projeter dans l’attitude, les valeurs associées à l’animal.” détaille Pierre Rainero. Indépendance et liberté d’esprit, la panthère incarne pour les femmes d’hier et d’aujourd’hui des velléités qui leur sont pertinemment contemporaines. À croire que l’intuition de Jeanne Toussaint, que les proches surnommaient Panpan dans l’intimité tant son caractère était affirmé, l’avait à juste titre guidé vers l’animal le plus féminin du bestiaire. Un destin hors du commun, qui n’a pas fini de révolutionner la haute-joaillerie.

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