Alexander Wang accusé d’agressions sexuelles : le nouveau scandale qui plane sur la mode
Plusieurs mannequins ont accusé le créateur de mode américain d’agressions sexuelles. Des allégations qu’il nie en bloc mais qui ont relancé le débat sur le manque de transparence dans l’industrie de la mode.
Entre Noël et le Nouvel An, plusieurs accusations portées contre le créateur américain Alexander Wang ont déchaîné les réseaux sociaux. Elles ont d’abord été formulées par le jeune mannequin britannique Owen Mooney qui a expliqué dans deux vidéos postées sur TikTok et Instagram avoir été victime d’agression sexuelle dans une boîte de nuit new-yorkaise le 21 janvier 2017. Il y détaille que ce soir-là, le designer – qu’il nommera dans la seconde vidéo – l’aurait peloté sans son consentement. «À un moment donné, j’étais seul et ce type à côté de moi a manifestement profité du fait que personne ne pouvait bouger, et il a commencé à me toucher, entièrement sur ma jambe, dans l’entrejambe», a déclaré Owen Mooney. «Et puis j’ai regardé à ma gauche pour voir qui c’était et c’était un créateur de mode vraiment célèbre et je ne pouvais pas croire qu’il me faisait ça.»
D’autres allégations similaires ont suivi, toujours sur les réseaux via le compte Shit Model Management qui a relayé plusieurs témoignages anonymes. L’ensemble a été repris par Diet Prada, le compte Instagram dirigé par Tony Liu et Lindsey Schuyler. Le site s’est fait connaître en faisant de l’outing mode (révéler les similarités ou les copies) son passe-temps favori et celui de ses 2,4 millions d’abonnés.
«La plupart des incidents se seraient produits dans des clubs ou des afters, et auraient été alimentés par la drogue et l’alcool. Certains ont affirmé que Wang, dont la marque est depuis longtemps associée à la vie nocturne et à la fête, les avait drogués», rapporte le Business of Fashion qui s’est entretenu avec cinq hommes. Dans The Guardian, le mannequin transsexuel Gia Garison affirme également avoir été agressée sexuellement par Alexander Wang lors d’une fête en février 2017. «Il a essayé de baisser ma culotte et d’exposer mes parties génitales dans la zone VIP», a-t-elle déclaré.
« Accusations grotesquement fausses »
Ces dénonciateurs ont reçu le soutien de Model Alliance, le syndicat des mannequins américains lancé en 2012 par Sara Ziff et Coco Rocha sous les encouragements du Council of Fashion Designers of America (CFDA). «Nous, à Model Alliance, sommes solidaires de ceux qui ont partagé les abus sexuels d’Alexander Wang», déclare l’organisation dans un post publié sur Instagram. Et d’ajouter : «Soyons clairs : le manque de transparence et de responsabilité de l’industrie de la mode rend tous les modèles vulnérables aux abus, quel que soit leur sexe ou leur identité sexuelle».
Après plusieurs jours de silence, le designer a démenti auprès du New York Times toutes les déclarations portées contre lui. «Ces derniers jours, j’ai reçu des accusations sans fondement et grotesquement fausses», a-t-il écrit au journal. «Ces accusations ont été amplifiées à tort par des comptes de médias sociaux tristement célèbres pour des publications diffamatoires provenant de sources non divulguées et/ou anonymes sans aucune preuve ni aucune vérification des faits.»
Pas de poursuites judiciaires
Depuis une semaine, la polémique ne cesse d’enfler. Pour autant, personne n’a pour l’instant engagé de poursuites judiciaires, tant du côté Wang que de celui des accusateurs. Comme explication, le Business of Fashion avance le manque de moyens financiers des mannequins pour obtenir une représentation juridique. Sur les réseaux, la griffe du créateur américain a fermé les commentaires et plusieurs outils analytiques montrent qu’elle aurait perdu plus de 25.000 abonnés entre le 18 et le 29 décembre.
Alexander Wang a fondé son label en 2005 (à l’âge de 22 ans) en misant sur une mode techno-couture. Il a bâti son succès avec des silhouettes sportswear, des coupes graphiques, des tee-shirts loose, et une profusion de it-bags et d’accessoires. Ses défilés cool et streetwear ont longtemps affolé New York. On l’a vu un temps chez Balenciaga prendre la suite de Nicolas Ghesquière après le départ de ce dernier en 2012, et aussi chez H&M, lorsque le géant suédois lui a offert une collaboration. Aujourd’hui, son nom flotte sur plus de 600 points de vente dans le monde. Le créateur s’est construit une image de «Wonder Boy» en partie grâce à ses soirées dopées aux concerts surprises de chanteuses comme Foxy Brown, Missy Elliott ou Courtney Love.
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