"Zéro Covid" : faut-il appliquer cette stratégie en France ou "vivre avec le virus" ?

« Zéro Covid ». Cette stratégie, qui consiste à anticiper l’évolution de l’épidémie et à mettre en place des mesures restrictives à le moindre alerte, a fait ses preuves en Asie et en Océanie. En quoi consiste-t-elle ? Est-elle applicable en Europe et en France ? On fait le point.

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Il va falloir « vivre avec le virus sur le temps long ». C’est ce qu’avait déclaré Jean Castex en novembre dernier à propos de l’épidémie de Covid-19. Depuis le mois de mars 2020, la France alterne donc entre confinements et couvre-feu afin de gérer les différentes vagues de la pandémie et de limiter la circulation du Sars-CoV-2.

Mais pour l’heure, le gouvernement veut à tout prix éviter un troisième confinement : « Il faut le décréter le plus tard possible, en dernier recours », avait précisé le Premier ministre le 4 février lors d’une conférence de presse.

Une stratégie d’atténuation qui ne fait pas l’unanimité : d’autres pays comme comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Taïwan ou encore le Vietnam ont adopté une méthode bien différente : le « zéro Covid ». L’idée ? Mettre en place des mesures strictes dans les zones où le virus est présent, même de façon limitée, pour stopper sa circulation. Et ce, à la moindre alerte.

« Zéro Covid » : de quoi s’agit-il ?

La stratégie « zéro Covid » a plus précisément pour objectif d’anticiper l’évolution de l’épidémie, plutôt que d’apprendre à « vivre avec le virus ». Pas question de laisser le Sars-CoV-2 circuler : des restrictions sont mises en place rapidement et en amont. A Auckland (Nouvelle-Zélande), par exemple, un confinement de trois jours a été instauré après la découverte de trois cas de Covid-19. Cette stratégie inclut également des contrôles aux frontières, un traçage plus strict ou encore un isolement sous surveillance des malades.

Le « zéro Covid » semble avoir fait ses preuves dans les pays qui l’ont expérimenté : en Australie, par exemple, le dernier décès date du 28 décembre, tandis qu’à Taïwan, aucun cas de Covid-19 n’a été recensé entre le 12 avril et le 22 décembre dernier. Un constat qui séduit certains pays européens.

Stratégie « zéro Covid » : qu’est-ce que les « zones vertes » ?

Un collectif de médecins, économistes et politistes français se positionne d’ailleurs en faveur de l’application du « zéro Covid », dans l’Hexagone, dans une tribune publiée dans Le Monde. « Nous appelons les responsables politiques et les citoyens à définir une stratégie européenne d’élimination fondée sur trois piliers : la vaccination, l’instauration de zones vertes, et un renforcement des modalités de dépistage et de traçage, y compris par le recours aux nouvelles technologies », écrivent-ils.

Les « zones vertes », expérimentées dans les pays où le « zéro Covid » a été adopté, sont des secteurs où le taux de transmission du virus est quasi-nul. Elles doivent donc être préservées : pour y entrer, des tests de dépistage et une quarantaine sont nécessaires. Dans ces zones, la vie peut donc « revenir progressivement à la normale : les écoles, les restaurants, les lieux culturels et les autres entreprises peuvent rouvrir complètement », expliquent les auteurs de la tribune.

Dans le même temps, les secteurs où le virus circule plus activement, autrement dit les « zones rouges », sont soumises à des restrictions strictes.

Covid-19 : cette stratégie est-elle transposable en Europe et en France ?

Cette stratégie « zéro Covid » et les restrictions qu’elle implique pourrait-elle être mise en place en Europe et plus précisément en France ?

Si les auteurs de la tribune sont favorables à l’adoption de ces mesures d’élimination du coronavirus, d’autres experts estiment que cette méthode serait difficilement transposable en Europe, et ce, pour différentes raisons : « La mobilité bien plus importante en Europe, la densité de population des villes bien plus élevée, la dépendance de l’économie européenne aux voyages transfrontaliers et le fait que l’Europe est une destination de voyage majeure », explique par exemple à l’AFP le Pr Archie Clements, épidémiologiste à l’université Curtin de Perth (Australie).

Certains experts évoquent également les particularités de la plupart des pays qui ont adopté avec succès le « zéro Covid », à savoir l’insularité et l’absence de frontières terrestres, qui limitent les déplacements et donc la circulation du virus. Autre frein à l’application de cette méthode : le traçage, beaucoup plus strict et intrusif dans les pays ayant adopté le « zéro Covid », qui serait difficilement transposable en Europe. De nombreux spécialistes s’inquiètent également des conséquences économiques et psychologiques de cette stratégie, qui nécessiterait notamment un reconfinement. En outre, il faudrait que l’Europe se mette d’accord sur la question des frontières pour que que le « zéro Covid » soit efficace.

1/4 – Îles et presqu’îles sont mieux à même d’adopter des stratégies dites de « suppression agressive » ou de #ZeroCovid dans cette pandémie. La question du contrôle sanitaire aux frontières est clé. Mais n’importe quel pays de Schengen est trop interconnecté pour se rêver en île.

Malgré ces obstacles, certains experts comme le Pr Antoine Flahault, professeur de santé publique à l’université de Genève (Suisse) et directeur de l’Institut de santé globale, restent favorables à cette stratégie. Selon lui, il y a un vrai choix à faire : « L’été dernier, nous étions de fait arrivés à une situation proche du ‘zéro Covid’ en mai – juin, après un confinement très strict de deux mois. Cela nous a permis de passer un été relativement serein mais nous n’avons pas réussi ou pas voulu contenir la reprise de la circulation du virus. Si la France décide maintenant de reconfiner strictement et pour quelques semaines, alors qu’elle n’est pas encore dans une période de crise aiguë, elle aura à nouveau la possibilité de s’engager dans une stratégie Zéro Covid durable », explique-t-il à AEF info.

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