Voyage : Rochemenier et son trésor troglodytique
Il était une fois un village caché sous les carrières de calcaire au cœur de l’Anjou. Perçons les mystères de ce monde souterrain si bien préservé en Maine-et-Loire.
Il faut (un peu) s’enfoncer sous terre pour découvrir le village de Rochemenier avec ses 250 cavités réparties sur une quarantaine de fermes. Creusées dans le falun, une roche calcaire coquillière déposée jadis par la mer, ces habitations étranges, que visitent plus de 60 000 personnes chaque année (depuis 1967) sur une surface d’un hectare, étaient le domaine de vie des paysans locaux.
En s’y promenant, on découvre deux anciennes fermes avec dépendances qui abritent des outils et des meubles rustiques, une cuisine, une chambre, un poulailler, une chapelle souterraine, une ancienne cave à vin… Ces galeries étonnantes qui s’entrecroisent font partie du patrimoine historique de l’Anjou.
Les premières traces d’habitants remonteraient au VIIIe siècle et auraient perduré jusque dans les années 60. Toutes les constructions sont arrondies ; il n’y a pas d’angles, pas d’aspérités. Et puis, il faut savoir que l’on montait sur le toit (sans charpente évidemment) pour aller cueillir les fraises du jardin situé juste au-dessus ! Amusant aussi de voir que tous les conduits des cheminées d’antan débouchent au ras de la terre, au milieu de la verdure… Décidément, nos ancêtres avaient bien des ressources !
Dormir et dîner sous terre
Au Rocaminori Hôtel de Louresse-Rochemenier, près de Doué (à 21 km de Saumur), les 12 chambres creusées dans le falun vous promettent un sommeil de plomb ! Sur place, pour parfaire son expérience souterraine, on peut déguster au restaurant troglodytique Les Caves de la Genevraie des « fouées », ces petits pains tout juste sortis du four à feu de bois que l’on garnit de beurre salé, de rillettes, de haricots ou de fromage de chèvre. Ambiance minérale et conviviale assurée.
Rens. Tarif : 108 €/ nuit. Tél. 02 41 50 03 12 ou [email protected]
Carnet pratique
Y aller : le site se trouve près de Saumur (Anjou).
Tarifs : adulte 8 €, enfants 6-14 ans 5,50 €.
Durée de la visite : 1 h 30.
Ouverture : 9 h 30-18 h tous les jours. Tél. 02 41 59 18 15.
Rens. : www.troglodyte.fr
3 questions à… Frédéric Marteau
Gérant et guide du musée Troglo
France Dimanche : Qu’y a-t-il de plus étonnant à voir dans ces maisons troglodytes ?
Frédéric Marteau : La chapelle. Il s’agit d’un grand souterrain, à l’origine une carrière de falun, transformée et utilisée comme chapelle pendant les guerres de Religion (1562-1598). C’est un espace très impressionnant à voir : on est à 15 mètres sous terre, avec une hauteur sous plafond de 7 m ; un plan en forme de croix, une longueur de 20 m. Le lieu dégage une atmosphère unique. Les maisons troglodytiques sont souvent petites, sombres et fraîches. C’est très agréable l’été quand il fait chaud.
FD : Pourquoi les hommes du Moyen Âge ont-ils choisi de vivre sous terre ?
FM : Ce sont des raisons économiques et de défense qui ont incité les habitants à se réfugier sous terre. À l’origine, les paysans du village ont creusé des carrières pour exploiter le falun, la roche calcaire que l’on trouve ici, et qui est un assemblage de sable et de petits fossiles. Le falun était ensuite mélangé à la terre des champs pour amender les sols et augmenter les rendements des cultures. Après l’exploitation des carrières, les hommes pouvaient réutiliser les souterrains comme habitation. La maison ne coûtait pas cher. D’un point de vue défensif, un village souterrain est un village caché, pratiquement invisible, de loin on ne le voyait pas, ce qui lui évitait d’être attaqué.
FD : Quels sont les événements spéciaux que vous organisez dans ces galeries souterraines ? Il existe notamment des escape games ?
FM : En dehors de la visite guidée habituelle, nous proposons également des visites famille et VIP au cours de l’été. Chaque année, nous organisons aussi deux journées spéciales appelées Les Saveurs des Troglos, en été et à l’automne. Ces jours-là sur le site, des producteurs et artisans locaux viennent présenter leurs produits. Nous rallumons également le four à pain pour y faire cuire des fouées, une des spécialités de la région. Pour les escape games, nous avons adapté un scénario sous forme de livret-jeu pour les plus grands, avec des énigmes auxquelles il faut répondre sur le parcours de visite. Pour les plus jeunes et les ados, nous avons créé sur le même principe un livret-enquête. De quoi passer un bon moment en famille ou entre amis.
Alicia COMET
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