Voyage en Irlande : zoom sur Galway, une ville moyenâgeuse
Au Moyen Age, quatorze tribus ont fait de cet embryon de port un pôle du commerce Atlantique, aujourd’hui quatrième ville d’Irlande.
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Un « quartier latin » anglo-normand
Désignée « capitale européenne de la culture 2020 », elle a dû cependant annuler la plupart des festivités prévues en raison de la pandémie de Covid-19. Elle n’en demeure pas moins une ville au caractère particulier, qu’il fait bon arpenter entre mer et murailles, hors saison estivale. Outre les fortifications elles-mêmes, le « quartier latin » a su conserver de nombreux édifices pétris de l’âme anglo-normande. Ce sont les conquérants anglo-normands qui ont érigé Galway au début du XIIIe siècle sur un site gaélique. Elle a été fortifiée dès 1270 sous l’égide du fils du fondateur, Walter de Burgh. En 1484, le roi Richard III lui a accordé le droit d’élire un maire. Pendant les deux cents ans qui ont suivi, la cité a été dirigée par une oligarchie de quatorze familles de marchands, anglo-normandes pour douze d’entre elles, connues sous le nom de « Tribus de Galway ». Elle a prospéré, s’est embellie, devenant le principal port irlandais pour le commerce avec l’Espagne et la France.
L’incontournable Collegiate Church de Saint-Nicolas
Bâtie en 1320 en l’honneur de Nicolas de Myre, saint patron des marins, c’est l’une des églises médiévales les mieux préservées d’Irlande. Les maires, nécessairement issus de l’une des fameuses tribus, étaient élus ici. A l’intérieur, on admire l’orgue massif, une tombe de croisé gravée d’une inscription normande, les fonts baptismaux et le lutrin en pierre à colonnes torsadées. La légende raconte que l’explorateur Christophe Colomb y serait venu prier avant son départ pour le Nouveau Monde. Autre fait d’armes: en 2002, elle a été la première paroisse irlandaise à avoir célébré une union homosexuelle.
Comme jadis au sein des fortifications
La section de l’enceinte la plus visitée est aujourd’hui intégrée au centre commercial Eyre Square. Elle comprend notamment la tour du cordonnier et la tour de Penrice. Autre segment qui vaut le détour : l’arche espagnole, une extension des murs médiévaux réalisée en 1584 qui en faisait un bastion face aux attaques étrangères venues de la mer. Elle tire son nom des galions ibériques qui déchargeaient leurs marchandises dans le port. Une bonne partie des fortifications originales est visible à l’arrière de l’arche, à côté du musée municipal qui retrace en 1 000 objets l’histoire de Galway, de la préhistoire à nos jours.
A la recherche des ruines cachées
Voilà un site archéologique du XIIIe siècle, au cœur du quartier latin. Le Hall of the Red Earl est lié à la fondation de Galway par Richard de Burgh, surnommé « le comte rouge ». Ce qui a été le premier bâtiment municipal servait à la fois à collecter les impôts, à rendre la justice et à organiser des banquets. Tombé en ruines après la prise du pouvoir par les quatorze tribus, il a été enseveli. Ses vestiges n’ont été mis au jour qu’en 1997. On peut aujourd’hui les découvrir, sous un immeuble moderne abritant le bureau des douanes, en même temps que quelques-uns des 11 000 objets tirés de terre (pipes en argile, boutons de manchette en or…). Une strate de la Galway anglo-normande.
Richard Joyce, l’enfant du pays
Deux mains tenant un cœur, surmonté d’une couronne. Symbole de Galway, la Claddagh ring est une bague qui tire son nom de l’ancien quartier de pêcheurs niché derrière les remparts. De nombreuses légendes ont circulé sur ses origines. La plus crédible ramène à Richard Joyce, membre de l’une des tribus anglo-normandes. Sur la route des Caraïbes, il aurait été capturé par des corsaires, puis vendu comme esclave à un orfèvre d’Alger qui l’aurait formé à son art. Libéré après quatorze ans de captivité, il est retourné chez lui avec un anneau ciselé pour sa bien-aimée. Ses initiales se trouvent dans l’un des plus anciens modèles, que l’on peut contempler au musée de la ville.
« Lyncher », une légende urbaine
La Lynch Memorial Window est un fascinant monument macabre. C’est à cette fenêtre gothique, marquée d’un crâne glissé entre deux os croisés, qu’en 1493 le maire de la ville, James Lynch Fitz Stephen, aurait pendu son fils, condamné pour meurtre. De cet épisode viendrait le mot « lyncher »…
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°43 octobre-novembre 2020
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