Voyage dans les Cévennes : notre itinéraire sur les trace de Stevenson
Du Velay aux Cévennes, à travers des montagnes sauvages, des vallées et des forêts profondes, suivez à pied les pas de Robert Louis Stevenson, dont la piste de 220 km, parcourue en 12 jours avec un âne à l’automne 1878, est aujourd’hui connue sous le nom de GR 70.
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Le Monastier-sur-Gazeille, au sud-est du Puy-en-Velay, point de départ du voyage de Robert Louis Stevenson vers Saint-Jean-du-Gard dans les Cévennes, est aujourd’hui le début du GR 70, fidèlement tracé sur son récit, Voyage avec un âne dans les Cévennes, avec quelques détours qui portent la randonnée à 245 km. Qu’allait donc faire le jeune Ecossais, futur auteur de L’Ile au trésor, dans les régions les plus sauvages du centre de la France, avec pour seuls guides une boussole et une ânesse qui portait son barda ? Randonneur solitaire, se disant écrivain et « apprenti aventurier », il alliait l’utile à l’agréable. Au sein de cette nature grandiose, il s’exposait à mille aventures dont il ferait un récit, tout en accomplissant, en tant que protestant, une sorte de pèlerinage vers le pays des camisards. Pour se préparer, il prit pension au Monastier, à 20 km du Puy, capitale du Velay, célèbre pour sa lentille verte, sa fine dentelle au fuseau et sa cathédrale romane du XIIe siècle, d’où, depuis le Moyen Age, part l’une des quatre routes de Compostelle.
Tant de voyageurs font halte dans cette ville qu’un sentier pédestre la relie au Monastier-sur-Gazeille, départ du GR 70. A 1 000 m d’altitude près des monts Mézenc (1 753 m) et Gerbier-de-Jonc où la Loire prend sa source, cette bourgade, ancienne puissante cité abbatiale fortifiée, a conservé ses maisons en pierre de lave rouge et noir et son caractère. Son église Saint-Chaffre à l’architecture romane locale est ornée de décors de mosaïques polychromes et de frises sculptées.
A travers les collines du Velay
Comme Stevenson le 22 septembre 1878, quittant le bourg par la rue principale en direction du sud, le marcheur d’aujourd’hui passe la Gazeille que l’écrivain, lui, franchit à gué, pour se diriger vers Gerbier-de-Jonc. Le sentier serpente à travers un paysage sauvage, enchaînement de collines coupées de vallées où coule tout un réseau de rivières aux eaux vives et poissonneuses. De petits bois et des villages s’égrènent : Saint-Martin-de-Fugères, traversé à la fois par la Loire (très petite encore) et par la Gazeille, dont l’église du XIIe siècle est surmontée d’un clocher à peigne caractéristique de la région ; Goudet, lové dans les entourées de forêts, dont le château aux ruines altières dressées au sommet d’un piton rocheux commandait, au Moyen Age, les quatre vallées qui se rejoignent à son pied et par où, 100 ans avant notre ère, passait la route de l’étain, de la Bretagne à Marseille.
Un crochet de 5 km mène à Arlempdes, village des gorges de la Loire classé parmi les Plus Beaux Villages de France, dont les somptueux vestiges castraux couronnent une paroi d’orgues basaltiques de près de 100 m de haut. Du sommet, la vue est à couper le souffle.
Prochaine étape : Le Bouchet-Saint-Nicolas dont le beau lac de cratère de 43 ha est lové dans une pinède à 1 000 m d’altitude. Clin d’œil aux randonneurs à la sortie du bourg : une haute statue sculptée dans un tronc d’arbre représente Stevenson marchant près de Modestine, son ânesse[…]. A peine plus de 5 km après Pradelles, bourg médiéval (classé parmi les Plus Beaux Villages de France) dominant l’Allier et d’où le panorama, par temps clair, s’étend jusqu’au mont Lozère et à la Margeride, le sentier quitte le Velay pour entrer en Gévaudan.
Sur les hauts du Gévaudan
Le Gévaudan, pays de légendes où le randonneur − pas plus que Stevenson − ne rencontrera pas la bête mythique qu’il surnomme le « Napoléon des loups », mais où le paysage, intact semble-t-il depuis la nuit des temps, est d’une magnifique sauvagerie. De Langogne, opulente bourgade installée à la confluence de l’Allier et du Langouyrou, riche de ses cinq tours fortifiées, d’une somptueuse église romane (XIIe siècle) et d’une halle aux grains exceptionnelle (XVIIIe siècle) jusqu’à Cheylard-l’Evêque, paisible village hors du temps, situé à 1 100 m d’altitude, le chemin serpente en une longue montée à travers des landes de bruyères trouées de roches. A l’écart, au cœur de sombres forêts de sapins, se dresse Notre-Dame-des Neiges, monastère cistercien où Charles de Foucauld prit l’habit et le nom de frère Marie-Albéric, douze ans après le passage de l’écrivain, et où le voyageur aujourd’hui peut trouver un gîte.
Au cœur des Cévennes
L’horizon s’évase toujours plus pour se fondre enfin dans un infini dégradé bleuté à l’approche du mont Lozère, que Stevenson, faute de sentiers, gravit par les lignes de crêtes, mais dont le GR 70, bien balisé, permet aujourd’hui au voyageur d’admirer les merveilles sans crainte de se perdre. Parmi les touffes rases de genêts battus par les vents se dressent ça et là, menhirs datant de la préhistoire et croix de chemins ou de bornage, souvenirs médiévaux de l’emprise des chevaliers de Saint-Jean-de Jérusalem. Depuis le pic de Finiels (1 699 m), la vue embrasse l’inextricable labyrinthe des « serres », chaînes de montagnes caractéristiques du massif. Baptisées par Stevenson « Cévennes des Cévennes », elles sont le théâtre de l’épopée des résistants camisards. Leur « maquis », leurs arsenaux dissimulés dans le secret des grottes, leurs temples sylvestres où se réunissaient des centaines de fidèles, leurs champs de bataille. Ceux du « comte et seigneur Roland, généralissime des protestants de France, prompt au combat comme à la prière » qui marchait à l’assaut des cités abbatiales aux puissants remparts, ainsi que le relate l’écrivain. Une épopée sanglante, féroce, dont témoignent les beaux villages : Le Pont-de-Montvert, situé sur le Tarn et où se déclencha la révolte, puis Florac, capitale du parc national des Cévennes, et le long de la vallée du Gardon, Saint-Germain-de-Calberte, Saint-Etienne-Vallée-Française et enfin Saint-Jean-du-Gard. Robert Louis Stevenson y vendit, à regret, son ânesse Modestine. Ici, s’achève donc le GR 70.
Infos pratiques
Départ : Le Puy-en-Velay
Arrivée : Saint-Jean-du-Gard
Distance : 245 km
Que voir, que faire sur le GR 70 ?
- Louer un âne comme porteur et compagnon de route.
- Sauter à l’élastique au viaduc de la Recoumène.
- Profiter des plaisirs balnéaires et nautiques au lac du Bouchet-Saint-Nicolas.
- Se balader en vélo-rail aux alentours de Pradelles.
- Visiter le Musée vivant de la Filature des Calquières à Langogne, témoin de la révolution industrielle du XIXe siècle ; le musée du mont Lozère à Pont-de-Montvert.
- Découvrir les collections du musée des Vallées cévenoles à Saint-Jean-du-Gard.
- Parcourir la vallée du Gardon en train à vapeur 1900 entre Saint-Jean-du-Gard et Anduze.
D’autres routes encore…
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