VIDEO. Quand la cassette VHS de contrebande a fait souffler un vent de liberté derrière le rideau de fer
« Avec la VHS [Video Home System], le cinéma devient un objet. Et un objet, on peut lui faire passer les frontières… Les cassettes passent le Rideau de fer et rentrent dans les pays de l’Est avec les magnétoscopes », rappelle Claude Gaillard, auteur et éditeur de livres sur le cinéma et les cultures populaires au magazine « 20h30 le samedi » (replay).
« C’est un marché de contrebande. On les vend sous le manteau, les films sont doublés de façon artisanale… Quelque part, c’est pratiquement une initiation accélérée au libéralisme. C’est le marché de l’offre et de la demande », note ce spécialiste qui a notamment écrit Génération VHS. Dans l’enfer vert de la rambosploitation (éd. Huginn & Muninn).
« Pour le public russe, Rocky se bat contre un Soviet, contre le régime »
« Après, cela s’organise dans des pays comme la Roumanie, explique-t-il. On y transforme son salon en salle de cinéma où les voisins viennent. Le fils de Nicolae Ceaușescu [président du pays de 1967 à 1989, date à laquelle il est fusillé avec sa femme Elena après un procès expéditif] était un grand amateur de VHS… sans le dire évidemment à son père. Copier une cassette devient un acte de résistance. »
En URSS, les amateurs regardent l’Américain Rocky combattre un géant russe sur une cassette VHS qui s’arrache à Moscou : « Pour le public russe, Sylvester Stallone ne se bat pas dans Rocky 4 [1985] contre un boxeur russe. Il se bat contre un Soviet, contre le régime. Ils ont vu le libérateur dans ce personnage », analyse Claude Gaillard. Si la VHS n’a pas fait tomber à elle seule le mur de Berlin, cette petite brique de Bakélite a été un vecteur de transgression et de libération.
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