Véronique Weill, présidente du CA de CNP Assurances : “On a plus de recul quand on refuse d’être broyée”
La présidente du conseil d’administration de CNP Assurances a deux credo : protéger ses clients, faire grandir ses équipes.
Madame Figaro. – Une heure de réveil ?
Véronique Weill. – 6 heures. Je regarde l’actualité, les marchés, mes messages.
Le pitch de votre poste ?
Présidente du CA de CNP Assurances depuis le 1er août 2020, appelée par Philippe Wahl (PDG du groupe La Poste), mon objectif est d’accompagner le DG et les actionnaires dans le développement du groupe, en France et à l’international. Nous devons proposer les meilleures solutions de protection au plus grand nombre de clients, en fonction des problèmes qui se posent à eux aujourd’hui. Et y parvenir dans un monde plus digital, mais aussi plus solidaire et plus responsable. Je siège au CA de Valeo, au supervisory board de Rothschild et au board de la Fondation Gustave Roussy. Apporter mon expérience et mon réseau à cet hôpital et aux médecins, les aider à lever de l’argent, me tient évidemment beaucoup à cœur en ce moment.
Le fil rouge de votre parcours ?
Le facteur humain… Diplômée de Sciences Po en 1983, je suis entrée chez Arthur Andersen avant d’intégrer la banque d’affaires J.P. Morgan, où je suis restée vingt-deux ans. En 1996, mon mari s’est tué dans un accident de voiture. Ma fille avait 8 ans. En 1998, on m’a proposé de partir à Londres. J’ai mis six mois à me décider. Mais, en 2000, quand on m’a proposé New York (pour le poste de responsable des opérations pour la banque d’investissement), j’ai dit oui en 24 heures. J’y suis restée jusqu’en 2006.
Des obstacles sur la route ?
Plutôt des priorités : ma fille rentrée en France pour faire Sciences Po, je faisais l’aller-retour Paris-New York toutes les semaines. J’étais épuisée. J’ai accepté l’offre d’Axa, où je suis restée onze ans (chief operating officer, responsable de l’asset management). J’ai dû diviser mon salaire par dix au départ…
Un accélérateur de parcours ?
Travailler dans une banque américaine. Changer de pays, de business, de patron. Ne pas rester dans sa zone de confort. Seule avec un enfant en bas âge, j’ai appris à aller à l’essentiel. Avec moi, les réunions commencent et finissent à l’heure. Ça fait partie du leadership d’accepter qu’on ne puisse pas tout faire à la fois. Dans mes équipes, je préfère une femme bien dans sa vie à qui l’on offre de la flexibilité pour préserver sa vie personnelle. Elle sera plus engagée, donc meilleure. On réfléchit mieux, on a plus de recul quand on refuse d’être broyée.
Un défi pour l’avenir ?
Nommer plus de femmes à des postes de direction dans la banque et l’assurance. Je me bats pour les «accélérer», dire : «Elles ne sont peut-être pas prêtes à 100 %, mais on va les accompagner.»
Votre définition de l’influence ?
Écouter et réussir à convaincre, en laissant à l’autre la liberté du choix. On a le droit de ne pas être d’accord, l’essentiel c’est d’arriver à une conclusion.
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