Variants : qu'est-ce que le "vaccin universel", qui pourrait être bientôt disponible ?

Britannique, sud-africain, brésilien… Les variants du Sars-CoV-2 sont de plus en plus nombreux. S’ils sont source d’inquiétude, c’est parce que certains d’entre eux pourraient remettre en cause l’efficacité des vaccins. Pour anticiper cette situation, des chercheurs travaillent sur un « vaccin universel », capable d’agir contre les mutations du Sars-CoV-2, voire les différents coronavirus.

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On le sait : les virus subissent des mutations et le Sars-CoV-2 ne fait pas exception à la règle. Depuis plusieurs semaines, l’apparition des variants britannique, sud-africain et brésilien inquiète la communauté scientifique. En cause ? Ils circulent de plus en plus et pourraient être davantage contagieux que la souche classique du virus.

Mais ce n’est pas tout : ces mutations pourraient remettre en cause l’efficacité de certains vaccins. C’est notamment le cas du vaccin d’AstraZeneca. « Normalement, son efficacité est de 60 à 70% mais elle semble fortement réduite face au variant sud-africain », explique au Parisien l’infectiologue Anne-Claude Crémieux. Une nouvelle étude publiée dans le New England Journal of Medicine suggère également que le variant sud-africain pourrait réduire la protection du vaccin Pfizer.

De plus, la communauté scientifique s’inquiète de l’arrivée de nouveaux coronavirus. Dans une tribune publiée dans la revue Nature, des chercheurs du Scripps Research Institute à San Diego (Etats-Unis), appellent les gouvernements à investir dans de nouvelles technologies de vaccination pour lutter contre les futures pandémies.

Pour faire face à ces phénomènes, nombreux sont ceux qui travaillent sur le développement d’un « vaccin universel », qui serait capable de protéger contre les différents variants du Sars-CoV-2, voire les différents coronavirus.

Covid-19 : un vaccin plus puissant et polyvalent ?

La société Phylex Biosciences développe un « vaccin universel », qui pourrait être disponible dès la fin de l’année 2021 ou le début de l’année 2022. Le concept ? Anticiper les mutations. « Les vaccins qui sont administrés aujourd’hui sont des vaccins de première génération, qui ont tous un temps de retard par rapport au virus », souligne sur Europe 1 Pascal Brandys, PDG de la société.

Ce vaccin, présenté comme « polyvalent », a pour objectif de déclencher une réaction immunitaire qui protègerait contre les différents variants. Pour ce faire, il cible la partie stable de la protéine Spike, aussi appelée « protéine S », présente à la surface du virus. Ce vaccin « produit un antigène, c’est-à-dire la partie du virus qui déclenche la réaction immunitaire, plus puissant par rapport aux vaccins actuels et surtout polyvalent, c’est-à-dire qui va être en mesure d’être efficace avec un très grand nombre de mutations et un très grand nombre de variants », ajoute Pascal Brandys.

La société annonce avoir terminé la phase de recherche pré-clinique, qui a permis de démonter l’activité du vaccin sur des modèles animaux. L’une des prochaines étapes est de lancer un essai clinique, potentiellement à la rentrée.

« Vaccin universel » : cibler la partie interne du virus

La biotech lyonnaise Osivax, qui travaillait sur un vaccin universel contre la grippe, a décidé d’élargir ses recherches à la Covid-19. Le but : développer un vaccin efficaces sur les variants du Sars-CoV-2 et potentiellement sur d’autres coronavirus. Pour y parvenir, elle ne s’intéresse pas à la fameuse « protéine S » visée par les vaccins actuels, mais à la partie interne du Sars-CoV-2, car celle-ci ne mute pas. Sa cible ? Une protéine appelée « nucléocapside ».

« Plutôt que de produire des anticorps, nous nous attaquons aux composants à l’intérieur du virus qui ne mutent pas. L’objectif, c’est une immunité multi-souches, contre cette épidémie et d’autres coronavirus car il ne faut pas oublier que nous sommes peut-être en train d’infecter des animaux qui vont produire de nouveaux variants », explique à La Croix explique Corinne Ronfort, fondatrice d’Osivax. Les essais cliniques sont décrits comme « prometteurs », mais le développement du vaccin demande du temps. Pour l’heure, la biotech souhaite lever des fonds auprès de partenaires privés.

Osivax et Phylex Biosciences ne sont pas les seuls à participer à la course au vaccin universel : d’autres entreprises s’attèlent également à la tâche. C’est notamment le cas de la société canadienne VBI Vaccines, qui est sur la piste d’un vaccin trivalent contre le SARS-CoV-1, le SARS-CoV-2 et le MERS.

L’Institut Pasteur n’est pas en reste, comme le révèle à Ouest-France Frédéric Tangy directeur du laboratoire d’innovation vaccinale de la fondation : « Mon laboratoire travaille également sur un vaccin universel contre le Covid (qui ne vise pas que la fameuse spicule du virus) et contre les nouveaux variants », explique-t-il.

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