Variants de la Covid-19 : pourquoi un virus plus contagieux est peut-être pire qu’un virus plus mortel

Les deux nouvelles souches de la Covid-19, détectées au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, inquiètent la communauté internationale depuis quelques semaines. La raison est simple : elles pourraient se transmettre plus facilement et donc se propager plus vite. En outre, les deux variants pourraient aussi s’avérer être plus dangereux que la précédente souche du virus. Découvrez pourquoi.

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Depuis son émergence, le virus Sars-CoV-2 a muté plusieurs fois. Un premier variant a été identifié ces dernières semaines au Royaume-Uni, plus précisément à Londres, dans le Kent et dans certaines parties de l’Essex et du Hertfordshire. Cette souche s’est rapidement développée et étendue sur tout le territoire et « pourrait être associée à une diffusion plus rapide (du virus) dans le sud-est de l’Angleterre », avait déclaré le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, devant la Chambre des Communes le 14 décembre dernier. Ce nouveau variant circule désormais dans plusieurs pays du monde. Une autre souche de la Covid-19 a aussi été découverte en Afrique du Sud. Tout comme le variant britannique, cette dernière a été repérée dans d’autres états.

Les variants de la Covid-19 sont-ils réellement plus contagieux ?

Plusieurs hypothèses indiquent que les deux variants du virus pourraient être hautement transmissibles. Cependant, pour l’heure, aucune preuve définitive ne l’a montré. Beaucoup continuent ainsi à s’interroger sur la contagiosité de ces deux souches. Dans un communiqué, publié le 29 décembre dernier, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a estimé qu’« aucun lien clair n’a été établi entre l’attachement au récepteur ACE2 (des cellules humaines) et l’augmentation de la transmissibilité, mais il est plausible qu’une telle relation existe ».

Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait affirmé, lors d’une conférence de presse le 19 décembre, que le variant circulant au Royaume-Uni se transmet « bien plus facilement ». Il a précisé que, selon les premières données, cette variante est « jusqu’à 70% plus contagieuse » que la précédente souche.

Cela a été confirmé par une étude menée par une équipe de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, dont les résultats ont été publiés le 31 décembre par le Centre pour la Modélisation Mathématique des Maladies Infectieuses (CMMID). Les chercheurs ont estimé que le variant identifié en Angleterre est 50 à 74% plus contagieux (valeur moyenne : 56%) que les variantes préexistantes de la Covid-19.

Variants de la Covid-19 : leur plus grande transmissibilité rend-elle le virus plus dangereux ?

« Bien qu’il n’existe aucune information indiquant que les infections par ces souches sont plus graves, en raison d’une transmissibilité accrue, l’impact du coronavirus en termes d’hospitalisations et le nombre de décès est jugé élevé, en particulier pour les personnes âgées ou souffrant de comorbidités », a spécifié dans son communiqué le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

L’épidémiologiste britannique Adam Kucharski a aussi expliqué sur Twitter, avec une démonstration statistique, que les variants de la Covid-19 sont nettement plus dangereux à cause de leur contagiosité. « Supposons que le R0 (taux de reproduction) actuel soit de 1,1, que le risque de décès soit de 0,8 %, que le temps de génération (à savoir le fait d’infecter une personne après avoir été exposé au virus) soit de 6 jours et que 10.000 personnes soient infectées. On s’attendrait à 129 nouveaux décès après un mois de propagation », a-t-il détaillé.

« Que se passe-t-il si le risque de décès augmente de 50 % ? On s’attendrait à 193 nouveaux décès. Supposons maintenant que la transmissibilité augmente de 50 %. Dans ce cas, on s’attendrait à 978 nouveaux décès après un mois de propagation. (…) Une variante du Sars-CoV-2 qui est 50% plus transmissible serait en général un problème beaucoup plus important qu’une variante qui est 50% plus mortelle », a-t-il écrit sur Twitter.

Dans leur étude, les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont également signalé que l’augmentation de la transmissibilité du virus est susceptible d’entraîner une forte augmentation de l’incidence, des hospitalisations et des décès dus à la Covid-19 « devant atteindre en 2021 des niveaux plus élevés que ceux observés en 2020, même si les restrictions mises en œuvre avant le 19 décembre sont maintenues ».

« Nos estimations suggèrent que des mesures d’une sévérité similaire à celle du confinement national mis en place en Angleterre ne réduiront probablement pas le nombre effectif de reproduction à moins de 1, à moins que les écoles primaires, les écoles secondaires et les universités ne soient également fermées », peut-on lire dans l’étude.

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