Une femme sur dix a déjà fait une fausse couche : un phénomène (trop) minimisé
Un nouveau rapport en plusieurs parties publié dans la revue scientifique The Lancet tire la sonnette d’alarme : « Les fausses couches importent » (Miscarriage matters). La signification de cet intitulé quasiment politique ? Elle est simple : une femme sur dix aurait déjà fait une fausse couche, et cette réalité est depuis bien trop longtemps minimisée, affirme l’enquête. Un phénomène qui serait encore tabou.
Selon le rapport, 23 millions de fausses couches se produiraient chaque année dans le monde. 10 % des femmes seraient concernées, pour 15% des grossesses au total. Des chiffres face auxquels il ne faut plus fermer les yeux, de par ce qu’ils cachent, et notamment, la prise en charge encore trop peu satisfaisante des principales concernées suite à leur fausse couche. En somme, on ne soigne pas, et l’on écoute pas encore suffisamment les femmes.
« De nombreuses femmes se plaignent du manque d’empathie avec lequel elles sont prises en charge après une fausse couche : certaines ne reçoivent aucune explication, et le conseil qu’on leur donne est ‘de réessayer’. Le silence persiste chez les femmes qui les vivent, mais aussi parmi les soignants, les décideurs politiques et les organisations de financement de la recherche », déplore dans le texte la professeure Siobhan Quenby.
Un silence qui dure. Et une assertion d’autant plus forte que les chiffres révèlent d’autres réalités déplorables, ayant trait à l’invisibilisation et aux discriminations.
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« La patiente se culpabilise souvent »
This is an important editorial from @TheLancet with a suite of related research papers on #miscarriage, drawing attention to disparities between patients of different ethnicities, and calling for an overhaul of the care we provide. #MiscarriageMattershttps://t.co/VR73gWoxMc
Et parmi ces réalités, celle-ci : le risque de fausse couche serait encore plus élevé chez les femmes noires. Plus précisément, être noire augmenterait le risque de fausse couche de… 43 %. Une donnée considérable. Il y aurait ainsi au sein de ce phénomène des disparités indéniables entre les patientes de différentes ethnies ou classes sociales, nuance indissociable d’un accès moindre à un suivi psychologique et médical digne de ce nom. Un suivi psychologique pourtant essentiel pour toutes les femmes.
« Après une fausse couche, la patiente se culpabilise souvent. Elle se demande si elle y est pour quelque chose, ce qu’elle a fait pour que ça s’accroche pas, comme elles disent souvent. Pour les femmes, c’est vraiment difficile à vivre. Parfois, ça crée des blocages aussi : des patientes n’arrivent plus à avoir envie d’être enceinte parce qu’elles ont peur d’un nouvel échec », explique à ce titre la médecin et orthogéniste Sophie Eyraud sur les ondes de France Inter.
« Les fausses couches sont courantes, touchant une femme sur dix au cours de sa vie. Malgré cela, l’impact et les conséquences d’une fausse couche sont sous-estimés, ce qui se traduit par une attitude d’acceptation de la fausse couche et un système de soins actuellement fragmenté et de mauvaise qualité », achève le rapport détaillé, qui incite dès lors professionnels de la santé et instituts scientifiques à « une refonte complète des soins médicaux et des conseils offerts aux femmes qui ont subi des fausses couches ». Un projet ambitieux s’il en est.
Et qui constituerait, notamment, en la normalisation d’un suivi psychologique et médical « minimum » post-fausse couche destiné aux principales concernées, incluant une aide par des professionnels, une forme de médiation, des examens réguliers, mais aussi des conseils médicaux et psychologiques en vue d’éventuelles futures grossesses. En somme, se préoccuper davantage des femmes et déboulonner un tabou encore trop coriace.
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