Un tiers des étudiantes ne peuvent pas se payer leurs protections menstruelles
Freinée par un budget serré et le contexte particulier de la crise sanitaire, les étudiantes manquent de moyens pour s’acheter des protections hygiéniques. C’est le constat de l’enquête menée par plusieurs associations étudiantes et publiée lundi 8 février.
1,7 million : c’est le nombre de femmes touchées par la précarité menstruelle en France. Parmi elles, des étudiantes. Afin d’illustrer cette réalité, la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), l’Association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF) et l’Association fédérative des étudiants de Poitiers (Afep) ont lancé en octobre dernier une enquête auprès de 6518 jeunes, comprenant une majorité de femmes mais aussi des personnes non-binaires (des individus qui ne se reconnaissent dans aucun genre, NDLR) et des personnes trans touchées également par cette problématique.
Les résultats de cette étude, publiés lundi 8 février, sont pour le moins inquiétants : 13% des personnes sondées rapportent avoir déjà dû choisir entre des protections et un autre objet de première nécessité et 33% estiment avoir besoin d’une aide pour se procurer des serviettes, des tampons ou bien des coupes menstruelles.
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Un budget conséquent
Lorsque l’on demande ce qu’elles feraient avec l’argent dépensé dans les protections si elles n’avaient pas à en acheter, certaines réponses sont très préoccupantes : «Je mangerais à ma faim», «Pouvoir enfin m’acheter un nouveau soutif au lieu de tourner sur deux» ou encore «Je m’en servirais pour acheter des aliments de première nécessité auxquels je renonce fréquemment». Sans ressource ni petits boulots, beaucoup se passeraient bien en effet de ce budget important. 46 % des personnes interrogées dépensent en moyenne 5 à 10 euros pour se procurer des protections hygiéniques. Sans compter sur les dépenses annexes (médicaments anti-douleurs, achat de vêtements, sous-vêtements, literies) pouvant faire grimper la facture jusqu’à plus de 20 € par mois pour la moitié des répondantes.
Des enjeux sanitaires et sociaux
Autant de raisons qui poussent 1 étudiante menstruée sur 10 à fabriquer elle-même ses protections et 1 sur 20 à utiliser du papier toilette. L’enquête souligne également une pratique à haut risque, dangereuse pour la santé : «Une utilisation trop longue de ces protections, favorisée par le manque de moyens et donc de protections, augmente le risque d’un choc toxique».
Certaines étudiantes se tournent alors vers les protections lavables et réutilisables. Mais leur coût unique élevé pose question. «32% des répondants utilisent des protections lavables, mais 68% d’entre elles et eux déclarent ne pas en avoir suffisamment pour une raison financière, relève l’enquête. 23% n’en possèdent aucune car le budget s’avère trop élevé et 13% car cela serait trop compliqué à entretenir.»
Cette situation de précarité, liée à une inégalité de genre, représente aussi un enjeu social. «Aujourd’hui encore, un(e) étudiant(e) menstrué(e) sur 10 déclare avoir déjà manqué le travail ou les cours par peur des fuites et que leurs règles soient vues, note l’étude. Ce tabou, pouvant créer une véritable honte, vient fragiliser l’image de soi, et peut avoir de véritables conséquences sur la vie des individus ayant leurs règles.»
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Allocation financière et sensibilisation
Ces dernières années, le gouvernement français s’est emparé de ce sujet de société. 5 millions d’euros ont été débloqués cette année afin de répondre à ces enjeux. Plus récemment, la région Île-de-France a annoncé la mise en place prochaine de distributeurs gratuits de protections périodiques dans les lycées publics, «soit 465 établissements scolaires pour un coût d’un million d’euros pour la première année», rapporte Libération. Cette installation devrait être effective au printemps.
D’autres solutions au long terme pourraient être envisagées, ajoutent les associations. Parmi leurs principales pistes de réflexion : «La mise en œuvre d’une enveloppe financière pouvant être distribuée à chaque personne menstruée prenant en compte l’intégralité des dépenses de l’année» mais aussi «l’amélioration de la sensibilisation et de la prévention sur les règles et les maladies qui y sont associées».
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