« Un psy sur une piste de danse »… Oete entre névroses et paillettes
- Talent à suivre, Oete se produit vendredi soir au festival Bars en Trans à Rennes.
- Originaire de Picardie, le jeune chanteur de 23 ans a sorti un premier album en octobre dans lequel il chante ses amours et ses doutes, mélangeant la pop, le disco, la new wave et la chanson française.
- Malgré des textes sombres, ses chansons sont un hymne à la fête et à la danse.
Il n’est encore qu’une promesse. Nouvelle voix de la scène française, Oete est pourtant bien parti pour se faire un nom. Avec sa voix androgyne et son look glam à la Bowie, le jeune artiste de 23 ans chante ses amours et ses doutes dans son premier album Armes et Paillettes sorti fin octobre. Mélange de disco, de new wave, de pop et de chanson française, ses titres Corps & Ego, Défense et La tête pleine s’annoncent déjà comme des tubes en puissance. Avant de partir pour une première et longue tournée en 2023, le chanteur de « variété alternative » sera vendredi soir à l’affiche des Bars en Trans à Rennes où il se produira sur la scène du théâtre du Vieux Saint-Étienne. Rencontre.
Les Bars en Trans font figure de tremplin pour les artistes émergents. Cela met-il une pression particulière ?
Pas forcément. J’ai déjà fait le Printemps de Bourges et le MaMA Festival à Paris cette année et j’aime bien ces rendez-vous. Cela permet d’être à l’écoute des remarques des professionnels. Et d’un festival à l’autre, on peut leur montrer qu’on a écouté leurs avis et qu’on a travaillé pour évoluer et progresser. Mais je ne ressens pas forcément de stress, enfin ça dépend des dates. Ce sont surtout les problèmes techniques qui me stressent.
Il y a en tout cas une forte attente à votre égard. Vous la ressentez ?
On m’en parle oui mais je ne sais pas si je la ressens. Je suis Sagittaire et donc très impatient dans la vie. J’aimerais que les choses se passent beaucoup plus vite. Je vois d’ailleurs plutôt cette attente comme un moteur. J’ai envie de montrer aux gens qu’ils ont raison de croire en ce projet autant que j’y crois.
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Revenons sur votre parcours. Vous êtes né en Picardie, une région que vous avez voulu fuir le plus vite possible. Pourquoi ?
J’ai grandi dans un village de 250 habitants où il y a plus de vaches que d’hommes. Mes parents n’étaient pas du milieu agricole. Mon père était ouvrier et ma mère assistante sociale. Mais j’ai su très vite que je n’allais pas m’épanouir au milieu de tous ces champs et dans cette culture. Il y a des moments où l’on sait que notre vie ne peut pas se faire à un certain endroit si l’on veut le meilleur pour soi-même. J’ai donc préféré fuir et tracer ma route. D’abord à Amiens pour suivre une formation de cirque dans un lycée. Et à 17 ans, j’ai pris mes valises et j’ai filé à Lyon pour découvrir la vie.
Quelle place avait alors la musique ?
Pendant mon enfance, on écoutait seulement de la musique quand on était en voiture. On écoutait à fond Kyo, Norah Jones ou Zazie. Mes goûts musicaux se sont finalement développés vers 13 ans quand j’ai eu un téléphone portable en main. J’ai pu découvrir tout un tas de chansons comme Brel ou Barbara. J’aimais beaucoup en parallèle la poésie. Et quand ces deux univers se sont liés, cela a été une grande révélation pour moi.
Un déclic pour se lancer ?
Oui, même si la musique est arrivée en dernier dans mon parcours. Enfant, la scène me faisait déjà vibrer, je crois que cela m’a toujours habité. J’ai commencé par le théâtre, puis la danse et le cirque. C’est quand j’ai eu ma première paye à 17 ans que je me suis offert une guitare. J’ai appris à jouer en regardant des vidéos sur le Net et j’ai fait pareil avec le piano. Mais très vite, j’en ai eu marre de chantonner des reprises et j’ai commencé à composer. J’avais envie de coucher sur le papier toutes mes névroses et de poser des textes dessus. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de plaquer mon métier d’assistant spécialisé pour me plonger dans la musique.
Vos textes sont en effet très sombres et vous n’hésitez pas à vous mettre à nu, en parlant notamment dans « HPV » du papillomavirus que vous avez contracté…
Faire un album, c’est un peu comme une séance de psy. Moi j’écris mes textes sans les comprendre et ce n’est qu’après, quand la chanson est finie, que je me la prends en pleine tête et que je me rends compte de quoi j’ai parlé. Cela a été quelque chose de très libérateur pour moi. Et si je peux venir libérer des personnes de certaines névroses ou alors les réconcilier avec eux-mêmes à travers cet album, eh bien je crois que j’aurai tout gagné.
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Cela reste malgré tout très dansant et festif…
Je crois que cette nouvelle génération a envie de faire la fête. Et puis j’aime contraster mes textes avec de la musique dansante. Il y a un côté libération là-dedans, comme si on exorcisait toutes ces choses avec des mouvements de danse très pulsionnels. La danse et la musique sont totalement liées pour moi, même si je réfléchis très peu à mes mouvements dans mes clips ou sur scène. Mes concerts ne sont d’ailleurs jamais pareils et j’aime ça, le fait d’avoir une grande forme de liberté.
Cela donne quoi d’ailleurs un concert d’Oete ?
C’est 45 minutes de danse et d’hommage à la chanson français. Sur scène, je me vois un peu comme un psychologue sur une piste de danse. J’ai envie que les gens ressortent de mes concerts libérés par rapport à ce qu’ils pensent mais aussi libérés d’avoir pu s’exprimer corporellement.
Cent artistes émergents à découvrir pendant trois jours
Plus qu’un festival off des Trans Musicales, Bars en Trans est un festival à part entière qui fait la part belle depuis vingt-six ans maintenant aux groupes émergents de la scène francophone. Cent groupes sont programmés cette année de jeudi à samedi dans les troquets et différents lieux culturels rennais. La programmation se veut comme à chaque fois très éclectique, naviguant entre pop, chanson, musique urbaine, rock ou musique électronique.
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