"Un jour, il m’aurait tuée" : Valérie Bacot témoigne avant son procès pour le meurtre de son mari violent

Valérie Bacot, 40 ans, sera jugée par la cour d’assises de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) du 21 au 25 juin prochain, pour avoir tué en mars 2016, son mari violent de 60 ans qui la battait et la prostituait.

Après un an de prison, elle est pour l’instant libre, sous contrôle de la judiciaire, et relate de façon bouleversante son calvaire de 24 ans dans l’émission Sept à Huit sur TF1, le 9 mai, trois jours avant la publication de son autobiographie Tout le monde savait (éditions Fayard).

Son beau-père incestueux devenu son mari, père de ses 4 enfants

Valérie Bacot a rencontré Daniel Polette alors qu’elle n’avait que « 11-12 ans ». L’homme était alors le compagnon de sa mère. « Tous les soirs après l’école, il me disait ‘Tu montes’. Je savais ce que ça voulait dire », raconte la femme dans Sept à Huit.

À 17 ans, elle tombe enceinte. « Il m’a dit ‘On va prendre un appartement et on va vivre ensemble’ (…) Ma mère m’a aidé à faire mes cartons. » Le couple aura 4 enfants. « Au début, je pensais que ma mère ne savait pas, mais au fil du temps, je me rends compte qu’elle devait savoir, mais n’a jamais rien fait », détaille la femme de 40 ans. 

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Menaces de mort et prostitution 

« Ça commence par les insultes, les claques. Ensuite il revient vers vous en disant ‘Je m’excuse, je ne le referai pas. Mais c’est à cause de toi, tu me mets à bout. Tu es une moins-que-rien.’ Au fil des années, c’est de pire en pire, jusqu’aux menaces de mort sur moi ou sur les enfants », explique Valérie Bacot, la voix tremblante.

Un jour, Daniel Polette la « menace avec son pistolet ». « Ça lui est arrivé de tirer. Et après il me disait ‘Tu as de la chance, c’est pas aujourd’hui, il n’y a rien dedans, mais la prochaine fois je ne te louperai pas' ». 

Au fil des années, c’est de pire en pire, jusqu’aux menaces de mort sur moi ou sur les enfants.

L’homme oblige aussi sa femme à se prostituer sur les aires d’autoroute, dans leur monospace, pendant « environ quatorze ans ». « Il regarde de dehors et il me dit ce que je dois faire dans une oreillette (…) J’encaisse parce que si je ne le fais pas, il me frappe », explique-t-elle. 

« Ma priorité était de sauver mes enfants »

Les menaces sont constantes. Alors Valérie Bacot confie dans Sept à Huit que sa seule préoccupation était de protéger ses enfants « pour qu’ils voient le moins de choses possibles ». « Depuis qu’ils sont tout petits, je préférais que ça soit moi qui prenne plutôt qu’eux. »

Mais un jour, son mari lui fait une remarque qui agira comme un déclic : « Il a demandé à ma fille de 14 ans comment elle était sexuellement. Ça l’inquiète parce qu’elle sait ce qu’il me fait faire. Elle a peur qu’il lui fasse faire la même chose ».

J’avais espoir que les gendarmes disent qu’ils allaient nous mettre en sécurité ou le mettre en prison.

À TF1, elle explique ne pas avoir porté plainte par peur de son mari, qui aurait fini par l’apprendre : « Pour porter plainte il faut y aller, il faut être interrogée ». Ses enfants sont allés voir les gendarmes à deux reprises mais « sont tombés sur un gendarme qui les a envoyés paître parce que c’était des gamins ». « J’avais espoir que les gendarmes disent qu’ils allaient nous mettre en sécurité ou le mettre en prison, mais pour moi, c’était trop risqué qu’ils l’interrogent et le laissent rentrer le temps de faire une enquête ».

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« Je me rappelle juste d’avoir fermé les yeux et d’avoir vu une lumière et entendu un gros bruit »

Le 13 mars 2016, Valérie Bacot est une nouvelle fois forcée de se prostituer dans le monospace familial. Confrontée à un client violent, elle refuse de se « laisser faire ». Son mari lui dit dans l’oreillette qu’elle va « le payer ». « Comme d’habitude quand on avait ce type de clients, mon mari gardait son arme dans la voiture », souligne la mère de famille. 

Elle se souvient du moment où elle l’a tué : « J’ai pris l’arme. Je me rappelle juste d’avoir fermé les yeux et d’avoir vu une lumière et entendu un gros bruit ». Après avoir raconté la scène à ses enfants, ils l’aident à enterrer le corps. « La seule chose à laquelle je pensais était de mettre la terre dessus, parce que j’avais peur qu’il ressorte », confie-t-elle.

J’ai vécu toute ma vie en croyant que je le méritais, que c’était à cause de moi.

Le corps est finalement retrouvé par les gendarmes le 2 octobre 2017 à La Clayette (Saône-et-Loire), un an et demi après les faits. Valérie Bécot reçoit le soutien d’une des soeurs de son mari violent. Dans une lettre, elle lui explique qu’il avait déjà été violent avec ses parents et violait une de ses soeurs. Un soulagement, confesse-t-elle face caméra : « J’ai vécu toute ma vie en croyant que je le méritais, que c’était à cause de moi ». 

Un « comité de soutien à Valérie Bacot » a été créé sur Twitter et Instagram, dont la pétition « Liberté pour Valérie Bacot » a déjà recueilli plus de 160.000 signatures. 

La mère de quatre enfants encourt la prison à perpétuité. Sur TF1, elle avoue « mériter la peine, ‘parce que j’ai quand même enlevé la vie à quelqu’un et c’est complètement normal que j’aille en prison pour ce que j’ai fait’. J’ai hâte que ce procès se fasse. Je le vois comme mon dernier combat contre lui », conclut-elle. 

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