Un défilé à pas de géants pour la Biennale de la danse

  • Le défilé de la Biennale de la danse se déroulera cette année sur la scène du théâtre de Fourvière, vendredi, samedi et dimanche.
  • La compagnie de marionnettes géantes Les Grandes Personnes présentera un spectacle de sept à dix minutes entre chaque groupe.
  • « 20 Minutes » est parti à la rencontre de ces curieux personnages mais aussi de tous ceux qui sont chargés de leur donner vie.

Elles ont chacune un nom, une histoire, une couleur de peau différente. Elles s’appellent : Manon, Anouk, Cherokee, Mafesso ou encore « KS » comme Kylian Souleymane, en guise de clin d’œil à Mbappé. « Elles » ? Ce sont les neuf marionnettes géantes de la compagnie
Les Grandes Personnes, fabriquées pour certaines au Burkina Faso et pour d’autres en France. Pour l’instant, elles se reposent dans les ateliers de l’ancienne usine Fagor de
Lyon en attendant le grand jour. Vendredi, samedi et dimanche, elles constitueront le fil rouge du défilé
de la biennale de la danse, qui se déroulera dans l’écrin du théâtre antique de Fourvière.

La compagnie présentera un spectacle de sept minutes à dix minutes entre chaque passage de groupes. Pour cela, elle s’est associée au chorégraphe Bouba Landrille Tchouda, chargé de faire danser les géants. Un « rôle modeste », assure-t-il. Un défi de taille en réalité car la tâche n’est pas aisée. Chaque marionnette mesure entre 3,70m et 4m et pèse plus de 20 kilos. Habituées à déambuler, elles devront cette fois évoluer « en fixe » dans un espace restreint tout en conservant leur fluidité.

« Chaque marionnette a sa spécificité »

« Il y a parfois une différence entre ce que je voyais et ce que j’ai compris en les approchant. Il faut prendre en compte leur volume. Les déplacements ne sont pas aussi rapides que je le voulais », sourit le danseur. D’où la nécessité de trouver l’astuce pour conserver la grâce des personnages sans les ridiculiser.

« Chaque marionnette a sa spécificité. Manon, par exemple, ne peut pas courir. Il a fallu imaginer pour elle des déplacements latéraux », glisse Bouba, soucieux « d’humaniser » ces géants au regard tendre ou aux yeux pétillants de malice. « L’objectif est d’amener le spectateur à penser qu’il n’a pas plus affaire à des marionnettes mais à des êtres qui ont un cœur », poursuit le chorégraphe tandis que Pauline De Coulhac, metteur en scène, peaufine quelques réglages.

« On s’éclate comme si on avait 14 ans d’âge mental, lâche-t-elle dans un grand éclat de rire tout en couvant du regard ses protégés. Il est hors de question d’habiller les marionnettes de vêtements que l’on ne porterait pas dans la vie ». Si l’ambiance de travail est bon enfant, les équipes travaillent pourtant d’arrache-pied pour préparer le spectacle. Les organisateurs de la biennale ont fait appel pour cela aux services du centre de formation pour personnes en insertion Tremplin Anepa, avec lequel elle collabore depuis vingt ans.

Les bénévoles aux manettes

« Sans eux, on ne pourrait pas y arriver, ils font partie intégrante de l’aventure », ajoute Pauline. Les bénévoles ne sont pas chargés uniquement de confectionner les costumes, les décors ou les accessoires. Ils auront la possibilité de participer directement au spectacle, soit en dansant sur scène au milieu des géants, soit en portant les marionnettes. Mohammed vient d’ailleurs de faire les premiers essais. « C’est une révélation totale, confie-t-il radieux. C’est fou car au début, je n’étais pas motivé, je ne voulais pas venir. Là, j’apprends plein de choses et surtout, je me sens utile ».

A ses côtés, Hadjira, Aïcha et Kahina sont toutes aussi dithyrambiques, muées par l’énergie collective. « L’équipe est vraiment supère. Ici, on se sent en famille », confie la première. « Nous n’avions pas forcément confiance en nous avant de venir. On avait besoin de gens qui nous poussent. Aujourd’hui, on se découvre des compétences, des qualités », ajoute Kahina, « étonnée » elle aussi par le fait d’avoir animé l’un des géants.

« Je n’avais jamais participé à un défilé avant, je ne connaissais même pas et l’idée ne me serait pas venue à l’esprit, enchaîne Hadjira. Jamais, on aurait pu croiser des professionnels et découvrir cet univers. Maintenant cela me donne envie de participer à un autre défilé. » Mais aussi de danser le jour J, conclut-elle avec un large sourire.

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