Toutes les clés pour conserver un cerveau jeune !
Quels que soient l’âge ou l’environnement, notre cerveau est capable de régénérer les circuits de nos neurones. Tout du moins dans certaines régions de notre encéphale. Cet organe peut ainsi mieux résister aux agressions extérieures et récupère mieux en cas de maladie.
Le saviez-vous ? Chaque neurone est capable d’établir plus de 10 000 connexions. De la qualité de ces connexions dépend le bon fonctionnement de nos capacités cérébrales. Au total, le cerveau compte quelque 100 milliards de neurones qui communiquent entre eux.
Parole d’expert : Professeur Pierre-Marie Lledo
©INSTITUT PASTEUR/FRANÇOIS GARDY
Le directeur du département des neurosciences, chef d’unité à l’Institut Pasteur et directeur de recherches au CNRS répond à nos questions.
France Dimanche : Nos neurones peuvent-ils se régénérer, même après 50 ans ?
Professeur Pierre-Marie Lledo : Le déclin cognitif n’est pas inéluctable. Même avec l’âge, toutes nos fonctions mentales ne sont pas amenées à régresser. Depuis les années 2000, on sait que le cerveau se régénère grâce à une sorte de pouponnière à neurones située dans l’hippocampe, où sont créées, à partir de cellules souches, de nouvelles cellules nerveuses. Et cette région est propice à la formation de nos souvenirs et au contrôle de nos émotions.
FD : Pourquoi faut-il sans cesse changer ses habitudes ?
PML : Plus on sort de la routine, plus la dynamique cérébrale est stimulée. Le cerveau se nourrit du changement et se détruit avec l’habitude. Et cet organe adore trouver des solutions à nos problèmes.
FD : Peut-on augmenter les capacités du cerveau avec le temps ?
PML : Quels que soient notre âge, notre statut social ou professionnel, notre cerveau peut régénérer certains circuits. C’est le rôle de l’apprentissage : quand on apprend, on fait avec un cerveau augmenté. À condition d’en avoir le désir et d’y trouver du plaisir.
FD : Est-il vrai qu’en prenant soin de son cœur, on prend soin de son cerveau ?
PML : Tout à fait, au sens propre, comme au sens métaphorique. On sait aujourd’hui que la longévité d’un sujet dépend de la richesse de ses contacts sociaux. Et il existe des relations entre nos organes et notre cerveau. Quand le rythme cardiaque change, par exemple, c’est une information qui va directement au cerveau, qui nous fera ressentir un état de mal-être ou de bien-être.
FD : Est-ce que la restriction calorique permet de vivre plus longtemps ?
PML : C’est un fait scientifique corroboré par de nombreuses études. On estime à 30 % le besoin de restrictions caloriques pour stimuler pleinement nos facultés mentales. Il faudrait donc réduire de 30 % son apport calorique quel que soit son âge, tout en évitant de perdre de la masse musculaire. Diminuer le sucre et augmenter les protéines. Une femme, par exemple, qui consomme l’équivalent de 2 000 kcal devrait passer à 1 400 kcal/jour sur une courte période.
“Les moments de vagabondage intellectuel sont précieux !”
FD : En quoi une mauvaise alimentation nuit-elle au cerveau ?
PML : Le cerveau est très énergivore : il a besoin de beaucoup d’oxygène pour bien fonctionner. Aujourd’hui, les troubles du cerveau liés à des défauts alimentaires sont connus. Par exemple, on sait que 10 % des Français manquent de fer. Or, c’est dommage car le fer est le seul élément capable d’acheminer l’oxygène au cerveau…
FD : Quelle est l’importance d’un bon sommeil ?
PML : Il est double : d’abord il permet la consolidation de la mémoire à long terme et il améliore aussi le contrôle des émotions.
FD : Pour les personnes plus âgées, on souligne souvent la nécessité de développer une vie sociale. En quoi est-ce si bénéfique ?
PML : La particularité de l’humain, c’est l’attention et le soin à l’autre. Nous avons une dimension empathique inscrite dans notre cerveau. On se remet mieux d’une maladie, on est plus robuste et on vivra plus longtemps si l’on est entouré par les autres.
FD : Quelles sont les vertus prouvées de l’exercice physique ?
PML : L’exercice physique a d’abord un effet psychologique positif. S’octroyer du temps pour faire du sport, ou marcher tout simplement, c’est du temps pour soi et cela renforce l’estime de soi. Ensuite, l’effort permet l’oxygénation du corps. En accroissant son rythme cardiaque et sa ventilation, on irrigue et oxygène mieux son cerveau. De plus, les muscles qui se contractent libèrent des molécules chimiques qui vont bénéficier au cerveau. Ainsi, toute une chimie du bien-être se met en place. Faire quinze minutes d’exercice au minimum, un jour sur deux, est fortement recommandé.
FD : Quelle est l’importance de se déconnecter et de mettre son cerveau au repos dans la journée ?
PML : C’est très important car le cerveau ne peut pas faire deux choses à la fois : recevoir une information et la traiter pour comprendre. Si je suis tout le temps sollicité par des informations, je condamne mon cerveau à rester dans le savoir, mais pas à comprendre. C’est dans les phases de repos que le cerveau fonctionne le mieux : on trouve alors des solutions aux problèmes ; on devient plus créatif. Il ne faut pas avoir peur de ne pas être stimulé. Laissez vagabonder votre esprit !
Propos recueillis par Alicia COMET
Deux indispensables…
Pour bien fonctionner, notre cerveau nécessite deux éléments essentiels : le glucose et l’oxygène. Toutefois l’effort physique (la marche), qui permet une bonne oxygénation du corps, favorisera aussi celle du cerveau.
Source: Lire L’Article Complet